Selon ma�tre Khaled Bourayou, le pouvoir a toujours vu d�un �il m�fiant l�int�ressement de la presse � la gestion de la chose publique, au fonctionnement des institutions et � la prise en charge des pr�occupations de la soci�t�, et a toujours recouru au harc�lement judiciaire comme moyen de r�pression contre les journalistes. Mais depuis l��clatement de plusieurs affaires de corruption ces deux derni�res ann�es, le droit de regard de la presse est devenu in�vitable, et le temps lui a finalement donn� raison. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) -Pour ma�tre Bourayou, la relation entre les m�dias et la justice a, de tout temps, �t� une relation difficile dans tous les pays du monde. En Alg�rie, selon lui, d�s que la presse a commenc�, � partir de 1995, � s�int�resser aux affaires de corruption, le pouvoir a mis en branle un harc�lement judiciaire. Pour ce qui est de l�aspect politique, le pouvoir n�est pas enclin, souligne-t-il, � accorder � la presse un droit de regard sur le fonctionnement des institutions. Il cite, comme exemple, un article paru en 1996 dans le quotidien Libert�, dans lequel il �tait annonc� une probable nomination de Betchine au poste de ministre de la D�fense, ce qui a valu au directeur du journal une arrestation, alors qu�il s�appr�tait � prendre un vol � l�a�roport d�Alger. Et de signaler d�autres d�passements du m�me genre, avec l�arrestation du directeur du quotidien arabophone El Khabar, en 1995, pour avoir d�voil� l�organigramme de la pr�sidence dans les colonnes du journal, ainsi que des poursuites judiciaires � l�encontre de quelques titres de la presse, en 2004, pour offenses au pr�sident de la R�publique durant sa campagne �lectorale. Mais, explique ma�tre Bourayou, ces deux derni�res ann�es, marqu�es par de grands scandales de corruption, le harc�lement judiciaire contre les journalistes a diminu�, le droit de regard de la presse �tant devenu in�vitable, le temps lui ayant finalement donn� raison. Mais malgr� cette avanc�e, souligne-t-il, la justice s�empresse encore � enr�ler des plaintes contre des journalistes, en n�imposant toutefois que le versement d�une simple caution, ne d�passant pas 1 000 DA. �La justice alg�rienne est tr�s s�v�re quand il s�agit de poursuites judiciaires contre des journalistes. Ces derniers sont, dans la plupart des cas, condamn�s parce qu�ils ne b�n�ficient pas d�un cadre l�gal de protection, � m�me de leur assurer les moyens de leur d�fense. C�est pour cela que le magistrat se sent toujours en position confortable lorsqu�il s�agit de juger un journaliste �, a-t-il estim�. Pour sa part, ma�tre Miloud Brahimi pense que s�il y a harc�lement, c�est parce que la presse est libre et d�range par ses �crits. �Le harc�lement est � la mesure de l�audace de notre presse. Il faut savoir que la presse alg�rienne et contrairement � ce que l�on pense, est tr�s audacieuse. Et son audace va parfois jusqu�� la t�m�rit�. Il faut reconna�tre qu�il y a des abus dans les proc�s judiciaires intent�s � la presse �, a-t-il soulign�. A ce titre, dit-il, il faut absolument r�former le Code p�nal, non pas jusqu�� supprimer le d�lit de presse, mais en l�encadrant. Comment ? Il propose de supprimer la mise en d�tention pr�ventive en mati�re de d�lit de presse en la ramenant � une sanction passible d�une amende, � l�exclusion de toute peine de prison. Toutefois, Ma�tre Miloud Brahimi pense que parfois, la presse exag�re, et qu�elle doit savoir raison garder. Enfin, il pense que durant ces deux derni�res ann�es, le harc�lement judiciaire contre les journalistes a diminu�, qu�il y a moins de pression sur la corporation et que la justice est moins s�v�re. Selon lui, cela est d� � un peu plus de sagesse de la part, et de la presse, et du pouvoir. M�me son de cloche chez le directeur du quotidien Libert�. �On peut dire, concernant le harc�lement judiciaire � l�encontre des journalistes, qu�aujourd�hui, il y a une certaine accalmie. Contrairement � ce qui se faisait par le pass�, les juges r�fl�chissent � deux fois avant de mettre un journaliste en prison�, a-t-il dit. Pour lui, s�il y a aujourd�hui moins de harc�lement, ce n�est pas parce que la justice est devenue plus cl�mente, mais plut�t parce que la presse est devenue beaucoup plus professionnelle. Quant � Redouane Hanachi, responsable de la rubrique judiciaire du quotidien Le Jeune Ind�pendant, il pense que si aujourd�hui les journalistes sont condamn�s � des amendes alors qu�il y a quelques ann�es, ils l��taient � des peines de prison ferme, cela tient au fait que le harc�lement judiciaire contre la presse a nettement perdu en intensit�.