Le président français Emmanuel Macron est en Tunisie depuis hier, pour une durée de deux jours. Cela intervient sur fond de contestation sociale. C'est une aubaine pour le président tunisien qui reçoit son homologue français. En concluant des accords dans le domaine de l'economie avec la France, le président tunisien peut souhaiter calmer la colére des chômeurs de Tunisie qui reclament de l'emploi. Il y' a deux semaines, des affrontements opposaient les forces de l'ordre aux jeunes dénonçant la cherté de la vie. Il compte mettre l'accent sur le développement économique du pays. Prévue depuis plusieurs semaines déjà, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron en Tunisie, hier et aujourd' hui, ne pouvait avoir lieu à un meilleur moment pour le pouvoir local, qui a dû faire face ces derniers temps à d'importants troubles sociaux. Dans ce contexte particulier, Emmanuel Macron, lors d'un grand discours devant les députés de l'Assemblée du peuple à Tunis, programmé aujourd'hui, exprimera un message fort de soutien à la transition démocratique de la Tunisie, seul pays rescapé du Printemps arabe de 2011, indique l'Elysée. Mais au-delà de ces belles paroles qui viseront à gonfler la fierté des Tunisiens, ce sont bien les questions d'économie et de société qui domineront ce voyage du chef de l'Etat français. Emmanuel Macron participera notamment à la première édition du forum économique franco-tunisien, qui réunira une centaine de dirigeants d'entreprises françaises, dont Xavier Niel (Iliad) et Stéphane Richard (Orange). Il y encouragera en particulier les entreprises françaises à investir davantage en Tunisie, note France 24. Des annonces seront faites sur l'aide au développement, le numérique et le soutien aux PME-PMI, assure l'Elysée, qui évoque également une reconversion d'une partie de la dette tunisienne vis-à-vis de la France en investissements. Reste à voir si ces annonces auront un impact sur le quotidien des Tunisiens, de plus en plus lassés par ces visites d'Etat. Cela fait des années qu'on parle de l'appui français à l'économie tunisienne, mais on n'en voit pas vraiment les fruits, regrette Alaa Talbi, directeur du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, contacté par France 24. «Il y a déjà eu par le passé des forums économiques avec des chiffres énormes annoncés, mais concrètement, on ne voit pas de changement, ajoute-t-il. La population n'a plus confiance dans ce genre d'initiatives. On est habitué à ces visites et à ces discours qui ne débouchent sur rien.» Les activistes de la campagne Fech Nestanew initiateurs des contestations sociales en Tunisie, n'attendent rien de particulier de la venue d'Emmanuel Macron. Ces derniers considèrent que c'est au gouvernement tunisien de régler leurs problèmes. Un grand projet structurant dans le domaine de la coopération universitaire sera ainsi annoncé, souligne l'Elysée, dit France 24. Son objectif sera de développer la formation professionnelle supérieure et les filières courtes adaptées aux enjeux économiques et d'employabilité, en particulier dans le secteur des nouvelles technologies. Contrairement aux manifestants du mois de janvier, le monde économique tunisien, lui, ne cache pas son optimisme. «Cette visite est très importante, notamment en raison de l'intérêt que montre le président Macron pour le numérique qui est un des points forts de la Tunisie», juge Aziz Mebarek, cofondateur d'AfricInvest, qui sera présent, jeudi, au forum économique, cité par France 24. Macron veut commémorer le génocide arménien Emmanuel Macron veut inscrire au calendrier une «journée pour la commémoration du génocide arménien». Après sa reconnaissance en 2001 par l'Assemblée nationale, la France rendra donc hommage aux victimes de 1915, le 24 avril prochain. Même s'il refuse de condamner la Turquie pour ce drame, cette décision risque fort de froisser Ankara. «Le combat pour la justice et la reconnaissance est notre combat. Nous le menons par la mémoire en soutenant l'inscription au calendrier républicain d'une journée pour la commémoration du génocide [arménien, ndlr].» Emmanuel Macron entend tenir l'une de ses promesses de campagne et c'est devant les 500 personnes du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) qu'il l'a annoncé. Durant ce dîner annuel qui s'est tenu dans un hôtel parisien mardi dernier, à la demande des coprésidents du CCAF, Ara Toranian et Mourad Papazian, Emmanuel Macron a pourtant clairement refusé de condamner la Turquie pour ce génocide, expliquant que la diplomatie de la France devait s'opérer dans le dialogue avec Ankara. Il a justifié sa politique avec la Turquie en affirmant que c'était grâce à des discussions régulières et privées avec le Président Erdogan qu'il y avait eu des avancées dans certains dossiers, notamment la libération de journalistes détenus dans les prisons turques. Considérant la Turquie comme un acteur important dans la lutte contre le terrorisme et les migrations, Emmanuel Macron met en avant son pragmatisme dans le dialogue franco-turc. Et c'est aussi pour cela que lors de la visite de son homologue turc le 5 janvier dernier à Paris, le chef de l'Etat n'avait pas évoqué la question arménienne. Cette position du chef de l'Etat démontre donc une nouvelle fois sa politique du «en même temps»: devoir de mémoire en France sans pour autant condamner la Turquie. S'il a été applaudi lors de ce dîner, il sera intéressant de constater les réactions officielles de la Turquie. Outre cette annonce, Emmanuel Macron a rappelé que la France se contentera du seul rôle de médiateur dans le dossier du Haut-Karabakh entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et qu'en aucun cas, il ne choisirait entre ces deux partenaires économiques.Enfin, rappelons que la semaine passée, lors de la réception du chef d'Etat arménien, Serge Sarkissian, Emmanuel Macron avait annoncé qu'il se rendrait en visite officielle à Erevan en octobre prochain, au moment même où se tiendra le sommet pour la francophonie.