Incontestablement, la compagnie nationale Air Alg�rie aura �t� l�un des principaux acteurs de la campagne de Khartoum et, partant, du grand retour du football alg�rien sur la sc�ne mondiale. Le pont a�rien Alger-Khartoum mis en �uvre au lendemain de la d�faite du Caire et jusqu�� hier, avec pas moins de 51 vols, est un exploit d�autant plus remarquable qu�en parall�le, Air Alg�rie avait une autre campagne tr�s importante � r�ussir, celle du Hadj. Le patron d�Air Alg�rie, M. Abdelouahid Bouadbellah, que nous avons rencontr�, a bien voulu nous entretenir de cette semaine pas comme les autres. Entretien r�alis� par Abder Bettache Le Soir d�Alg�rie : Vous sortez d�un grand succ�s, apr�s le grandissime pont a�rien Alger-Khartoum. Votre commentaire ? A. Bouabdellah : Le succ�s, je le dois � tout le personnel de la compagnie. Au personnel navigant, aux techniciens, aux m�caniciens, aux agents commerciaux et d�escales, � tous les travailleurs d�Air Alg�rie qui se sont mobilis�s comme un seul homme pour r�ussir cette op�ration. C�est le succ�s d�une �quipe, d�une jeune �quipe qui a su relever le d�fi et a d�montr� de quoi les Alg�riens sont capables. Ils sont la fiert� de la compagnie et de l�Alg�rie. L�attaque perp�tr�e contre le bus de notre �quipe nationale a �t� pour beaucoup dans le d�clic de cette importante mobilisation des travailleurs de notre compagnie. Parall�lement, il y avait l�op�ration du Hadj, un autre grand d�fi� C��tait effectivement un autre grand d�fi pour notre compagnie. Mais tout le monde avait fait fi de sa propre personne, de ses int�r�ts personnels. L�implication de tout le personnel de la compagnie a �t� spontan�e et totale et nous nous sommes attel�s � combiner l�op�ration Hadj avec celle de Khartoum. A chaque fois qu�un avion rentrait de Riadh, il �tait automatiquement reconduit pour un vol sur Khartoum. Il faut mettre �galement en �vidence le r�le important jou� par les avions de l�Arm�e nationale populaire (ANP), qui ont grandement contribu� � desserrer la pression sur Air Alg�rie. J�en tire une grande fiert�. La crainte de ne pouvoir r�ussir l�op�ration ne vous a-t-elle jamais travers� l�esprit, ne serait-ce qu�� un moment donn� ? L�enjeu �tait tr�s important. Et au d�part, le stress m�avait envahi. Mais d�s que le premier avion vers Khartoum a d�coll�, tout le personnel s�est senti pleinement engag�. A ce moment pr�cis, j��tais rassur� quant � mon �quipe. Et on n�a pas dormi durant 72 heures. Au d�part, il �tait question de ne transporter que 4 000 supporters. Ce n�est qu�apr�s que les pr�visions ont �t� revues � la hausse, pour passer � 5 000, puis 9000 et 10 000 passagers. Et d�s le coup de sifflet final du match du Caire, on s�est inscrit dans la perspective de l�op�ration retour de Khartoum. A quel instant avez-vous consid�r� que le coup �tait r�ellement jouable ? Ecoutez. Le d�part a �t� laborieux. Mais d�s que les avions ont commenc� � d�coller, les choses se sont acc�l�r�es, mais rationnellement et en �voluant le plus normalement du monde. Vous savez, pour ne rien vous cacher, si l�a�roport de Khartoum avait �t� vide, on aurait r�ussi l�op�ration en vingt-quatre heures. Une cellule de crise a-t-elle �t� mise en place ? Absolument. Les personnes qui constituaient la cellule de crise travaillaient jour et nuit. La responsabilit� �tait importante. Il �tait du devoir de la compagnie de relever le d�fi, de gagner ce pari, incroyable, sur tous les plans. Mais l�on aurait dit qu�il y a eu comme une intervention divine : ni panne, ni retard, absolument rien ! Et je profite de cette occasion qui m�est offerte par votre journal pour remercier nos coll�gues de l�aviation soudanaise, qui nous ont pr�t� assistance. On a m�me dit que parmi votre personnel, certains, les navigants en particulier, se sont port�s volontaires ? Tout le monde �tait l� pour intervenir. On m�a contact� avant que je ne les appelle. Les syndicats, qu�ils soient autonomes ou affili�s � l�UGTA, ont tous r�pondu pr�sent pour leur pays et leur compagnie. Etiez-vous en contact avec le pr�sident de la R�publique ? Non. J��tais en contact direct avec le Premier ministre. Et lui �tait en contact permanent avec le pr�sident de la R�publique. Il faut savoir que le chef de l�Etat suivait de tr�s pr�s l��volution de la situation. A quel moment pr�cis le Premier ministre a-t-il pris attache avec vous ? A la fin du premier match, celui du Caire. D�s le coup de sifflet final de la partie, le Premier ministre a pris attache avec moi pour pr�parer le d�placement sur Khartoum. Nous �tions en discussion permanente. Il suivait, lui aussi, l��volution de l�op�ration de transport des supporters et de celle de la logistique � acheminer vers la capitale soudanaise. Je tiens � vous informer que des tentes, de la nourriture et de l�eau constituaient, entre autres, cette logistique, outre une couverture m�dicale tant en moyens humains et mat�riels qu�en produits m�dicamenteux. La mobilisation a �t� totale et efficiente � tous les niveaux. Vous avez vu le match dans votre bureau ? Non. C�est chez moi que j�ai vu le match du Caire. Lorsque le Premier ministre avait pris attache avec moi, j��tais � la maison, avec mes enfants. Concr�tement, comment s�est organis� ce pont a�rien ? La mobilisation a �t� totale au niveau de la compagnie. Au premier jour de la phase aller, seize vols ont �t� assur�s � partir de l�a�roport Houari- Boumediene. Avec les vols de l�ANP, 3 404 Alg�riens sont arriv�s � Khartoum. Le lendemain, vingt-trois vols ont �t� assur�s par Air Alg�rie et quatre par l�ANP. Alors que le jour du match, soit le 18 novembre, nous avons transport� 1 146 supporters et les deux avions de l�ANP 320. Au total, en trois jours, soit du 16 au 18 novembre, les avions d�Air Alg�rie et ceux de l�ANP ont transport� 10 196 supporters sur 51 vols dont 44 assur�s par la compagnie nationale et sept par les avions de l�ANP. La phase retour, qui s�est �tal�e du 19 au 21 novembre, a �t� �galement pr�par�e dans les m�mes conditions que celles ayant pr�valu pour la phase aller. La mobilisation a �t� aussi importante � l�aller qu�au retour. Je vous informe qu�au retour, le nombre d�Alg�riens transport�s a augment� de deux centaines, portant ainsi le nombre total � 10 382 passagers. Quel a �t� le moment qui vous a le plus marqu� durant cette op�ration ? C��tait lorsque j�ai adress� mes remerciements au personnel de la compagnie. Leur r�ponse a �t� extraordinaire. Ils m�ont r�pondu que ce n��tait que leur travail et qu�ils n�avaient fait que leur devoir envers leur pays. Ils n�ont point revendiqu� d�indemnit� salariale particuli�re. M�me ceux qui �taient en cong� sont rentr�s et se sont mis � la disposition de la compagnie. Cela a �t� une exp�rience extraordinaire. Avec des Alg�riens qui ont du nif ! C��tait l�une des grandes forces pour gagner cette bataille du ciel. C�est une grande fiert� pour la compagnie que d�avoir servi le pays. Votre sentiment du fait d��tre � la t�te d�Air Alg�rie ? Un honneur et une fiert�. Il nous faudra capitaliser cette exp�rience. Et Air Alg�rie doit rester propri�t� de l�Etat. C�est un outil sur lequel il faut compter, sur lequel on peut compter. Et vous savez, c�est en fait la troisi�me fois que la compagnie est r�quisitionn�e pour les int�r�ts sup�rieurs du pays. Les deux premi�res r�quisitions l�ont �t� lors des deux guerres isra�lo-arabes en Egypte. C��tait en 1967 et en 1973. Notre compagnie a �t� r�quisitionn�e pour transporter nos valeureux soldats partis combattre aux c�t�s de l�arm�e �gyptienne. Toutes ces r�quisitions l�ont �t� pour des causes nationales. En ce qui concerne le pont a�rien sur Khartoum, l�Etat avait mis � notre disposition d�importants moyens. Il �tait de notre devoir de l�honorer. Sinc�rement, je suis fier d�appartenir � une compagnie qui a contribu� � cette victoire. Je remercie et f�licite tout le personnel de la compagnie. Vous convenez que l�intervention des avions de l�ANP a �t� d�un apport consid�rable dans cette op�ration ? Absolument. Lorsque nous demandions un avion, ils en mettaient deux � notre disposition. L�ANP dispose d�une importante flotte a�rienne. Une flotte de tr�s grande envergure. La r�ussite de cette op�ration nous incitera � coordonner d�avantage nos actions dans le futur, pour d�autres succ�s. Un renforcement de la flotte en perspective ? Affirmatif. La compagnie sera renforc�e par onze appareils : sept Boeing 737/800 et quatre ATR/72. Il nous faut aussi des avions gros porteurs, dans la perspective de donner � la compagnie une dimension encore plus grande. Dans un mois, c�est la coupe d�Afrique des nations. Vous serez de la partie ? Nous avons dores et d�j� arr�t� le programme pour l�Angola. Contrairement � l�op�ration de Khartoum, o� le facteur temps n��tait pas en notre faveur, le programme d�Angola sera minutieusement pr�par�. Nous allons demand� des infrastructures et sollicit� des aides logistiques (tentes, nourriture, etc.) pour permettront aux supporters d�aller suivre l��quipe nationale dans les meilleures conditions possibles. Il y aura �galement la Coupe du monde en juin prochain� On se pr�pare activement. Le 4 d�cembre prochain, on ira avec une d�l�gation de la FAF � Cap-Town, en Afrique du Sud, pour assister au tirage au sort des groupes, mais aussi pour pr�parer le d�placement des supporters des Verts et conna�tre la ville qui abritera les rencontres de notre �quipe nationale et organiser leur d�placement. Un mot pour conclure ? Ce qui m�a touch�, c�est que pour la premi�re fois, le Maghreb a �t� alg�rien. Il y a eu la f�te dans tous les pays du Maghreb. La victoire de notre �quipe nationale a �t� f�t�e tant au Maroc qu�en Tunisie. A partir d�Alger, nous avons transport� 51 Tunisiens qui avaient d�cid� d�aller supporter notre �quipe nationale. Je tiens �galement � vous signaler que notre compagnie a transport� des Alg�riens venus de Montr�al, de Prague, de Duba�, de plusieurs pays du monde. A. B.