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LETTRE DE PROVINCE
Entre la mystique des A�ssaoua et les vieilles pierres Par Boubakeur Hamidechi
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 10 - 2005

Il arrive parfois que les missions de deux minist�res se croisent ou se chevauchent et qu�il est alors n�cessaire de proc�der � des arbitrages. Les chefferies existent d�ailleurs � cet effet, entre autres, celui de clarifier les domaines de comp�tences. Or, r�cemment, cela ne fut pas le cas au sujet de la pr��minence, folklorique il est vrai, des tutelles sur l�activit� des zaou�as et autres sectes soufies.
Et c�est ainsi que Constantine a d�couvert que notre �th�r�e ministre de la culture appr�ciait non seulement toute la mystique que celles-l� v�hiculaient, mais qu�elle �tait toute dispos�e � tenir le r�le de pr�tresse d�un soir de la � Tariqa� des A�sssaoua, dont c��tait le 3�me jamboree national au cours de ce Ramadhan. Il est quand m�me curieux que l�on n�ait pas song� �avant elle� � agr�ger le �dikr� religieux, cette psalmodie de la glorification, � notre profane art musical. D�ici � ce que les r�citants du Coran soient assimil�s � des vocalisateurs du bel canto et r�compens�s en tant que tels par ce minist�re des arts, il n�y a que quelques confusions des genres � entretenir pour rendre possible le d�tournement. Alors le minist�re de la pr�dication que dirige son coll�gue, le muphti politique, devra se contenter uniquement du contenu des pr�chi-pr�cha de minbars et du financement des futurs minarets. Ainsi donc, la culture officielle dans sa d�solante vacuit� s�est d�couvert de nouveaux territoires d��panouissement artistique. En cons�quence, la voil� en train d�explorer les pratiques mystiques avec leurs transes et leurs m�lop�es qu�elle s�efforce de designer sous l�intitul� de �musiques et chants sacr�s�, alors qu�il en est autre chose de ce monde d�initi�s plut�t rattach� � sa matrice religieuse. Mais les raccourcis intellectuels sont commodes pour d�douaner d�aussi vaniteuses initiatives para-culturelles d�o�, ni l�art ni la religion sortent indemnes. Gr�ce au z�le de ces promoteurs sans �exclusive� de tous les arts, le nivellement op�re par les amalgames. Ainsi le dodelinement des meddahs, le tournis des derviches ou l�hyst�rie du vaudou local, c'est-�-dire tous les d�jantements de la danse de Saint Guy, valent le m�me pesant d�art que les professionnels du ballet de Bordj El Kiffan ! M�me si madame la ministre affiche une parfaite communion avec cette profusion de sonorit�s de bendir et cette atmosph�re lourdement charg�e d�encens ; que ne lui a-t-on pas rappel� que l�art sacr� dont elle fait un si grand cas, se d�cline ailleurs que dans les �hadra� et les �khardja� de Sidi Rached ? Vieux centre de rayonnement religieux, le Constantine de jadis a laiss� en legs un immense patrimoine de vieilles pierres que sont ses anciennes mosqu�es et dont certaines sont multis�culaires. Les restaurer pour en conserver quelques traces de cette m�moire citadine est justement une des missions de son minist�re, que nul censeur des Habous n�osera contester l�utilit� publique. C�est de cet art sacr� dont il fallait s�occuper en priorit� et non de ce c�r�monial incantatoire. Celui-l� est solidement inscrit dans l�architecture et l�urbanisme de la cit� et ne contredit nullement la cr�ativit� profane de nos artistes. Il leur fournirait plut�t le bon levain pour r�inventer une culture nationale. Lieux de culte d�un islam paisible, quand la spiritualit� collective marchait d�un m�me pas avec la tol�rance, ils incarn�rent longtemps les derni�res citadelles d�une identit� agress�e. C��tait � cette d�couverte qu�il fallait convier la ministre et dans ce voyage initiatique d�un autre genre qu�il fallait la guider. H�las, les fonctionnaires de province, trop prompts � confondre le clinquant festif avec la n�cessit� de bien informer et de convaincre, ont eux-m�mes peur de l�aust�rit� de ces lieux en ruines et du silence s�pulcral de ces pierres perdues, pour les montrer et plaider leurs causes. Que faire, par cons�quent, devant tant de faux-semblants artistiques et contre les inf�mes escamotages de ces mauvais huissiers du patrimoine culturel ? Rien, si ce n�est donner quelques rep�res historiques de cet art sacr� profond�ment inscrit dans la pierre avant tout� S�il l�on admet que la ferveur religieuse se mesure entre autres au nombre de minarets �rig�s, alors Constantine occuperait une place privil�gi�e. Qualifi�e dans les chroniques d�il y a deux si�cles de �ville aux cent mosqu�es�, son nom est, depuis, rest� associ� � un certain rigorisme religieux. Souvent abusivement. M�me si l�on fait abstraction de l��tat actuel de pratiques religieuses, identiques un peu partout avec ses h�r�sies et ses tartufes, il reste que par le pass� Constantine avait connu un �panouissement tr�s grand de la diffusion de celle-ci. Il suffit pour cela de faire le recensement de g�n�ration en g�n�ration des grands b�tisseurs de mosqu�es. A la gloire de Dieu pour leur post�rit� personnelle, les beys de la cit� se sont, chacun � sa fa�on, illustr�s durant leur r�gne en parrainant un ouvrage. Plusieurs de ces mosqu�es ; aujourd�hui disparues, portaient la marque d�un go�t artistique s�r, affirment les m�morialistes. Leur disparition fut essentiellement le fait de la barbarie des Fran�ais qui saccag�rent les lieux de culte avec souvent l�onction de l�Eglise. Il est vrai que la conqu�te coloniale ne fut pas seulement l�apanage des soudards. Plac�e sous le signe du �sabre et du goupillon�, elle s�inscrivait dans l�esprit des croisades avec son cort�ge de profanations. Constantine et ses mosqu�es subirent tous les outrages de cette intol�rance. Et, si une infime partie du patrimoine cultuel en r�chappa, cela ne fut d� qu�� la r�sistance des populations locales exc�d�es. De dj�maa el Kebir � la mosqu�e de Souq El Ghezal en passant par Sidi Abderahmane El Qaraoui, la ville garde de cet �ge d�or quelques �difices pour t�moigner de l�art musulman dans la r�gion. Mais ce patrimoine se trouve aujourd�hui en piteux �tat, subissant r�guli�rement des �outrances� architecturales sugg�r�es par des gestionnaires des habous remarquables surtout par leur ignorance crasse. Cependant, � c�t� de ces mosqu�es patin�es ayant surv�cu au temps, combien d�autres ontelles d�finitivement �t� ras�es ? Constantine � la veille de la colonisation en comptait des dizaines. Au hasard de la lecture des archives, nous avons retrouv� les traces de leur implantation. La �carte du culte� de la cit� ayant �t� profond�ment modifi�e sous l�incessante pression des urbanistes europ�ens, il ne restait qu�� imaginer� ... Constantine, deuxi�me ville du pays en 1830 et capitale d�une province non encore soumise, sera d�s 1837, date de son occupation, �rig�e en place forte. Les remparts seront renforc�s et pourvus d�un chemin de ronde et toutes les constructions de la Casbah seront enti�rement d�molies pour faire place � une forteresse comprenant des casernes d�infanteries et d�artillerie ainsi que la prison militaire. Certaines demeures spacieuses telles Dar Ben Baba (actuellement Hammam Bencharif) et Dar Boubaaya encore existantes � ce jour seront r�quisitionn�es et serviront de casernement aux zouaves. Dans une r�gion hostile o� l�insurrection faisait partie du quotidien, les colonisateurs ne purent, pour s�installer, construire la ville coloniale en dehors des remparts � l�instar de beaucoup de villes du Maghreb. Et pour des raisons �videntes de s�curit�, ils d�cid�rent de l��difier � l�int�rieur m�me des murs. D�s 1837, ils d�cid�rent la d�molition totale de la moiti� de la ville, c�est-�- dire tous les quartiers de la partie haute (la Casbah et Tabia) pour la construction de la ville europ�enne. Seuls le palais du bey Ahmed, qui servira de r�sidence au g�n�ral de division, et la mosqu�e Hassan Bey, reconvertie en cath�drale �chapperont � cette �conversion�. Tout le tissu urbain (maisons, r�sidences, administrations) dispara�tra et m�me les zaou�as et mosqu�es par dizaines ne seront pas �pargn�es. C�est ainsi que l�on peut citer de nombreux lieux de culte qui ont disparu � jamais et dont quelques-uns font encore partie de vagues r�miniscences des vieux Constantinois. Un peu plus d�un quart de si�cle plus tard, vers les ann�es 1860 � 1870, la colonie europ�enne, devenue plus importante et toujours cantonn�e � l�int�rieur des murs de la ville, se mit en qu�te de nouveaux espaces. Elle proc�dera alors � une deuxi�me s�rie de d�molitions ; dont la plus importante sera le percement de la rue qui porte aujourd�hui le nom de Ben M�hidi. Cela portera un rude coup au Vieux Constantinois. Cette voie, la plus importante de la vieille ville, partant de Bab El Oued pour rejoindre Bab El Kantara, coupant la grande mosqu�e (Djama� El Kebir dont il a fallu refaire la fa�ade) et traversant la ville de part en part, n�cessitera la d�molition du quart de la cit� et la population autochtone sera encore une fois refoul�e vers ce qui reste ainsi de la vieille ville. D�autres quartiers, d�autres maisons, d�autres rues et d�autres mosqu�es et zaou�as dispara�tront � tout jamais. C�est ainsi que Sidi Abdelhadi (� l�entr�e de l�ex-rue Nationale). Sidi El Khezri (pr�s de la porte d�El Kantara) et Sidi Hidane (pr�s d�Ech- Chatt) laisseront la place � des b�timents europ�ens. Ernest Mercier, un ethnologue local, poussera le cynisme jusqu�� �crire que des �h�tels � trois �toiles ont remplac� les mosqu�es d�labr�es �. Ainsi, la d�molition des dizaines de mosqu�es n��tait pas �purement mercantile� mais s�inscrivait dans une strat�gie d�acculturation et de d�racinement de la population. D�autres mosqu�es situ�es en dehors des quartiers d�molis n�ont pas �chapp�, elles aussi, � la destruction. Il en fut ainsi de Djama� Rahbet Es Souf o� l�on �tudiait le droit et la th�ologie, d�molie pour �tre reconvertie en h�pital civil puis en couvent de religieuses. Sidi M�Hamed El Djeliss sera transform�e en �cole primaire (ex-�cole Jules Ferry), ainsi que Djama� El Djouza (ex-�cole Condorcet) et Sidi Chegfa (ex- �cole Arago). Sidi Remah et Sidi Saffar seront transform�es en �coles de filles. Sidi Sebaini et Sidi Ali El Quafci subiront le m�me sort. Sidi Yasmine fera place au service m�dico-social et zaouiet Sidi Tlem�ani servira de couvent aux s�urs du �Bon Secours�. Pr�s de la moiti� des lieux de culte ont disparu � tout jamais en un laps de temps tr�s court. Mais plus d�une cinquantaine ont surv�cu jusqu'� nos jours. Or l��tat dans lequel ils se trouvent pose avec acuit� la gestion du patrimoine et sa pr�servation. Autrement dit, les
pouvoirs publics locaux sont-ils en mesure de les sauvegarder et les entretenir ? Il semblerait que la r�ponse soit non. Un exemple ? Un incendie avait ravag� un p�t� de maisons au mois d�ao�t 1984. Quelque temps apr�s, les services techniques de l�APC vinrent d�molir les carcasses des maisons br�l�es sauf que dans leur z�le ils ont emport� le mausol�e de Sidi Brahim Ben Ma�za situ� � quelques m�tres du lieu du sinistre. Hier, cela se passait de tout commentaire amer et aujourd�hui encore, l�on se d�sole de moins en moins de la d�mission de la puissance publique. Pour Constantine, la messe �tait dite il y a de cela bien des lustres et Sidi Rached, son saint patron, n�y pourra plus rien pour elle d�sormais.
B. H.(1) Sur le sujet, citons le remarquable travail r�alis� par Mohamed Bensegueni intitul� La barbarie des francs et dont nous nous sommes inspir�s.


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