Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, en visite hier à Tizi Ouzou, s'est montré très ferme et tranchant, au sujet de l'influence religieuse rampante des courants «extrémistes» qui poussent comme des champignons en Algérie, ces dernières années. Ces courants ne reflètent guère l'Islam des Algériens, basé sur la réconciliation, la paix, la tolérance et le vivre ensemble, a-t-il assené, avant de les qualifier de «discours faits par des ONG étrangères qui veulent déstabiliser l'Algérie». Toujours sur un ton aussi ferme, Aissa a annoncé la mise en place d'une nouvelle dynamique, visant l'élaboration d'une loi d'orientation initiée par son département, afin de sécuriser les zaouias et leurs discours, et partant, stopper la prolifération de ces courants. La loi en question sera prochainement débattue en Conseil des ministres, avant d'être soumise aux deux chambres du Parlement. Pour le ministre, les zaouias n'ont pas échoué dans leur rôle de réconciliateur au sein de la société. Il ajoutera en outre, que le discours religieux a été dévoyé, travesti, notamment sur les réseaux sociaux, d'où la nécessite, aujourd'hui, de corriger ce tort, et d'œuvrer dans le sens de promouvoir le rôle des zaouias. Abordant le phénomène de la harga qui prend de l'ampleur, le ministre estime que la lutte contre ce fléau est l'affaire de tous, tout en invitant l'ensemble des institutions à contribuer pour atteindre l'objectif escompté. «La zaouia participe et n'agit pas toute seule», affirme t-il. Pour ce qui est de la transmission des prêches en direct sur certains médias algériens, le ministre a précisé que son département est en train de préparer une charte du discours religieux sur les médias, et ce, en collaboration avec l'Autorité de régulation de l'audiovisuel. «Ces discours religieux extrêmes véhiculent une politique étrangère qui n'est pas conforme à l'héritage des Algériens». «Le dialogue reste ouvert avec les imams» Alors qu'il donnait le coup d'envoi du 1er Colloque national sur la zaouia, et l'héritage culturel et religieux de la confrérie Rahmania, organisé au niveau du Musée régional du Moudjahiad de M'Douha, il s'étalera sur le rôle de la confrérie dans la préservation de l'unité territoriale du pays, et dans la lutte contre le colonialisme français. «L'Algérie pratique un islam ancestral hérité de nos aïeux. Cet Islam est ancré dans la modération et dans le juste milieu. Ce genre de manifestations religieuses entre dans le cadre de la nouvelle dynamique de notre département, en vue de sécuriser notre pays de cette modernisation rampante et sauvage de ces courants sectaires extrémistes». Ne pouvant éluder les questions d'actualité, notamment le bras de fer qui oppose son département aux imams qui menacent d'investir la rue, dans les prochains jours, pour demander la revalorisation de leurs salaires, le ministre est resté aussi ferme. Il a affirmé que la révision de leur statut particulier ne peut pas être d'actualité, notamment en cette période de conjoncture financière des plus difficiles. «Il ne s'agit pas de polémique, mais d'un éclaircissement de position. Je leur ai expliqué qu'il ne m'appartient pas, en tant que ministre du gouvernement, de réviser le statut particulier et les articles de loi ayant un caractère financier, vu la conjoncture économique que connaît le pays». Il dira, cependant, que les portes du dialogue restent ouvertes. Quant aux critiques faites par certains organisations non-gouvernementales ( ONG) étrangères, qui accusent l'Algérie d'être un pays de stigmatisation de toute religion hors de l'islam, ou d'autres courants, Mohamed Aïssa a tenu à préciser que ce maillage de ces ONG, qui appartiennent à l'intelligence occidentale, vise la déstabilisation de l'Algérie, et rien de plus. Pour justifier ses propos, il a affirmé que depuis la promulgation de la loi 06-02 bis, l'Algérie n'a fermé aucune église. Dans le même sillage, la liberté de culte existe en Algérie, affirme t-il, à condition qu'elle se fasse dans le respect des lois de la République. «Quant il s'agit d'un acte qui porte préjudice aux lois de la République, l'Algérie applique ses lois», a-t-il assené, avant de conclure : «le gouvernement algérien a autorisé la tenue d'un séminaire qui regroupera plus de 1.500 chrétiens catholiques, qui se tiendra le 08 décembre prochain à Oran et ce, en présence du représentant du Pape».