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� L'INITIATIVE DE LA NORV�GE ET ANIM� PAR EVA JOLY
Cr�ation d'un R�seau international d'enqu�teurs sp�cialis�s dans la lutte contre la corruption
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 03 - 2009

Ils appartiennent � une m�me confr�rie, celle des g�neurs professionnels, quelques hommes et femmes n'ayant d'autre but que de traquer la corruption dans les moindres recoins, un peu partout dans le monde. Ils ont un point commun suppl�mentaire : ils sont membres d'un R�seau (Network en anglais) � une sorte de club des incorruptibles �, cr�� par l'ancienne juge franco-norv�gienne Eva Joly, avec le soutien actif de la Norv�ge. Ils ne sont gu�re nombreux, une vingtaine, et se voient deux fois l'an, en toute discr�tion.
En f�vrier, ils se sont donn� rendez-vous en Zambie. Ils ont leurs h�ros � eux, les nouveaux martyrs de la lutte contre la corruption. Il y a d'abord Nuhu Ribadu, 48 ans, l'ancien responsable au Nigeria de la commission sur les crimes financiers, destitu�, puis victime d'une tentative d'assassinat. Son seul tort est d'avoir poursuivi avec assiduit� l'�lite corrompue de son pays. Il y aura d�sormais Manuel Garrido, procureur argentin rigolard et impitoyable, patron pendant cinq ans de l'office d'enqu�tes au sein de l'administration, qui a d� se r�soudre, le 12 mars 2009, � une d�mission spectaculaire. Sa faute ? Avoir enqu�t� sur la corruption en Argentine, et plus particuli�rement sur le financement de la campagne �lectorale de la pr�sidente Cristina Kirchner. L'homme a le sang chaud, des principes, et son procureur g�n�ral avait un peu trop tendance � bloquer ses investigations.
�Nous avons perdu le combat contre le pouvoir et la cupidit�...�
Ces enqu�teurs venus du monde entier, Bangladesh, Madagascar, Ethiopie, Gr�ce, Angleterre, Kenya, passent l'essentiel de leur temps � se raconter leurs m�saventures, leur confrontation avec le pouvoir. Des affaires se r�glent sur un coin de table, on tente d'acc�l�rer les proc�dures internationales d'entraide judiciaire. On parle d'argent sale, de circuits financiers occultes, de commissions illicites. Certains d'entre eux viennent pour la premi�re fois. Ils se l�vent, se pr�sentent, r�citent leurs faits d'armes. Il faut �tre coopt� pour entrer dans ce c�nacle, o� l'on n'accepte que les purs et durs de la lutte anticorruption. �C'est un combat que l'on ne peut pas gagner, nous avons perdu contre le pouvoir et la cupidit�, mais cette lutte vaut la peine d'�tre men�e�, assure Eva Joly, qui sait de quoi elle parle, m�me si elle s'est refait une sant� depuis l'affaire Elf, en France, qui l'avait laiss�e �puis�e. �Elf aura �t� un symbole, pour nombre d'entre nous�, confirme Richard Findl, un procureur allemand qui enqu�te sur l'affaire Siemens. Un symbole oui, mais pour quel progr�s ? La corruption ne cesse de gagner du terrain dans les �conomies occidentales, gangr�ne les pays en voie de d�veloppement. Et partout le m�me constat : au pr�texte de vouloir sauvegarder les int�r�ts de ses entreprises nationales, le pouvoir se prot�ge. Les investigations sont frein�es, voire stopp�es. La Convention de l'OCDE, cens�e proscrire tout acte de corruption depuis 1997, est syst�matiquement contourn�e, via les paradis fiscaux, les comptes offshore. Fatalement, les enqu�teurs anticorruption se retrouvent isol�s, dans une position intenable, souvent dangereuse.
�On m�a tir� dessus, mais ma voiture �tait blind�e, heureusement...�
Ainsi, Nuhu Ribadu aurait bien voulu poursuivre son �uvre au Nigeria. Il est t�tu, pers�v�rant. S�r de ses comp�tences. En 2003, ce policier de haut rang dirige la commission contre les crimes �conomiques et financiers. Il s'en prend aux �lites du pays. En quarante ans d'exploitation p�troli�re, pr�s de 320 milliards d'euros ont �t� vol�s ou gaspill�s. �J'ai poursuivi tout le monde, raconte Nuhu Ribadu, la fille du pr�sident, le vice-pr�sident, les s�nateurs, les gouverneurs. J'ai sorti 170 cas de corruption, portant sur plus de 4 milliards d'euros. Et puis un nouveau gouvernement est arriv� au pouvoir... � Et les ennuis ont commenc�. En d�cembre 2007, il est �d�missionn�. On l'accuse d'avoir dissimul� des biens � Duba�. �Ils ont tent� de salir mon image, mais ils n'avaient aucune preuve. Et, surtout, j'�tais trop populaire.� Au pays, il devient une ic�ne. Comment s'en d�barrasser ? En 2008, il fait l'objet d'une tentative d'assassinat. �On m'a tir� dessus, en province, mais ma voiture �tait blind�e, heureusement... � C'est l� qu'intervient le Network made in Norv�ge, dont Nuhu Ribadu est l'un des membres. Officiellement, la Norv�ge ne s'est pas impliqu�e dans l'affaire. Mais c'est bien le gouvernement norv�gien qui a exfiltr� le Nig�rian de son pays. Cela fait partie des garanties apport�es par le Network.
�Je ne peux pas aller dans le priv�, je retrouverai tous les corrompus sur lesquels j�ai enqu�t�...�
C'est aussi l'une des vertus de ce club tr�s priv�. Trouver un regard ami, un esprit complice. Manuel Garrido, le procureur argentin, va en avoir besoin, m�me si lui n'a pas �t� menac� physiquement. Le travail de sape fut plus insidieux. �Je vais probablement travailler dans une ONG, je ne peux pas aller dans le priv�, je retrouverai tous les corrompus sur lesquels j'ai enqu�t� !� dit-il, de Buenos Aires. Manuel Garrido dirigeait depuis cinq ans le bureau d'enqu�te sur les d�lits financiers dans l'administration argentine. Un job en or : 70 enqu�teurs, 60 investigations en cours, l'assurance constitutionnelle de ne pas �tre remerci� au premier coup de tabac... Tr�s vite, il exp�rimente les grands classiques de la profession : �Au d�but, on a essay� de me corrompre, j'�tais furieux. Je me suis concentr� sur l'essentiel : trouver les preuves.� Il s'acharne, ouvre des enqu�tes, n'h�site pas � ferrailler avec le pouvoir. Il parvient � prouver que le gouvernement a trafiqu� les chiffres de la pauvret�, pousse � la d�mission un ministre de l'Economie, un responsable de la banque centrale, le chef de l'arm�e. Au d�but, pas de souci. M�me si les condamnations ne sont pas nombreuses. �L'impunit�, avoue-t-il, c'est le vrai probl�me de l'Argentine...� Mais vient un moment, fatalement, o� l'on fr�le de trop pr�s le pouvoir. O� l'on touche aux int�r�ts haut plac�s. �Ils nous ont cr��s, explique Manuel Garrido, mais le jour o� j'ai commenc� � enqu�ter sur eux, les ennuis ont d�but�.� Eux, c'est le couple Kirchner. Nestor Kirchner, pr�sident argentin de 2003 � 2007, puis Cristina Kirchner, qui lui a succ�d�. Le fr�re du pr�sident est vis� par une premi�re enqu�te. Le procureur g�n�ral argentin finit par s'irriter. Pour restreindre, au bout du compte, les pouvoirs d'enqu�te de son subordonn�. M. Garrido temp�te sur les plateaux de t�l�vision, saisit le Parlement, mais rien n'y fait. Et, le 12 mars, il d�missionne, las.
Scandaleuse immunit� p�nale pour le Premier ministre italien
Prenez le procureur Fabio de Pasquale, 51 ans. Lui vit en Italie, � Milan. Une des cibles des enqu�tes de Fabio de Pasquale s'appelle Silvio Berlusconi, le Premier ministre italien. Il lui court apr�s, le cerne, mais jamais ne le coince. Le proc�s contre M. Berlusconi a �t� suspendu en 2008, � la suite du vote d'une loi accordant au Premier ministre l'immunit� p�nale, le temps de son mandat ! Comme Yara Soto, �g�e de 28 ans, quand elle a d�couvert ce qui allait devenir le plus gros scandale politico-financier du Costa Rica. �On ne pouvait imaginer les cons�quences d'une telle temp�te, se souvient-elle. On a d�couvert par hasard en 2004 que le pr�sident du bureau de s�curit� sociale s'�tait fait construire une maison � 650 000 euros. C'est une somme, chez nous. L'argent venait d'une compagnie finlandaise, qui avait sign� pour plus de 35 millions d'euros de contrats avec le gouvernement... � Deux ex-pr�sidents costaricains avouent avoir per�u plusieurs centaines de milliers d'euros de commissions vers�s par Alcaltel, firme fran�aise, en �change de l'attribution de march�s. Yara Soto a quitt� le Costa Rica pour Gen�ve, o� elle est conseill�re en mati�re de lutte contre la corruption. William J. Downer, membre du R�seau, aurait bien aim� profiter de ces ondes positives. Mais l'administration sud-africaine n'a pas permis qu'il se rende � la r�union du R�seau, le mois dernier, en Zambie. Pas question qu'il s'�panche. C'est que, le 22 avril, il y aura des �lections g�n�rales en Afrique du Sud, et Jacob Zuma, le chef de file de l'ANC, part grand favori pour le poste de pr�sident de la R�publique. Ce m�me Zuma sur lequel le procureur William J. Downer enqu�te avec obstination, en accumulant les preuves de sa corruption par le groupe d'armement fran�ais Thales. Bient�t, c'est probable, le R�seau devra lui venir en aide. Encore un incorruptible en p�ril.
Le d�but de quelque chose
Plusieurs pays africains sont repr�sent�s au sein de ce R�seau. Seuls, ils ne peuvent rien contre ce fl�au, les volont�s politiques sont rarement suivies d'effets, et les pays industrialis�s continuent avec une belle all�gresse de puiser dans les ressources naturelles de pays peu d�velopp�s. �Les acteurs sont en Europe, l'argent est en Europe, estime le juge k�nyan Aaron Ringera. Ces corrupteurs viennent en Afrique compromettre nos dirigeants. Et l'argent de la corruption part ensuite en Europe, il faut que l'on rapatrie ces fonds frauduleux.� Certains plaident pour la cr�ation d'un organisme international charg� de traquer ces crimes financiers. �Il faut une cour internationale, d�clare Maxwell Nkole, du �Groupe de travail� anticorruption zambien, les lois communes en vigueur n'ont aucun effet.� Ce R�seau international ne peut ni ne veut apporter de solutions d�finitives, et il n'y a pas de miracle � esp�rer de ce genre d'initiatives. Mais c'est d�j� le d�but de quelque chose, et le combat vaut la peine d'�tre men�.


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