Aïssa El Djermouni a été le premier chanteur du monde arabe et africain à être invité à donner un concert sur la prestigieuse scène de l'Olympia à Paris. Décédé il y a exactement 71 ans, le 16 décembre 1946, Aïssa El Djermouni reste le pionnier de la chanson chaouie et l'un des plus grands artistes arabes et africains. Sa voix forte qui a étonné les spectateurs de l'olympia par ses vibrations a marqué l'histoire de la chanson. On est en 1937, à Marseille où il venait d'arriver par bateau, les organisateurs du concert qu'il devait donner à la salle L'Olympia, l'attendaient au niveau du port en tant que l'une des plus grandes stars de l'époque. Ils avaient bien sûr au moins un camion pour le déplacement des instruments de musique vers Paris. A sa descente du bateau, on l'accueille et on lui demande : «Monsieur Djermouni où est votre matériel ?» et se tournant vers son flûtiste qui était son seul compagnon, ils sortirent uniquement une flûte et un Bendir (percussion). Aïssa El Djermouni dont la voix était l'une des plus puissantes n'avait pas besoin de piano trompettes ou même de micro et encore moins de haut parleur. Sa seule voix, sa flûte et son Bendir pour le rythme lui suffisaient amplement. Le concert restera dans l'histoire car le chanteur a étonné le public et la critique de l'époque, par sa voix forte, enthousiaste, belle et exceptionnelle. L'artiste dominait la scène par sa stature sa tenue, sa présence et sa beauté. Une voix très puissante De son vrai nom Merzougui, Aïssa El Djermouni est né en 1886 dans le village El Medfoun prés de Sidi Ghris à Oum El Bouaghi. Dès sa jeunesse, il se fit connaître par son voisinage qui était étonné par sa belle voix. Plus tard, il animera les soirées de mariage dans toute la région. L'artiste aux beaux yeux était demandé partout et après s'être fait connaître en reprenant les chansons traditionnelles, il se mit lui-même à écrire des poèmes. Il enregistra son premier disque vinyl 78 tours ‘Ya Hadda Kouti Matgoulich Khef' en Tunisie chez les éditions Ben Baroud en 1930, alors qu'il était âgé de 24 ans. Plusieurs de ses chansons dont ‘El Fouchi Nou Nesmar' et ‘Akrded Anouguir' étaient déjà des succès que tout le monde fredonnait à travers la plupart des villes d'Algérie, notamment dans les Aurès. En 1936, sur le conseil d'un certain Haroun, il partit en France pour s'y produire. Il s'y fera vite remarquer et la même année, il est invité à monter sur la scène de l'Olympia pour donner son concert qui restera dans l'histoire de cette salle et de la chanson arabe et chaouie. Durant sa carrière, Aïssa El Djermouni a enregistré plus de 35 chansons en arabe et Chaoui. Un feuilleton télévisé de Djamila Arras et deux livres de Ounissi Med Salah ont été consacrés à Aïssa El Djermouni qui était dans les années 1930, considéré comme une grande star. Le chanteur avait chanté en Chaoui et en arabe et a enregistré des dizaines de chansons dont ‘Ya aïn el Kerma', ‘Bqaw Beslama' et ‘Hna Chaouia' qui ont été reprises par plusieurs chanteurs et sont régulièrement interprétées lors des galas, notamment dans l'est Algérien.