Nour Benzekri demeure l'un des entraîneurs les plus expérimentés et les plus titrés d'Algérie. Pourtant, il n'exerce plus depuis quelques saisons et il s'est reconverti dans la fonction de consultant sur une chaîne de TV privée où son franc-parler et ses propos détonants sont toujours appréciés. Technicien au caractère bien trempé, il s'est montré fidèle à son image dans cet entretien dans lequel il dénonce sans ambages. Le Soir d'Algérie : Durant cette intersaison, votre nom a circulé au NAHD puis au RCK, deux clubs que vous avez drivé par le passé. Nour Benzekri : Non, ce n'étaient que des rumeurs. Personnellement, je n'ai eu aucun contact ni avec le NAHD, ni avec le RCK, ni avec un autre club. Il n'y a rien eu ni d'officiel, ni d'officieux. Zeghdoud, Dziri, deux joueurs que vous avez dirigés à l'USMA, sont devenus des entraîneurs. Que pensez-vous de cette relève ? C'est logique. Dans un autre pays, on trouverait cela normal mais, chez nous, on se pose toujours des questions. Ils ont été de grands joueurs et il est tout à fait normal qu'ils donnent toutes leurs qualités et l'expérience qu'ils ont acquise au cours de leur vécu. Pensez-vous qu'ils seront de bons entraîneurs ? C'est bien qu'il y ait une relève. Madoui, que j'ai eu comme joueur, est aujourd'hui un bon entraîneur. En ce qui concerne Zeghdoud et Dziri, je pense que cela ne dépend pas d'eux uniquement. Si on les laisse travailler et qu'on veuille profiter de leur expérience, si on les laisse faire leur job correctement, je suis convaincu qu'ils seront de bons entraîneurs. Il y a quelques années, vous étiez le premier et le seul à déclarer que Hannachi était le mal de notre football. Un commentaire sur son départ, après 25 ans de règne à la JSK ? Le mal de notre football est partout, pas uniquement chez lui, bien sûr, il en fait partie. Je dois reconnaître que Hannachi a fait ce qu'il pouvait, mais lors de ces dernières saisons, il était vraiment hors sujet. Quand on voit où en est arrivée la JSK, je dis qu'il était temps qu'il parte. Seulement, je ne veux surtout pas m'acharner sur lui. Peut-être qu'il n'a pas été aidé non plus. Et puis, tout a une fin et, là aussi, c'est logique. Quand on n'a plus rien à apporter à un club, il faut savoir se retirer. Le championnat va démarrer ce week-end. Comment voyez-vous cette nouvelle édition ? J'aimerais bien être optimiste, mais je ne vois pas le bout du tunnel. Quand je vois ce qui se passe entre le président de la FAF et celui de la LFP, je doute du bon déroulement de ce championnat. Ça commence mal avec l'élimination des locaux de la prochaine CHAN, en plus, on s'entête à maintenir à la tête de l'arbitrage, qui est toujours une tare de notre football, le même homme alors que tout le monde est contre lui. Qui est pour vous l'homme idéal pour l'arbitrage ? Il y a Koussa qui a été élu et qui est plus ou moins propre. Il est compétent, mais on s'entête à maintenir Amalou qui n'est pas aussi blanc qu'on le dit. Tous les clubs «pros» ou presque se sont préparés à l'étranger. Qu'en dites-vous ? Si je me base sur ce que je lis dans les journaux, ces préparations sont un fiasco. Voyez ce qui s'est passé avec le CRB. Et que dire du MCA ? Quand j'entends que ce club a eu un problème de visas, je m'étonne. Ce n'était pas une obligation absolue d'aller en France. Pourquoi se créer un problème que l'on peut éviter. Tout cela se prépare à l'avance. Mais au MCA, il y a eu un changement de direction qui a perturbé la préparation du stage... Oui, c'est vrai, il y a eu un changement, mais cela ne veut pas dire qu'il faut tout bouleverser. Bon, je cite le cas du MCA comme j'aurais pu prendre l'exemple d'un autre club. Les préparations sont bâclées. Nos clubs partent à l'étranger et, une fois sur place, ils recherchent des sparring-partners parfois introuvables. Il y a l'USMA qui s'est préparée convenablement en Turquie. Oui, mais ils n'ont pas eu les rencontres amicales souhaitées. Evidemment, personne de l'USMA n'osera émettre la moindre critique au risque de se faire virer par le président. Mais si, par malheur, ils sont éliminés en Coupe d'Afrique, on nous ressortira l'excuse habituelle de la mauvaise préparation. Les trois promus, l'USB, l'USMB et le PAC pourront-ils se maintenir ? Disons qu'ils peuvent s'en sortir, sauf peut-être l'USM Blida où l'on a fait du n'importe quoi. Changer d'entraîneur à trois reprises avant même le début du championnat, c'est vraiment le comble. Que Dieu leur vienne en aide. Pour le PAC, c'est la continuité et la stabilité du staff technique, c'est bien et c'est la bonne solution. L'USB a changé tout son effectif. Ce n'est pas la bonne méthode pour s'adapter à la L1. Les Biskris vont souffrir. Et quels sont vos favoris pour le titre ? Moi je vois l'ESS et l'USMA. Pour conclure, va-t-on vous retrouver comme entraîneur ou consultant ? Mais je ne suis plus entraîneur. On m'a marginalisé. Auriez-vous été victime d'un complot ? Oui, je le dis, il y a eu un complot qui persiste. Il y a une bande organisée et composée de présidents de clubs, d'agents de joueurs et de certains journalistes sportifs qui a noyauté tout le monde du football. Cela se passe entre eux. Evidemment, quand quelqu'un est compétent et veut changer les choses, on le marginalise. C'est pour cela que notre football a touché le fond.