La bande dessinée se lit de moins en moins en Algérie. Contrairement aux années 60, 70 et 80, période durant laquelle l'on peut dire que les planches de BD intéressent les jeunes de cette époque-là, aujourd'hui il y a moins de lecteurs. C'est là un constat qu'a fait Lazhari Labter, journaliste et écrivain, lors d'une conférence intitulée : «Une brève histoire de la bande dessinée algérienne» animée, mercredi dernier, à la maison de la culture Ali Zaâmoum de Bouira en marge de la première édition du salon national de la bande dessinée. M. Labter appelle même reconquérir la place qu'avait le 9e art. «La lecture de la bande dessinée en Algérie n'avait plus la place qu'il avait avant. Il faudra la reconquérir. Et la reconquérir ce n'est pas une affaire d'une personne ou d'une institution. C'est l'affaire de l'ensemble des gens qui sont impliqués dans la culture, à commencer par le ministère de l'éducation nationale», a déclaré Lazhari Labter qui propose l'introduction de la bande dessinée dans le programme scolaire, notamment au cycle primaire et la multiplication des festivals à travers le territoire national. Le conférencier estime que la décennie noire, l'une des douloureuse tranche d'histoire d'Algérie, en était derrière le déclin de la culture de manière générale et de la bande dessinée en particulier. Sous le règne du parti unique, les journaux étaient ouverts à la bande dessinée, selon Lazhari Labter. Ce que l'on ne trouve pas aujourd'hui dans la presse indépendante. «Après les événements d'octobre 1988, la caricature a pris le dessus sur la bande dessinée dans les journaux», affirme-t-il. Cependant, M. Labter souligne qu'il n'y a pas beaucoup d'effort de la part des pouvoirs publics pour redonner vie à la culture tout en soulevant les contraintes et les difficultés rencontrées par les écrivains et les éditeurs pour éditer et distribuer le livre à travers tout le pays. «Je ne vois pas une volonté politique au plus haut niveau de l'Etat pour sortir le pays de ce marasme et de ce désert culturels», a-t-il regretté. Pour ce qui est de la bande dessinée d'aujourd'hui, Lazhari Labter estime qu'elle se féminise. «La BD algérienne s'est féminisée. Dans les années 60, 70, 80, tous les dessinateurs algériens étaient des hommes. Aujourd'hui, la tendance s'inverse. De plus en plus de femmes jeunes qui s'investissent dans la BD et souvent en abordant des sujets tabous que les hommes n'osent pas aborder», dit-il. Ainsi, la revue M'Quidech, parue pour la première fois en février 1969, marque la naissance de la bande dessinée algérienne. Les noms de Slim, MAZ, Ahmed Haroun, Mohamed Aram, Mansour Amouri, pour ne citer que ceux-là, sont les pères fondateurs du 9e art algérien. «Je considère que la BD algérienne a démarré réellement non pas en tant que tentative individuelle, mais en tant que tentative d'un groupe organisé avec les moyens qu'il faut, avec une maison d'édition derrière, avec une revue de grande qualité publiée en français et en arabe. Elle avait démarré en février 1969 avec la revue ‘M'Quidech'», souligne-t-il.