Comme dans toutes les régions du pays, les fans de l'équipe nationale de football, dans toutes les wilayas de l'est algérien, n'ont d'yeux que pour les Verts à J-2 du match Algérie - Burkina Faso en barrage retour des qualifications pour la coupe du Monde 2014 au Brésil. Tous les autres sujets de conversation, quelle que soit leur importance, sont relégués au second plan. La surexcitation monte à vue d'oeil, à la manière d'une mayonnaise en train de prendre et les cœurs battent de plus en plus vite et de plus en plus fort à mesure qu'approche le jour du match. D'El Tarf jusqu'à Bordj Bou Arreridj, en passant par Annaba, Skikda, Jijel, Constantine, Batna, Biskra ou Sétif, les emblèmes géants, les fanions, les banderoles et les maillots aux couleurs de l'EN font florès. Sur les balcons des immeubles, dans les vitrines des magasins, dans la rue, accrochés aux poteaux et aux arbres ou recouvrant des dizaines de véhicules, les drapeaux verts et blancs frappés du croissant et de l'étoile rouges sont partout. Seule l'allégresse qui s'était emparée du pays tout entier il y a exactement quatre ans, à quelques jours de la fameuse rencontre d'Omdourman face à l'Egypte, est comparable à la passion débordante que charrie, ces derniers jours, la rencontre de mardi prochain au stade Mustapha-Tchaker de Blida. La confiance -quelquefois aveugle - dans les capacités de Sofiane Feghouli et de ses camarades à renverser la vapeur et à se qualifier aux dépens des Burkinabè, est l'autre élément remarquable. Il est en effet très difficile, pour ne pas dire impossible, de dénicher un supporter pessimiste, doutant d'une qualification algérienne pour la "FIFA World Cup" en terre brésilienne, pays du foot par excellence. La fête un peu partout A Sétif, par exemple, au milieu d'un impressionnant cortège "mixte" de véhicules et de motos, sillonnant bruyamment, samedi, au centre de la capitale des hauts plateaux, un passager à califourchon derrière un des motards agite frénétiquement l'emblème national d'une main et le drapeau du Brésil de l'autre. Pour ce supporter invétéré, approché par l'APS au cours d'une pause, Place du 8-Mai 1945, "le chemin vers Rio de Janeiro est tracé". Zitouni Bengherib (c'est son nom), âgé de 18 ans à peine, même s'il admet que la rencontre sera loin d'être une promenade de santé, s'attend au "match le plus abouti" des capés de Vahid Halilhodzic. "J'ai attentivement suivi à la radio la conférence de presse du sélectionneur et j'ai l'impression que +coach Vahid+ a bien préparé son coup (à) J'ai confiance", ajoute le jeune homme. Non loin de là, Zaouche, un disquaire bien connu sur la place sétifienne, tout en se frottant les mains devant l'explosion des ventes de CD chantant la gloire des "Verts", s'attend lui aussi à une "belle victoire" car, selon lui, "il est impensable que notre attaque ne puisse pas mettre au moins trois buts". Même climat de fête à El Tarf où les différentes localités de cette wilaya de l'extrême-est du pays se sont abondamment parées de vert, de rouge et de blanc. Des centaines de jeunes gens parcourent les principales artères des agglomérations en agitant des drapeaux algériens tandis que d'autres, coiffés de "hauts de formes" aux couleurs nationales se contentent de saluer les cortèges de voitures enrubannées de vert, de rouge et de blanc, passant klaxons au vent, créant une ambiance de liesse. "Face au Burkina Faso, on passera parce qu'on est les plus forts !", dit simplement Salim Hani, 30 ans, recueillant au passage l'assentiment de ses camarades qui entonnent joyeusement, au centre de la ville d'El Tarf, un tonitruant "One, two, three, viva l'Algérie". "Nous faisons la fête prématurément, dites-vous ? Nous vous donnons rendez-vous mardi prochain vers 21h et vous assisterez, alors, à la vraie fête", conclut Salim en réajustant l'immense drapeau qui lui sert de cape. Dans cette wilaya située à près de 600 km d'Alger, l'initiative lancée le week-end dernier par la radio locale d'El Tarf pour désigner "le meilleur balcon orné des couleurs nationales" a été reçue 5/5 et ce n'est sans doute pas fini.
