La Coalition contre la traite des femmes (CATW)* anime, depuis le 25 janvier dernier, une campagne internationale soutenue sous le mot d'ordre �Acheter du sexe n'est pas un sport� pour protester contre la promotion publique de la prostitution durant la Coupe du monde de football qu'abriteront 12 villes allemandes du 9 juin au 9 juillet prochain. La p�tition a d�j� recueilli plus de 10 000 personnes individuelles et organisations � travers le monde et continue � faire boule de neige. Trois millions de supporters, majoritairement des hommes, sont attendus en Allemagne pour la Coupe du monde de football et 40 000 femmes y seront �import�es� d'Europe centrale et orientale pour les servir sexuellement en toute l�galit� puisque le pays a l�galis� le prox�n�tisme et l'industrie du sexe en 2002. En pr�vision du �boom�, l'industrie du sexe allemande inaugurera, � deux pas du principal stade de la Coupe du monde � Berlin, un immense complexe �prostitutionnel�, une m�gamaison close de 3000 m, pouvant accueillir 650 clients masculins. Cette r�alisation regroupe, sur un terrain de la taille d'un stade de football, des �cabanes du sexe� ressemblant � des toilettes appel�es �cabines de prestation�. Pr�servatifs, douches et parkings sont mis � la disposition des clients avec une attention particuli�re pour leur �anonymat�. La Coalition contre la traite des femmes demande aux 32 pays participant � la Coupe du monde de football de s'opposer � la promotion de la prostitution par l'Allemagne et de publiquement dissocier leur �quipe de l'industrie de la prostitution ; elle demande instamment au comit� FIFA et � son pr�sident, J. S. Blatter, de s'opposer au lien entre football et commerce du sexe ; elle appelle le gouvernement allemand et sa chanceli�re, Angela Merkel, � arr�ter la traite des femmes pour la prostitution et � d�courager la demande qui favorise la prostitution. Derri�re le terme banalis� d' �entrepreneurs du sexe� en Allemagne qui se targuent d'organiser des espaces de plaisir hygi�niques et s�curis�s, se cachent les trafiquants, les souteneurs et d'�normes profits. �La prostitution n'est pas un jeu, c'est en fait le plus vieux crime de l'histoire, et une violation des droits humains des femmes�, soutiennent les associations f�ministes. Le 8 mars dernier, le commissaire europ�en � la Justice, Franco Frattini, avait sugg�r� de r�tablir temporairement l'obligation de visa pour certains pays pendant la p�riode de la Coupe du monde, mais il para�t difficilement imaginable que l'UE aille jusque-l�, m�me pour une dur�e limit�e � 45 jours. L'Allemagne tol�rera-t-elle pour les femmes des autres ce qu'elle refuse cat�goriquement aux siennes ? Avec une femme comme chanceli�re, le pays n'en est pas � son premier �record� en mati�re de promotion de la condition du sexe faible. Une autre femme d�fraie la chronique en ce moment : Astrid Hastreiter. Son m�rite : fonder le premier institut financier d�di� aux femmes en Allemagne sous la simple, mais n�anmoins explicite, d�nomination de �la Banque des femmes�. Astrid Hastreiter est partie du constat av�r� qu'en mati�re d'argent, si les hommes aiment jouer, les femmes privil�gient la prudence. Elle compte ainsi tordre le cou au clich� de la femme dilapidant l'argent du m�nage dans les boutiques. Bien au contraire, soutient-elle, en mati�re de finances, les femmes privil�gient la s�curit� et ont besoin de ce fait de conseils personnalis�s. �A la diff�rence de beaucoup d'hommes, il ne s'agit pas pour elles de chercher le rendement maximal mais le plus raisonnable�, explique-t-elle. Elle se r�f�re ici � une �tude de l'Universit� de Californie portant sur 35 000 placements r�alis�s par des hommes et des femmes. En moyenne, les int�r�ts touch�s par les femmes �taient 1,4 fois sup�rieurs � ceux des hommes parce qu'elles avaient choisi des placements s�rs. Certes, Astrid Hastreiter, qui s'est d�j� assur�e du nom de domaine �frauenbank.de� sur Internet, est encore loin d'avoir ramass� suffisamment d'argent pour d�crocher une licence bancaire. Il lui faut encore r�unir 5 millions d'euros pour obtenir le pr�cieux s�same et avoir � peu pr�s autant de r�serves. Cependant, tout indique qu'elle y parviendra : depuis novembre 2004, elle dirige � Munich la �Soci�t� de gestion d'actifs des femmes�, premi�re �tape vers la constitution de la banque et ne compte pas s'arr�ter en si bon chemin. Sa soci�t� compte �galement quelque 300 clientes � Berlin o� de 1910 � 1916, au temps des cerises et de Rosa Luxembourg, fut tent�e la premi�re exp�rience de banque des femmes. Au-del� du traitement discriminatoire que r�serve l'Allemagne aux femmes issues des autres pays membres de l'Union, c'est le statut g�n�ral des nouveaux membres issus de l'ancien bloc sovi�tique qui se profile en filigrane. Il leur est ainsi plus facile de pourvoir les maisons closes de l'Union que d'acc�der � la monnaie unique ou � des emplois plus dignes. Il y a, sur ce plan, un immense r�servoir de pr�jug�s � vidanger, confort� par le contraste entre la facilit� qu'ont les prostitu�es de l'Est � circuler et � s'�tablir � l'Ouest, d'une part, et les restrictions � l'emploi, d'autre part. En d�pit de ses bons r�sultats �conomiques, aussi rapides que spectaculaires (faibles d�ficit et endettement, ma�trise de l'inflation, stabilit� mon�taire, faibles taux d'int�r�t � long terme) qui la rendent largement �ligible aux crit�res de qualification pour la monnaie unique, la Slov�nie n'est pas assur�e de rejoindre les douze pays de l'euro au 1er janvier 2007 comme elle le souhaite. Deux des dix nouveaux Etats de l'Est, l'Estonie et la Lituanie, aspirent aussi � adopter la monnaie unique d�s l'ann�e prochaine, mais ne sont �galement pas assur�s de pouvoir le faire en raison de performances �conomiques moins convaincantes. Leur monnaie est pourtant arrim�e � l'euro depuis juin 2004, en vertu du M�canisme de change europ�en bis, une sorte d'antichambre ou de transition vers l'Union mon�taire pour une p�riode minimale de deux ans. A d�faut d'acc�der � la monnaie unique, les nouveaux membres de l'Est patienteront encore un peu en qualit� �d'arm�e de r�serve du sexe� tant leurs femmes sont, par ailleurs, de loin pr�f�r�es � leurs ouvriers. Si l'Espagne fait exception � cet �ostracisme europ�en� en autorisant la libre circulation sans permis de travail d�livr� au pr�alable des travailleurs des pays de l'Est entr�s dans l'UE en 2004, � partir du 1er mai prochain, � l'instar du Royaume-Uni, l'Irlande et la Su�de (et bient�t le Portugal et la Finlande), la France � m�me vieillissante � en est encore � r�unir des comit�s interminist�riels sur la question. Les plus sceptiques diront que l'Espagne est d'autant plus int�ress�e par ces nouveaux migrants que les salaires n'y sont pas astronomiques (dans l'h�tellerie ou le travail domestique, notamment) et que ses chantiers et ses exploitations agricoles ressentent un besoin pressent de main-d'�uvre. Les douze �vieux� Etats de l'Union qui ont �rig� pour deux ans des barri�res limitant l'acc�s des travailleurs de l'Est � leur march� du travail par l'obligation d'obtention de permis de travail et les quotas, doivent d�cider, avant le 30 avril, des suites � donner aux attentes des nouveaux membres : lever ces restrictions, les assouplir ou les maintenir en l'�tat pendant encore trois ans, sans pour autant se permettre de remettre ind�finiment � plus tard l'�ch�ance d'ouverture puisqu'ils sont tenus par la date limite de 2011. Pour l'instant, la Belgique, l'Allemagne et l'Autriche jouent le statu quo, en raison de leur caract�re frontalier avec les nouveaux membres qui les expose plus que les autres � l'afflux des migrants. Jacques Chirac semble, lui aussi, avoir balis� la position fran�aise en rappelant �les contraintes que la situation de l'emploi fait peser sur la France�. On se rassurera � l'id�e militante que les syndicats fran�ais les plus repr�sentatifs sont partisans d'une lev�e imm�diate pour juguler le travail au noir et son corollaire, la concurrence salariale d�loyale. Pour consulter ou signer la p�tition : http://catwepetition.ouvaton.org