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LA VALL�E DU MZAB
�Chebka� nourrici�re ou nasse meurtri�re ? Par M�hand KASMI (*)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 11 - 2008

�� Seigneur! Envoie-nous un fort torrent d�eau qui remplisse tous les puits,
Fais-moi trouver un mari qui me prot�ge et Fais revenir mon p�re qui s�oublie un peu trop dans le nord.�
Pri�re d�une jeune fille mozabite devenue la maraboute de Ballouh.
Sisyphe mozabite
�Et je vis Sisyphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un �norme rocher avec ses deux mains. Et il s�effor�ait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu�au sommet d�une montagne. Et quand il �tait pr�s d�en atteindre le fa�te, alors la masse l�entra�nait, et l�immense rocher roulait jusqu�au bas. Et il recommen�ait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussi�re s��levait au-dessus de sa t�te.� C�est ainsi qu�Hom�re d�crit le supplice de Sisyphe, condamn� � faire rouler un �norme rocher jusqu�en haut d�une montagne, et encore et toujours, ind�finiment ! �Omar, nos a�eux nous ont l�gu� une pente. A nous de la gravir !� telle est l�explicite recommandation d�un cheikh de la Halqa des Azzaba (la haute autorit� religieuse ibadite) � un ami d�El-Atteuf, qui vient de me rappeler la troublante ressemblance entre le calvaire mythique de Sisyphe et le combat in�gal de ses anc�tres contre la nature. Jamais, en effet, destin de communaut� humaine, aussi peu g�t�e par l�Histoire, n�a �t� plus proche de l�absurde se d�gageant de ce mythe grec, remis au go�t du jour philosophique par Camus, au milieu du si�cle dernier. Ce cruel supplice, ce fut au d�but de ce mois d�octobre 2008, celui de nos fr�res mozabites, contraints de convertir dans une pr�cipitation cauchemardesque en ce matin d�une double f�te annonc�e (l�A�d el-Fitr et l�arriv�e des premi�res crues), les pri�res rogatoires (istiska) de la veille et celle de l�A�d du matin, en pri�res de l�absent !� Une fois de plus, une fois encore, le rocher leur glissait d�entre les mains� Son effet boomerang sur la vall�e fut tout simplement d�sastreux ! En tous points semblable � ceux qui l�ont pr�c�d� depuis la premi�re crue connue qui d�vasta la vall�e, en 1316 d�j� !
La nasse meurtri�re
Pour avoir cru � la haute et double symbolique de ce signe divin et en voulant faire vivre on live � ses enfants cette ni�me noce de la crue fertilisante de l�oued Zegrar avec la palmeraie assoiff�e de Guerrara, Billalou Brahim aura pay� une lourde note, se sera acquitt� d�une disproportionn�e dot. Il aura vu, impuissant, sombrer dans l�oued transform� en cataracte, l�un apr�s l�autre, trois de ses enfants, une fillette de douze ans et deux gar�ons dont l�un b�b� d�� peine un an et l�autre de seize. Son seul tort : avoir voulu � son corps d�fendant continuer � honorer la tradition mill�naire du lieu, qui veut que la premi�re crue d�automne soit accueillie avec baroud et all�gresse et, hasard porteur de bons augures cette ann�e, un jour d�A�d !...L�usage de la poudre pour fusil �tant encore drastiquement rationn� par l��tat d�urgence, notre infortun� Brahim se rabattit sur l�appareil photo de ses enfants, histoire de fixer pour la post�rit� ce moment b�ni de Dieu et des lieux. Mal lui en prit !� Son unique r�confort aujourd�hui : l�un de ses enfants psalmodiait � tue-t�te des versets du Coran, au moment d��tre englouti par �louahch� (le monstre), le nom de code qu�utilisent habituellement les habitants du Mzab pour d�signer la crue. Ce jour si attendu, les enfants innocents de Brahim Bilallou furent les victimes expiatoires d�une crue historique que les sp�cialistes d�signent par le bel euph�misme de �crue de retour centennale�, plus puissante semble-t-il que celle du 30 septembre 1901, la terrible co�ncidence ! Ce jour, d�sormais maudit, les enfants de la civilisation mill�naire de ces anachor�tes du Sahara que sont nos ibadites virent la nasse meurtri�re gorg�e d�eau de la chebka du Mzab se substituer une fois de plus au �filet� naturel protecteur, qui ouvrit un autre jour de l�ann�e 1012 ses vrais et faux bras � leurs anc�tres, pour les prot�ger des ravages d�autres crues, d�autres laves tout aussi peu cl�mentes, celles d�une histoire en fusion.
Comment en est-on arriv� l� ?
Questions sans r�ponse
Comment les Mozabites, qui ont mijot� dans le lit majeur de l�oued la recette qui �courta le drame de leur errance dans le d�sert, un syst�me hydraulique de dressage des humeurs de crues unique au monde, ont-ils pu se r�veiller ce jour de f�te compl�tement t�tanis�s et d�sarm�s face � l�avanc�e apocalyptique des eaux conjugu�es sur le mode majeur des oueds N�ssa, Labiod, Erguedane, La�diret et Nouiret, affluents proches et lointains de l�oued Mzab ? Comment cette vall�e, o� a fleuri �une architecture sans architectes� qui subjugua et inspira les plus grands b�tisseurs de beaut� du monde, �une agriculture sans agronomes� qui en fit une oasis o� les Mozabites os�rent dire �oui, l� o� la nature a dit non�, a-t-elle pu, si facilement, troquer sa part d�universalit� authentiquement alg�rienne, acquise dans l�adversit� de la nature et des hommes, contre un ni�me retour � la case d�part de son insularit� d�sertique premi�re, r�ductrice du rayonnement qu�elle a fini par acqu�rir ? Comment les descendants de Hamou Ould El-Hadj, l�habile concepteur du syst�me hydraulique de la Chebka, qui firent de la boue de crues, la levure de leur g�nie cr�ateur en utilisant la premi�re couche de ces coul�es pour fertiliser leur terre et la deuxi�me pour construire leurs maisons, ne viennent-ils pas au secours de nos gestionnaires de l�urgence, comme les droguistes mozabites de nos quartiers du nord r�ussissent miraculeusement � soulager nos mis�res domestiques quotidiennes ? Pourquoi, enfin, ne serait-ce pas de cette vall�e, qui d�tient une expertise unique de la gestion plusieurs fois s�culaire des crues, momentan�ment d�vastatrices ou durablement dompt�es, que na�trait l�ing�nieux dispositif d�alerte qui nous permettrait d��viter � l�avenir que chaque goutte d�eau bienfaitrice dont nous gratifierait le ciel de notre pays aride de visibilit�, n�aggrave davantage notre aveuglement � ne pas exorciser de mani�re moins improvis�e le mauvais sort qui nous est fait depuis au moins le s�isme d�El-Asnam de 1980 ? Avonsnous surtout conscience de la chance qu�a notre pays de disposer du privil�ge des grandes nations, � savoir l�infini bonheur d�avoir la taille et les richesses d�un pays-continent et la mal�diction consubstantielle � cette grandeur, d��tre soumis � dix risques naturels et industriels potentiels sur les douze r�pertori�s par l�ONU pour l�ensemble de la plan�te. Des calamit�s qui, en pays d�Islam et � force d��tre �mal-trait�es �, prennent l�allure fatale des dix plaies de l�Egypte, �don du Nil�, cet autre fleuve aux crues mythiques, �voqu�es par la tradition jud�o-chr�tienne� Dix risques majeurs, en fait, qui vont des s�ismes et risques g�ologiques aux catastrophes li�es aux regroupements humains importants, identifi�s avec pr�cision par l�article 10 d�une loi datant du 25 d�cembre 2004 portant �pr�vention des risques majeurs et la gestion des catastrophes dans le cadre du d�veloppement durable�, promulgu�e et non encore appliqu�e. Pourquoi ?
La �Chebka� nourrici�re
L�histoire r�cente des Mozabites, apparue voici pr�s de mille ans au sud de l�Atlas saharien, a �t� largement d�termin�e par les conditions g�ographiques si particuli�res, qui font de la vall�e de l�oued Mzab une immense oasis enfouie au fond du moins repoussant des bras maill�s de la Chebka (filet), refuge naturel des populations contraintes d�abandonner, de fuir les r�gions plus cl�mentes de leur premi�re capitale des Hauts-Plateaux, Tihert et ensuite Isssedraten, pr�s de Ouargla. L�aridit� de cette r�gion est telle qu�on a pu l�appeler �le d�sert dans le d�sert�. Le nom de Chebka, qui signifie filet, vient de ce que des montagnes et des ravins le coupent en tout sens. Son sol est absolument st�rile. C�est le pays de la d�solation, du relief tourment�, calcin�. Les rochers, d�une teinte brune, paraissent � certains endroits noircis par l�incendie permanent du ciel. Du c�t� hydrologique, la r�gion n�a pas plus de chance. �Il faut que les gens sachent que la r�gion du Mzab est une r�gion rocheuse. Le ruissellement est donc presque � 100 %. Chaque goutte qui tombe sera ruissel�e�, pr�cisait, apr�s les derni�res inondations, un �minent hydrologue au quotidien national El Watan. C�est dans ce canyon imperm�able � l�eau et � l�hospitalit�, sans ressources phr�atiques hydriques souterraines et pluviales, que la population, arm�e seulement de volont� et de courage, put s�y installer et y mener � bien un d�veloppement harmonieux, rationnel � hauteur humaine. Pour r�aliser ce miracle, les Mozabites con�urent avec soin et amour infinis un syst�me hydraulique unique au monde, bas� sur la technique de la recharge artificielle de la maigre couche de limons d�pos�e par les eaux de crue. Ce syst�me repose sur une nappe aliment�e par des petits ouvrages compos�s de barrages, de tr�mies, de peignes et de plaines d��pandage. Cet ing�nieux dispositif hydraulique, diff�rent de celui des foggaras en usage dans le Gourara notamment qui permet de recueillir par gravitation capillaire souterraine des nappes de l�albien, est impossible � mettre en place dans le Mzab, en raison de la g�omorphologie des lieux. Pour assurer la protection et la durabilit� de ce patrimoine hydraulique qui repr�sente le r�sultat du corps-�-corps �pique entre les Mozabites et �louahch�, ces derniers finirent par penser et articuler un dispositif d�alerte aux crues, qui limita pendant longtemps le f�roce app�tit de cet ogre.
Le syst�me d�alerte traditionnel des crues des affluents de l�oued Mzab
Le syst�me d�alerte traditionnel de surveillance de l�arriv�e de la crue dans le Mzab �tait jadis confi� par la communaut� � deux ou trois �experts� appel�s �oumana � (gens de confiance) qui avaient une parfaite connaissance �horizontale� des affaires de la vall�e : constructions, jardins, oueds, canaux de d�viation, �cluses, barrages. D�s que la �cellule de crise� permanente constitu�e par ces experts recevait l�information qu�une pluie forte s�annon�ait du c�t� amont de l�oued Mzab, ces derniers harnachaient leurs b�tes et se munissaient de pioches et de lanternes en prenant soin d�emporter quelques dattes dans le cas o� la nuit les surprendrait dehors. Ils allaient ensuite attendre l�arriv�e du torrent au lieudit Imlagat�ne (les confluents en berb�re) l� o� l�oued La�dira et Mzab font jonction. Quand le torrent est faible, des conduites souterraines le font d�verser dans le canal-barrage de Bouchemdjane. Sur le bord de ce canal, une grosse pierre noire se trouve encastr�e dans la ma�onnerie. Quand l�eau de l�oued en remontant atteint cette pierre, c�est le signe que le canal de Bouchemdjane est plein. Si l�oued Mzab, gonfl� par la crue, d�borde, il continue sa course et descend vers la cit�. Quand cela arrivait, nos experts se mettaient � tirer des coups de fusil pour avertir les gens de fuir loin du passage de l�oued et de faire fuir �galement leurs animaux des palmeraies. S�ils croisent eux-m�mes une ch�vre ou un chien attach�s dans un jardin, ils les lib�rent. De tous c�t�s, on entend ce cri : �Fuyez ! Fuyez ! L�oued arrive trop fort !� Tout le monde alors exprime sa joie. Les gens puisent � pleines mains l�eau du torrent et en boivent. Ils font des distributions charitables de denr�es, en louant Dieu, car �la venue du torrent est une b�n�diction�.
Bms et� sms
Au lendemain de chaque cataclysme naturel secouant et soumettant � rude �preuve les fragiles �quilibres �cologiques sur lesquels nous tanguons ind�finiment ces derni�res ann�es, nous assistons � une f�brile activit� sismique institutionnelle, qui s��vanouit et s�estompe malheureusement, d�s que les projecteurs de l�actualit� d�placent leurs faisceaux lumineux vers d�autres centres d�int�r�t. Le s�isme d�Orl�ansville du 9 septembre 1954 permit � cette derni�re de se donner l�illusion de reconstruire selon des normes antisismiques. Le 10 octobre 1980 et malgr� le changement du nom de la ville jug� par trop mal�fique et impudique par les pouvoirs publics, Chlef prit le relais d�El-Asnam et d�Orl�ansville� Changement de nom, pas d�habitudes et de m�thodes. Malgr� le dernier avertissement du chef du gouvernement �de GuelmaOran, nous sommes (assis) sur une bombe�, on continuera � aligner en toute impunit� sur les failles actives de la vall�e de Chlef, de Zemmouri et d�ailleurs des constructions non-conformes et au r�glement parasismique alg�rien et aux r�gles de l�acte de b�tir, tout court ! Depuis les inondations catastrophiques de Bab-El-Oued, les Alg�riens ont appris � croire � leur m�t�o, � se figer devant leur �cran de t�l�vision en entendant le mot BMS pour dire bulletin m�t�o sp�cial et � prendre leurs dispositions pour le lendemain, dans le cas o� ce m�me bulletin concernerait leur ville ou leur r�gion. Combien de responsables d�institutions et organismes dont l�activit� est directement li�e �� la protection des biens et des personnes � peuvent se vanter en 2008 d�accorder l�importance et l�int�r�t que requi�rent ces instruments irrempla�ables d�alerte de plus en plus fiables, car adoss�s � des acquisitions scientifiques et techniques aussi �prouv�es que les satellites ? Ils sont peu nombreux en v�rit�, surtout quand ces bulletins arrivent la veille d�un week-end comme cela fut le cas de Bab-El-Oued en 2001 ou la veille de jours f�ri�s comme � Gharda�a cette ann�e. Le wali de cette derni�re wilaya devait �tre bien seul, la veille du drame et de l�A�d, apr�s r�ception du bulletin m�t�o sp�cial. M�me la pr�sence massive des �l�ments de la Protection civile arriv�s en catastrophe d�autres wilayas, mal �quip�s pour ce type d�intervention, n�a pu, dans le meilleur des cas, que limiter les d�g�ts. Il reste, comme toujours, la polyvalente ANP, ses hommes et ses moyens � g�om�trie et d�ploiement variables. Heureusement. Il aura fallu en fin de compte plus de cent morts en moins d�un mois, des milliers de maisons d�truites et des dizaines de milliards de d�g�ts pour que l�Etat rappelle � travers son ministre charg� de la Communication, l�importance d�un geste pr�ventif aussi vieux que la pr�sence de l�esp�ce humaine sur terre : prendre des nouvelles du ciel avant de sortir. Prendre des nouvelles du ciel en ce d�but de troisi�me mill�naire, ce n�est pas seulement scruter son trompeur horizon local � l��il nu, mais �largir sa vision au d�codage des images satellites dont l�animation est aujourd�hui parfaitement suivie et rendue par les bulletins m�t�o ordinaires ou sp�ciaux, diffus�s par les radios, internet et m�me dans certains pays par� sms.
De la nasse meurtri�re au d�veloppement durable
�La ville d�Auxerre, consciente qu�en cas d�urgence la rapidit� de l�information serait un �l�ment d�cisif susceptible d�assurer la s�curit� de ses habitants, a d�cid� de se doter d�un syst�me de t�l�alerte par sms. Cela lui permettra de contacter par t�l�phone tous les Auxerrois en une demiheure. Naturellement, ce syst�me serait activ� en cas de rupture du barrage de Panneci�re. Mais, avec la modification du climat, les �v�nements, pouvant rev�tir un caract�re de danger exceptionnel, risquent de se multiplier : temp�tes, orages violents, vagues de froid et de neige, inondations�. Voil� le type d�annonce que nous retrouvons de plus en plus sur les sites internet des villes dot�es de programmes de pr�vention de risques majeurs et ces derni�res ne se trouvent pas toujours du c�t� que l�on croit deviner, c�est-� dire au nord de la M�diterran�e. Si nous devions nous surprendre � r�ver un court instant, nous nous imaginerions � Gharda�a la veille de l�A�d el- Fitr dans les locaux de l�Agence locale de gestion des risques majeurs, dont la cr�ation est pourtant pr�vue par la loi depuis 2004, en train de r�percuter aux milliers de titulaires de t�l�phones portables de la Chebka, le sms suivants �Saha Aidkoum.bms.ouahch. consigne n�3.� Les habitants, pr�alablement inform�s de la conduite � tenir pour l�ex�cution de cette consigne, seraient mont�s sur les terrasses et hauteurs sup�rieures � dix m�tres et prendraient avec leurs enfants sous tous les angles les photos que n�ont pas eu le temps de voler � la crue du premier octobre dernier, les trois malheureux enfants de Bilallou Brahim de Guerrara. Nous pourrions �galement r�ver de la r�incarnation de Hamou Ould El-Hadj, le p�re du syst�me hydraulique traditionnel de la vall�e du Mzab en compagnie des oumana responsables du syst�me d�alerte des crues d�crit plus haut, assis en face d�une animation m�t�o haute d�finition des bassins versants des affluents de l�oued Mzab. Son audit de nos tares � g�rer notre destin � l�heure du bms et du sms devrait provoquer un s�isme dans la fa�ade placide et pour le moins bureaucratique de nos habitudes de gestion : si les Cubains r�ussissent � �vacuer pr�s de trois millions de personnes en moins de quarante- huit heures (le quart de leur population !) pour �chapper � un ouragan venu du lointain oc�an, comment ne pourrions-nous pas mettre au sec la population de la pentapole du Mzab chaque fois que de fortes pluies sont pr�vues � quelques encablures au nord de la Chebka ? Pourquoi ne ferions-nous pas de la salutaire connexion entre le sens de la solidarit� encore intact de notre communaut� et les technologies de l�information anciennes et nouvelles que sont les radios, l�ordinateur, internet et le t�l�phone portable, le secret de notre capacit� � pr�server durablement le fruit du labeur de nos anc�tres. L�un de ces oumana vient d�ailleurs dans sa grande sagesse de tirer les le�ons des inondations du d�but d�octobre, en d�clarant le 29 octobre au quotidien Libert� : �L�oued vient de retrouver son v�ritable lit avec ces inondations. Il a trac� ses propres limites. A nous de les respecter.� Le verdict est sans appel ! Le programme de travail qu�il sugg�re est durable, il tient compte du pass� et pr�serve l�avenir ! Le vendredi 27 septembre 1927, un seul appel t�l�phonique donn� par l�ing�nieur subdivisionnaire Avargues au maire de Perregaux (aujourd�hui Mohammadia) permit � ce dernier de donner l�alerte et de sauver la population europ�enne des flots torrentiels d�valant � 2500 m�tres cubes/seconde de la rupture du barrage du Fergoug. Nous �tions � l�aube de la t�l�phonie par c�bles et les nouveaux colons, fra�chement ma�tres des lieux, avaient pris soin d�en installer un (le premier dans la r�gion) entre le barrage et la mairie. En octobre 2008, les seules initiatives isol�es prises par les radios locales de Gharda�a et de B�char de donner l�alerte de l�imminence de pluies torrentielles ont permis, selon de nombreux observateurs, de limiter le niveau de gravit� de la situation qu�a v�cue depuis le d�but du mois d�octobre dernier la vingtaine de communes sinistr�es de ces deux wilayas. Pourquoi ne pas structurer durablement ces nouvelles voies de salut que nous offre aujourd�hui le ciel d�Alg�rie, si injuste parfois et pourtant fondamentalement cl�ment ? Un proverbe touareg enseigne que �les pluies du Sahara sont impr�visibles. Elles passent entre les cornes d�une gazelle en en mouillant l�une et pas l�autre�. Puisse la sagesse de ce dicton inspirer l�action de ceux qui sont charg�s de pr�server notre grand et beau pays du mauvais sort que lui font ceux qui continuent d�ignorer que lorsque les habitants de Laghouat ont le turban mouill�, ceux de la vall�e du Mzab doivent se prot�ger les pieds. Ce jour-l�, nous c�l�brerons les noces de la maraboute de Ballouh, qui aura entretemps trouv� un mari qui la prot�ge, retrouv� un p�re revenu de son exil et des puits nourriciers aliment�s par des forts torrents d�eau de nouveau durablement� dompt�s ! �Omar, nos a�eux nous ont l�gu� une pente. A nous de la gravir !� De Bab-El- Oued � Chevalley, de B�ni- Abb�s � A�n-Sefra, de Biskra � Arris, de Gharda�a � Hassi- R�mel, que de vastes bassins versants � prot�ger, que de chemins qui montent !
M. K.

(*) Auteur de l�article La revanche de l�oued d�tourn� paru dans Le Soir d�Alg�rie du 21 novembre 2002, consacr� aux inondations de
Bab-El-Oued
Notes
Jean Delheure et Marceau Gast, Faits et dires du Mzab
Mohammed Bencheneb, Proverbes d�Alg�rie et du Maghreb
Le barrage du Fergoug, Patrick Peralta
Quotidiens El Watan, El Khabar, Le Soir d�Alg�rie et Libert�


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