L'initiative de consensus national lancée par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) prendra fin vers décembre prochain. Le président de cette formation islamiste, Abderrezak Makri vient de fixer la «fin de l'automne» comme limite à la démarche qu'il a présentée aux principaux partis politiques du pays, mais sans pour autant en donner les raisons, ce qui laisse libre champ aux interrogations sur cette subite décision, alors qu'il y a à peine quelques jours, l'homme jurait de poursuivre ce projet durant les cinq prochaines années. «Notre initiative continue de créer l'évènement et suscite la réaction de tout le monde, entre opposants et favorables. Entre celui qui y voit de l'espoir et celui qui veut la tuer immédiatement. Nous tirons bénéfice de ce débat qui est dans l'intérêt de l'initiative. Elle restera posée sur la table jusqu'à la fin de l'automne, avant de décider de son avenir pour les prochaines années», a écrit Makri sur sa page facebook. Avant d'y mettre un terme vers décembre prochain donc, le MSP fera «une première évaluation» de l'initiative «à la fin de ce mois», précise son président. Sur ce registre, Makri exprime d'ores et déjà ses «certitudes» quant à l'intérêt de son projet de consensus national «à court et à long terme». Que ce soit pour «le pays, le Mouvement et l'exercice politique en général». Des certitudes qui ne justifient pas toutefois l'annonce surprise à peine un mois après le début des consultations dont les premières remontent à la mi-juillet lorsque Makri a rencontré le président du MPA, Amara Benyounès, et le président de Talaie El Hourriyet, Ali Benflis. De plus, et dans ce qui semble être un signe d'abandon, le président du MSP a tenu à adresser ses «remerciements à tous ceux qui ont réagi avec nous, ceux qui nous ont soutenus et ceux qui s'y étaient opposés». Quoi qu'il en soit, il est nécessaire de préciser que c'est la première fois que Makri fixe «une fin» à son initiative. Ce qui n'était pas du tout dans son agenda d'il y a quelques jours, puisqu'il a bien expliqué qu'elle s'articulait sur des étapes qui mèneront le parti à l'expliquer aux syndicats et aux organisations, puis au peuple, et qu'elle se poursuivra durant toute la période du mandat conféré par le congrès. Pour quelles raisons Abderrezak Makri change-t-il de stratégie ? Pourquoi annoncer une fin alors que l'initiative n'en est qu'à ses débuts ? A-t-il subi des pressions internes d'un courant qui défend l'entrisme au MSP ? Et pourquoi à la fin de l'automne, soit trois mois avant l'élection présidentielle de 2019 ? Tant de questions qui s'imposent pour une démarche qui «a eu le mérite», pour reprendre Ahmed Ouyahia, d'insuffler une dynamique dans la scène politique. Bien que les réponses ne soient pas encore connues, il ne faut cependant pas aller chercher loin. Les multiples rejets qu'ont exprimés les chefs de partis politiques, du pouvoir comme de l'opposition, à Makri, ont sûrement beaucoup pesé dans cette prise de décision. Le FLN, le RND et TAJ ont signifié une suite de non-recevoir au président du MSP sur plusieurs questions, notamment l'intervention de l'armée, la période de transition ou le candidat du consensus, réitérant tous d'une seule voix leur soutien à la continuité et à un 5e mandat du Président Abdelaziz Bouteflika. Dans l'opposition, c'était plutôt des rejets diplomatiques, à l'image du FFS qui s'était dit «attaché» à sa propre initiative de reconstruction du consensus national, et du PT dont la patronne Louisa Hanoune a qualifié de «piège» l'idée du consensus. Avec un tel bilan, Abderrezak Makri ne pouvait en effet que déclarer forfait et se remettre à l'évidence de l'impossibilité d'arriver à ses fins, du moins pour cette fois. D'où son annonce précipitée à fixer une limite à l'initiative de consensus. En d'autres termes, rien de plus qu'un aveu d'échec !