Les exécutions, le sang et les larmes lors de la guerre de libération nationale ont inspiré plus d'une femme poétesse, a indiqué Kachere Zahia, dans une conférence animée jeudi à la maison de la culture Abdelkader-Alloula de Tlemcen, à l'occasion de la rencontre nationale de la poésie. Dans sa conférence intitulée "la poésie et la femme kabyle", Mme Kachere, membre du groupe d'étude de l'histoire des mathématiques de Béjaïa (GEHIMED) a souligné qu'un nombre important de poèmes de femmes relatent la vie dans le village, les différents accrochages et batailles, avec des détails saisissants. Elle a ajouté que "cette poésie est née dans le contexte de la guerre et pour la guerre. Elle assurait un rôle politique de résistance. En chantant ou en déclamant ces poèmes, les femmes apportèrent un soutien moral aux résistants et mobilisèrent et galvanisèrent les troupes de l'ALN". La conférencière a, par ailleurs, déploré le fait que "ces productions orales n'ont pas fait l'objet de fixation graphique et pourtant on ne peut occulter le rôle d'auxiliaire de l'histoire et de préservation de la mémoire, car aujourd'hui plus que jamais la fonction historique prédomine. Mme Kachere a indiqué en conclusion que "ces savoirs féminins font partie d'un patrimoine oral en extinction. Ils s'éteignent avec la disparition des derniers dépositaires. Ces derniers héritiers spirituels constituent des bibliothèques vivantes et un trésor inestimable pour les chercheurs, anthropologues, linguistes historiens et autres". Dans le second axe de cette première rencontre nationale de la poésie, réservé à la poésie et au soufisme, le docteur Sari Ali Hikmet, président du club des poètes Sidi-Boumediene de Tlemcen a souligné que "le soufisme est une éthique (ihsan) dans une esthétique (djamel) et la poésie en est le plus bel exemple". "Le soufi, a-t-il souligné, fait part de son expérience spirituelle à travers le poème qui est le genre littéraire qui exprime le mieux l'être profond de l'homme qui est, en quelque sorte, la lumière de Dieu". Des exemples de poésie soufie ont été récités et chantés à cette occasion par cheikh Bouazza de la zaouia d'Ain Témouchent pour illustrer et appuyer la thèse du conférencier. D'autres conférences ayant trait à la poésie algérienne actuelle, aux caractéristiques de la poésie soufie et à la poésie et la Révolution ont été également présentées lors de la dernière journée de cette manifestation poétique nationale, qui a regroupé plus d'une quarantaine de poètes et des universitaires et hommes de culture dans l'enceinte de la maison de la culture de Tlemcen. Trois jours durant, de talentueux poètes de différentes régions du pays, à l'instar d'Ahmed Bouziane de Tiaret, de Souhila Mostefaoui de Naama, de Beldjilali Aicha de Tlemcen, de Belhouari Ali, de Zoubir Derdoukh, de Mebkhouti Noureddine se sont faits une joie et un grand bonheur à partager leurs créations avec un public acquis et connaisseur. Une cérémonie de clôture a été organisée à la maison de la culture en l'honneur de tous ces poètes qui ont plongé, tout au long de cette rencontre, tous les présents dans un monde où règne la magie des mots et des verbes, la beauté et l'amertume, la douleur et la joie.