Elle s�appelait en v�rit� Fatima Ibrahim al Sayyid El Beltagui. Elle na�t en mai 1904 dans un petit village �gyptien et d�c�de en f�vrier 1973 au Caire. Qui pourrait ignorer cette chanteuse passionn�e dont les doigts torturent un foulard tout au long de ses chansons dont la plus courte dure une demi-heure. Oum Kalthoum, la Callas du monde arabe, se r�v�la comme une voix exceptionnelle d�s l��ge de dix ans, � telle enseigne que son p�re l�int�gra � une petite troupe religieuse de r�citants du Coran qu�il dirigeait. Elle accompagnait son fr�re qu�elle dut remplacer un jour qu�il fut malade. C�est ainsi qu�elle �mergea. A seize ans, deux c�l�bres artistes la remarquent : le chanteur Cheikh Abou El Ala Mohamed et le joueur de luth Zakaria Ahmed qui sera un de ses plus grands compositeurs. Dans son parcours, elle eut le privil�ge de croiser le po�te Ahmed Rami, f�ru de litt�rature fran�aise, et pour laquelle il �crira pr�s de deux cents chansons. Mohamed el Qasabdji, virtuose du luth, l�introduira, quant � lui, au Palais du th��tre arabe pour ses premiers pas d�actrice. En 1948, elle est re�ue par Gamal Abdel Nasser et depuis il est dit que l�Egypte c�est Nasser, Oum Kaltoum et les Pyramides. Elle se produisit � l�Olympia en 1967 et fut f�licit�e par le g�n�ral de Gaulle. Ses ennuis de sant� ont commenc� � l�issue de ce concert. Courageusement, elle monte sur les planches du Palais du Nil pour la derni�re fois en 1972 et s��teint en f�vrier 1975 terrass�e par la maladie. Plus de cinq millions de personnes l�accompagneront � sa derni�re demeure. En �coutant la diva, d�aucuns penseraient qu�elle ressasse les vers pour �taler la chanson sur plus d�une heure. En v�rit�, c�est le d�ploiement de sa voix � travers une succession de variations m�lodieuses qui fait toute la force d�Oum Kalthoum. Les mots sont � peine effleur�s, parfois des sanglots s�insinuent dans le chant, des �treintes se devinent � la chute de certains vers. Bref, Oum Kalthoum chantait avec �motion qui jaillissait du foulard qu�elle triturait selon les vibrations que lui imposaient les belles paroles de ses pi�ces musicales. Elle chanta l�honneur arabe, la grandeur de l�Islam et toute la palette des sentiments d�amour. En puisant dans son r�pertoire empli de plus de trois cents chansons, j�ai voulu traduire Aghadan Al�kaq et la partager avec vous. C�est une chanson �crite par El Hadi Adam, un po�te d�origine soudanaise et qui fait r�f�rence dans la po�sie arabe contemporaine. Quelques-uns de ses po�mes ont �t� traduits en anglais et �tudi�s en Europe. El Hadi Adam est n� en 1927 et vient de nous quitter en 2006. C�est � l�occasion de sa visite au Soudan en 1968 qu�il offrit une dizaine de po�mes � Oum Kalthoum. Elle en choisit un pour ne le chanter qu�en 1971 apr�s la mort de Gamal Abdel Nasser. Mohamed Abdelwahab, qui en composa la musique, a eu des d�m�l�s avec la diva m�me quand il �tait au sommet de la gloire. En effet, Oum Kalthoum ne lui reconnaissait aucun talent. Ce n�est que gr�ce � Gamal Abdel Nasser que ces deux g�ants de la chanson arabe ont pu se r�concilier pour laisser une �uvre sublime qu�on conna�t. Aghadan al�kaq Aghadan al�kaq ya khaoufa foua�di min ghadi Ya la chaw�ki oua a�htira�ki fin intidhar el maoui�di Ah kam akhcha ghadi hadha oua ardjouhou i�ktiraba Kountou astadhnihi lakin hibtouhou lamma ahaba Oua ahallat far�hatou el �kourbi bihi �hina istadjaba Hakadha a�htamilou el �umra nai�man oua a�dhaba Mouhdjatan �harra oua �kalban messahou ecchaou�kou fa dhaba Aghadan al�kaqa ? Te rencontrerais-je demain ? Comme la peur de ce lendemain a envahi mes entrailles Combien je le languissais et br�lait dans l�attente de ce lendemain � combien me fait peur ce lendemain alors que je souhaite son approche Je l�invitais mais j�en ai eu peur quand il approcha Et la joie du c�ur allait l�accueillir quand il r�pondit (� mon invitation) Ainsi je coule ma vie entre f�licit� et souffrances L��me br�lante et le c�ur qui se dissout, atteint par le d�sir ardent Anta ya djannata �houbbi oua achtya�ki oua djounouni Anta ya quiblata rou�hi oua antila�ki oua choudjouni Aghadan touchri�kou adhouaouka fi la�li �ouyouni Ah min fer�hati ahlami oua min khaoufi dhounouni Kam ounadika oua fi la�hni �haninoun oua doua� Ya radjai� ana kam a�dhabani toulou erradjai� Anta laou la anta a�hfil bi men ra�ha ou adja Ana a�hya ba�da achoua�ki bi a�hlam elli�ka Faati aou la taati ouafa�l bi �kalbi ma tachaa Aghadan al�kaka � toi, paradis de mon amour, de mes d�sirs et de mes folies � point de mire de mon �me, mon envol et mes chagrins Demain se l�veront tes lumi�res dans la nuit de mes yeux � combien est grande la joie de mes r�ves et la crainte de mes fantasmes (leurres) Combien de fois t�ai-je appel� et dans mon c�ur tendresse et souhaits (pri�res) O comme j�ai souffert de ma longue attente � toi et si ce n��tait toi avec qui �claterait ma joie parmi ce qui va et vient Je renais apr�s l�ardent d�sir dans le r�ve de la rencontre Que tu viennes ou pas tu feras de mon c�ur ce que tu voudras Hadhihi eddounia kitaboun enta fihi el fikrou Hadhidi eddounia ouisaloun enta fihi el �oumrou Adhihi eddounia �ouyounoun anta fiha el basarou Adhihi eddounia samaoun enta fiha el �kamarou Far�ham el �kalb elladhi ahfou ilayk Faghadan tamlikouhou bayna yadayk Oua ghadan taatalifou el djennatou anhahar oua dhilla Oua ghadan nansa oula naasa �la madhin taouella Oua ghadan nesmou fala na�rifou lil ghaibi ma�halla Oua ghadan lil �hadhiri ezzahiri na�hya layssa illa �kad yakounou el ghaibou �hilouan Innama el �hadhirou ahla Aghadan al�kaka Cette vie (la mienne) est un livre dont tu es la pens�e Cette vie est l�intimit� dont tu es l�existence Cette vie est yeux dont tu es la vue Cette vie est un ciel dont tu es la lune Aie piti� de ce c�ur qui vole vers toi Car demain tu le poss�deras dans tes mains Et demain mettra en harmonie ses fleuves et ses havres Et demain nous oublierons et ne n�gligerons pas le pass� qui viendra nous dominer Et demain nous planerons mais nous ne conna�trons rien de l�occulte Et demain pour le pr�sent qui fleurira nous rena�trons sans plus (inexorablement) Le pass� para�trait agr�able mais le pr�sent le serait davantage . Dr Rachid Messaoudi [email protected]