Ne pas changer �quivaut � ne prendre aucun risque. A ne pas lever, par exemple, l��tat d�urgence, jusqu�� l��limination du dernier terroriste encore au maquis. Autant dire� jamais ! Pourquoi ? Mais tout simplement parce que s�il ne s�agissait que d�assurer la s�curit� des citoyens, le probl�me ne se serait pas pos� en ces termes car, depuis quand s�inqui�te-t-on du bien-�tre des Alg�riens ? Veiller, par contre, � entretenir la p�rennit� du syst�me et lui permettre d�intervenir de la fa�on la plus ais�e, voire la plus syst�matique et la plus brutale qui soit, cela figure parmi les grandes pr�occupations de nos dirigeants. D�s qu�il s�av�re important, par exemple, de museler l�opposition d�mocratique ou de faire taire les voix discordantes qui s��l�vent contre la gestion, � l�� peu-pr�s, de la vie de tous les jours, des mesures sont prises sans d�lai. Il n�y a qu�� se r�f�rer � ce qu�il en a co�t� � notre confr�re Mohamed Benchicou pour comprendre jusqu�o� peut aller un r�gime qui n�assume ni ses tares ni ses d�rives. Ne serait-ce pas, d�ailleurs, dans cette optique que le pays s�est vu paralys� pour les besoins du r�f�rendum ? Ce n�est pas fortuit si Ouyahia, le plus z�l� des serviteurs du r�gime, confond, avec un sans-g�ne horripilant et sans que cela agresse particuli�rement sa conscience, �stabilit� des institutions� et �maintien de ces derni�res en l��tat�, c�est-�-dire, dans cette esp�ce de l�thargie qui comble d�aise toute la hi�rarchie politique ou militaire aux commandes. Voil� comment on occupe son temps en haut lieu : veiller jalousement sur ses privil�ges et casser de l�opposition plut�t que de s�int�resser � r�gler la multitude de probl�mes qui minent le pays mais dont personne ne se soucie vraiment. Alors que la mis�re ronge le c�ur de la cit�, la r�vision constitutionnelle � laquelle appelle le FLN s�empare � point nomm� d�esprits qui se voudraient plus �clair�s mais aussi plus avis�s que d�autres. Celle-ci figure d�j� au centre des d�bats de l�entourage pr�sidentiel. Gageons que cette f�brilit� ne tardera pas � s��tendre � l�ensemble des services de l��tat. Il fallait s�y attendre puisque la derni�re campagne pour �la paix et la r�conciliation� �tait � peine entam�e que l�on anticipait d�j� sur une troisi�me investiture du pr�sident de la R�publique et pourquoi pas sur un mandat � vie pourtant encore lointains. A ce propos, une fois n��tant pas coutume, le RCD pointe du doigt les services sp�ciaux du DRS, les accusant ouvertement d�engager le pays dans une impasse dangereuse, de manipuler les institutions et de casser toute vell�it� �trang�re au cercle des adoub�s. Ouyahia qui, entre le temps o� il se proclamait �radicateur et celui pr�sent o� il nie l�avoir jamais �t�, a eu toute la latitude de s�entra�ner � la riposte. Il tente, � l�occasion d�une conf�rence de presse, de persuader publiquement ses ennemis que l��jecter ne sera pas une mince affaire. Quant aux efforts qui leur seront n�cessaires �pour trouver des sujets de grandes divergences entre les trois partis de l�alliance�, les m�mes ennemis auxquels il fait r�f�rence devront se lever t�t, essaie-t-il de convaincre, pour les voir aboutir. Et au chef du gouvernement d�ironiser sur l�incapacit� d�autres groupes de discuter ensemble �une semaine� alors que les diff�rends dont il rejette l�existence cr�vent les yeux ! L�une des grandes sp�cialit�s du Premier ministre de Bouteflika, qui ignore en r�alit� s�il sera maintenu � son poste jusqu�� f�vrier prochain, date � laquelle il est cens� rendre compte de sa bonne gouvernance, c�est celle de diaboliser les autres pour mieux se faire valoir comme l�unique alli� auquel le chef de l��tat aurait tout int�r�t � s�accrocher. Et pour un Ouyahia qui d�teste se voir contrarier par les �cercles malsains� qui entretiennent les rumeurs sur son probable d�part, la stabilit� passerait forc�ment par le nonchangement. Ahmed Ouyahia para�t on ne peut plus s�rieux lorsqu�il d�clare que, jusqu�� ce jour, les gens de l�alliance fonctionnent en bonne intelligence au sein des institutions. L� o� il affiche, par contre, son penchant pour Machiavel, c�est lorsqu�il parle de �bonne harmonie� au sein de cette m�me alliance. Il faudra, cependant, reconna�tre que toutes les contradictions qu�il encha�ne et qui ne surprennent m�me plus personne y compris dans son �quipe, ne l�effraient pas le moins du monde. Et puisqu�il faut beaucoup d�aplomb pour oser renvoyer aux autres cette fausse image d�homme fid�le � des principes, il n�aura aucun scrupule � d�noncer de fantomatiques groupes d�int�r�t qui seraient d�rang�s par cette lune de miel, ce bonheur extr�me dans lesquels baignerait le pouvoir dans son ensemble. On aurait pourtant jur� que les cercles d�int�r�t hostiles � la stabilit� du pays �taient, au contraire, tapis au c�ur du syst�me. Par cons�quent, qu�y aurait-il d��tonnant � ce que cette alliance dont on se pr�vaut et qui se dit align�e derri�re l�homme fort du r�gime ne fasse preuve d�aucune initiative et ne soit l� que pour satisfaire les ordres d�El Mouradia ? Cette union sans anicroches devient, pourtant, suspecte quand le secr�taire g�n�ral du RND d�clame que, n�en d�plaise aux envieux qui convoiteraient son poste, il sera encore l� en f�vrier prochain. Dans tous les cas de figure et connaissant la m�fiance quasi pathologique du chef de l�Etat � l�encontre des hommes qui l�entourent, on serait tent� de faire remarquer � Ouyahia qu�il a, encore une fois, rat� l�occasion de ne pas s�emm�ler les pinceaux en un laps de temps si court. Eh oui, cela se passe ainsi au pays o� l�on d�clare, par exemple, que la garantie de la transparence des �lections n�est pas du ressort des partis politiques, parce que sinon ce serait tr�s grave puisque l�Administration est cens�e �tre neutre. Qui oserait contredire le fait que l�Administration applique toutes les directives sans sourciller de m�me qu�elle ex�cute tout ce qu�on lui ordonne ? Et c�est bien de cela qu�il s�agit. C�est bien cela que d�noncent le RCD et le MDS qui remettent totalement en question le d�roulement des scrutins pr�c�dents et � venir, en Kabylie notamment. N�est-ce pas la raison majeure pour laquelle le RCD poursuit en justice le minist�re de l�Int�rieur qui frauderait avant l�heure et ferait entre autres dans la discrimination entre les partis au pouvoir et ceux de l�opposition ? Et on a le toupet de s�enorgueillir en haut lieu de la neutralit� de l�Administration ! Elle est belle et r�confortante son illustration !