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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
Larmes oranaises Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 03 - 2009

Revoil� la Mitidja ! L�autoroute m�emp�che pourtant de jouir du spectacle enchanteur de cette terre de luttes et d�esp�rance, nourrie des r�ves de justice et d��galit� qui ont travers� le si�cle comme un boulet de lumi�re dans le ciel t�n�breux de la colonisation. La Mitidja, verger de la capitale, labour�e en long et en large par les sillons de tant de r�formes et de contre-r�formes, retourn�e par les lois et leurs amendements, mais toujours arros�e par le sang et la sueur des braves.
Mais o� est Boufarik ? L�-bas, au bout d�une bretelle, le b�ton a rejoint le b�ton et c�est par miracle que les pistes de l�a�rodrome militaire ont �t� �pargn�es. Le b�ton a tout bouff� Je n�ai pas revu Blida depuis une vingtaine d�ann�es et je la devine derri�re les glissi�res de l�autoroute et les haies poussi�reuses ; je la devine grossie comme une porteuse de tripl�s, avachie sous le poids des buildings qui poussent aux quatre coins de la cit�. Je la devine anxieuse comme une m�nopaus�e, essayant de se camoufler pour cacher ses seins tombant comme les fruits trop m�rs d�un figuier qu�on a oubli� de secouer� La route d�Oran continue dans un d�cor que je reconnais � peine. On ne passe pas par Oued-El-Alleug. Je voudrais tant revoir la cit� tranquille de mes vingt ans et visiter la demeure seigneuriale de ma tante, courir dans son verger et visiter sa cave myst�rieuse. Juste pour faire rena�tre ces sentiments qui ne nous habitent plus ; ceux de la jeunesse insouciante et du grand vent d�espoir qui passait au-dessus de nos t�tes comme un siroco de juin� Oued-El-Alleug et ses oranges amers sont bien loin maintenant. Je ne sais plus o� nous sommes. L�autoroute s�arr�te. Elle reprend plus tard au milieu de gigantesques chantiers fourmillant de vie nuit et jour. Nous sommes sur l�ancienne route nationale. La circulation est intense. Les poids lourds font la loi. Direction Chlef. Je connaissais El- Asnam et El-Asnam n�existe plus� Bouchons de plusieurs kilom�tres. Un autre bouchon et beaucoup de poussi�re. Elle vient certes de la cimenterie, mais aussi des mille et un chantiers qui poussent partout. Nous d�gustons un poulet r�ti � la poussi�re et quelques oranges cueillies dans un verger. Ce n�est pas un vol, me dit-on ! D�accord, ce n�est pas un vol. Deux ou trois oranges, ce n�est pas un vol. Mais si tous les camionneurs et les automobilistes qui passent sur ce tron�on s�arr�tent pour cueillir deux ou trois oranges, le r�sultat sera catastrophique pour le propri�taire du verger et �a lui fera une belle jambe de savoir que �ce n�est pas un vol !� Maintenant, le paysage me semble familier : je connais ces routes. Je les connais par c�ur. A chaque village, � chaque ville, un souvenir ressurgit. L�, nous avons pique-niqu� et le d�funt Lazhar Mokhnachi a immortalis� l�instant dans un clich� qui tra�ne dans ma bo�te � photos. L�-bas, nous sommes tomb�s en panne en pleine nuit. A Relizane, nous aimions nous arr�ter � l�hippodrome o� l�on servait un succulent m�choui. La gare de Relizane. Les h�tels de Relizane. Mais la ville est m�connaissable. Comme toutes les autres. De l�ancienne cit�, j�ai l�impression qu�il ne subsiste que ces terrasses color�es o� les restaurateurs ne se d�couragent jamais. Dans la grisaille de ce jeudi maussade et froid, ils attendront sto�quement les clients� Apr�s Relizane, nous fon�ons vers Mostaganem. Tout le monde nous a recommand� cette belle voie qui se transformera plus tard en une merveilleuse autoroute qui nous m�nera droit vers Oran. Moi, j�aurais voulu passer par Sig et Mohammadia, mais va savoir : peut-�tre que ces charmantes cit�s sont ray�es par un contournement. Maintenant, tout va vite et l�automobiliste qui fonce d�Alger vers Oran n�a plus le temps de regarder les villes et leurs fa�ades, de jouir du spectacle d�un lac ou d�une montagne, de s�arr�ter � un caf� et de se m�ler aux citoyens du coin. Foutaise que tout cela ! Vite, vite ! Oran est l�objectif. Alors, pourquoi perdre du temps. Je regrette Sig et Mohammadia, mais le d�tour valait la peine. Entre Mosta et Oran, la belle autoroute longe la M�diterran�e et offre des panoramas qui vous donnent envie de tout laisser tomber, de descendre du v�hicule et d�aller vous �tendre sur un rocher, les pieds dans l�eau� Arzew et ses torches �ternelles. Gdyel ! Le village a pouss� ses tentacules vers les pr�s verdoyants. Gdyel, terre des hommes debout. Terre de la solidarit�. Un jour, j��tais venu pour y r�cup�rer le corps d�un parent qui y habitait et que nous voulions enterrer � Souk-Ahras. Ses voisins avaient palli� l�absence de la grande famille : ils avaient tout pris en charge. Tout organis� et veill� aux moindres d�tails. Parce que nous sommes tous des fr�res. Parce que Gdyel est alg�rienne. Je n�oublierai jamais les voisins de Abdehamid Mellouk et la prochaine fois, j�irai leur redire toute notre consid�ration. Pourquoi, la prochaine fois ? Parce qu�il faut aller vite. Vite, vite� Nous n�avons pas le temps. Il nous manque le temps de vivre. Il nous manque l�essentiel car l�instant pr�sent est ce moment magique o� nous nous accomplissons et si nous le ratons, nous passons � c�t� des choses essentielles. Vivre n�est pas surgir du pass� et tendre vers le futur ; vivre, c�est savoir s�arr�ter � Gdyel, m�me si la nuit tombe trop vite, m�me si l�h�tel sera difficile � trouver dans la nuit, m�me si� Oran. Nous nous perdons. C��tait in�vitable. Un arr�t de bus. Je baisse la vitre et je demande � un gars la direction du centre-ville. Il nous explique. Le chauffeur ne comprend pas. Finalement, le gars monte dans la voiture et nous montre le chemin. Au centre-ville, le bonhomme, voyant notre g�ne, nous dit que nous lui avions rendu un grand service car il voulait acheter du poisson � la Bastille ! Une mani�re de nous rappeler que ce d�tour �tait avantageux pour lui. Ce n��tait pas vrai, bien s�r. Ainsi sont les Oranais. Serviables, courtois et diplomates. Oran-Ville : je reconnais � peine un vieux cin�ma transform� en n�importe quoi. Comme toutes les villes alg�riennes colonis�es par le laisser-aller et la m�diocrit�, Oran croule sous le poids de la paup�risation et de l�abandon. La salet� est partout et les belles art�res, qui d�gageaient une opulence et une �l�gance � nulles autres pareilles, ne sont plus que des lieux o� s�exhibe la nouvelle mis�re enfant�e par une d�cennie de politique ultralib�rale. Des enseignes new look et un nouvel habillage de quelques commerces donnent l�impression que les rues principales se modernisent, mais ce n�est qu�un leurre. Le mauvais go�t, la salet� et la d�prime sont partout. Des jeunes, pareils aux autres ch�meurs produits par les bidonvilles de la pauvret�, squattent les trottoirs pour y vendre tout et rien� Pleure Oran la grise ! Pleure ta jeunesse perdue, tes cin�mas ferm�s, ta culture broy�e par la machine du refrain facile, ton football clochardis� Il te reste quelques espaces de lumi�re, ces petites r�dactions o� des journalistes tentent de recr�er la grande tradition de la presse oranaise dont la libert� de ton et la vivacit� d�esprit ont toujours pos� des probl�mes � la presse alg�roise� Je passe � c�t� de la �R�publique�. Un grand courant d�air frais traverse les lieux. L�-bas, c�est le Fouquet�s et Blidi Ma�chou va surgir avec son dernier papier entre les mains, pour me serrer entre ses bras. Les autres arrivent en courant. Fous de joie. Fous d�amour. Fous de r�volution et de th��tre engag�. Mais il ne reste plus rien de cet Oran-l� ! Un couple de quinquag�naires m�interpelle. Ils viennent vers moi et le gars m�embrasse comme s�il me connaissait depuis longtemps. La dame, une tr�s belle femme au visage ang�lique, me tend sa main en me disant : �Merci monsieur pour ce que vous faites. Merci pour l�espoir que vous nous donnez, car, autour de nous, � regardez par vous-m�me �, rien n�incite � l�espoir��
La dame et son mari poursuivent leur route. Ils sont trop beaux, trop propres par rapport � leur environnement. Ils se retournent pour me saluer encore une fois. Des larmes coulent sur les joues roses. Qu�avez-vous fait d�Oran ? Qu�avez-vous fait � la belle dame ? Qu�avez-vous fait � notre peuple ?
M. F.
(Chronique publi�e le 17 janvier 2007)
P. S. : Aux braves Alg�riens vivant � l��tranger qui ont r�pondu au SOS de la dame cherchant un m�dicament � introuvable en Alg�rie � � son fils, mille fois merci ! Nous savons que nous pouvons compter sur vous quand il le faut. Je vous communiquerai l�adresse �lectronique de cette dame et vous verrez directement avec elle comment acheminer le m�dicament en question.


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