Que peuvent bien attendre et espérer encore une fois les femmes algériennes de cet anniversaire ? Toutes les réformes et les volontés de changer un tant soit peu leur situation socioéconomique n'ont pas eu raison des mentalités séculaires des hommes, imbus plutôt non pas par leur masculinité, mais de leurs pouvoirs. Surtout le pouvoir politique, pouvoir de commander, de diriger et de légiférer. Autrement dit, l'angle du changement du destin des femmes algériennes et la pierre angulaire de son émancipation ne peut émaner que de l'octroi davantage de droits politiques.Convaincu de la justesse de cette démarche, M. Bouteflika avait bien compris dès son investiture en 1999 que l'une des clés du progrès du pays est de défoncer les idées reçues, les archétypes et les clichés colportés par des forces d'inertie et des mouvances conservatrices et traditionalistes. Des réformes au compte-gouttes aux «doses» fortes, notre législation a connu une nette évolution, même si des résistances restent encore tenaces, notamment certains dispositifs du fameux code de la famille, fortement imprégnés de valeurs religieuses parfois discutables et objet de toutes les querelles entre jurisconsultes. Il semble bien que l'un des bastions les plus imprenables de ces résistances provient des acteurs politiques eux-mêmes, c'est-à-dire des organisations politiques, des partis, tous les partis, mêmes ceux qui se proclament comme les chantres de la modernité et de la démocratie. En dépit d'une légère évolution, les femmes sont absentes des institutions élues, celles-là mêmes qui sont à l'avant-garde de cette émancipation. Une absence injustifiée d'autant que la moitié de l'électorat est justement constituée de femmes. Un taux aussi faible dans la participation et la présence de la gent féminine dans les collectivités locales et des institutions comme l'APN, l'APW et les APC (une femme P/APC pour 1542 communes) est la preuve de la grande disparité qui caractérise cette volonté des pouvoirs publics à ouvrir le champ d'exercice des fonctions de l'Etat aux femmes (postes de ministres, de walis, de chefs de daïra ou de SG) et cette apathie manifeste, pour ne pas dire ce refus, des partis politiques à mettre au-devant de la scène des compétences féminines quand il s'agit de proposer des têtes de liste à la députation ou comme premier magistrat d'une ville. Pourquoi nos partis politiques ne sont guère exempts de reproches sur ce plan là ? Que faut-il faire pour que ces «machines» créatrices d'acteurs politiques s'ouvrent enfin aux femmes ? Rares sont les observateurs qui ont relevé la symbolique des amendements concernant les femmes et proposés dans le projet de la révision constitutionnelle en octobre 2008. Des dispositions nouvelles qui ne pourront qu'aider M. Bouteflika à consacrer ces droits politiques et les imposer à ces partis politiques. Faut-il s'attendre à des annonces fortes politiquement, genre quotas imposés par la loi pour les futures législatives, à l'occasion de cette célébration ?