Le département de pharmaco-toxicologie de la faculté de médecine de l'université de Constantine a réalisé l'année dernière un sondage sur la consommation du médicament générique à l'est du pays. La prospection qui a été effectuée auprès de médecins et de pharmaciens exerçant à Constantine, à Mila et à Jijel a donné des résultats très intéressants, démontrant qu'il reste beaucoup à faire pour généraliser l'utilisation des molécules génériques. En effet, un médecin sur quatre déclare que les médicaments génériques ont modifié leurs relations avec leurs patients. Parmi ce groupe, 80% affirment qu'ils ont favorisé les échanges sur le coût et seulement 70% sur le bon usage de ces médicaments. Contrairement aux médecins, une grande majorité de pharmaciens d'officine délivre régulièrement du générique. Ils sont entre 45 et 55% à le faire systématiquement. Les freins à la généralisation du générique sont, selon les pharmaciens interrogés, attribués principalement à la réticence de 82% des patients, à l'origine du médicament dans 50% des cas et à l'opposition du prescripteur médecin pour 46%. De ce fait, il ressort que la promotion du générique est l'affaire de tous, essentiellement celle du médecin prescripteur, au même titre que le pharmacien qui reste depuis toujours solidairement responsable de la prescription du médicament et considéré de ce fait comme coprescripteur. Une utilisation rationnelle du médicament générique permettra d'améliorer la qualité des soins tout en diminuant leur coût. Tel est d'ailleurs l'enjeu actuel des professionnels de la santé. L'article 4 du décret 32-284 définit comme suit le médicament générique: «On désigne par produit pharmaceutique générique toute spécialité dont la composition est essentiellement similaire à un produit pharmaceutique déjà commercialisé sur le territoire national dont au moins un dosage de la même forme pharmaceutique a été enregistré conformément aux dispositions du présent décret et qu'il n'est pas fait état d'amélioration thérapeutique par rapport au médicament de référence.» Des experts en galénique et en pharmacocinétique ont prouvé que certains génériques sont mieux conçus et mieux élaborés que les produits de référence dont le brevet a expiré il y a 20 ans et plus, et qui ne bénéficient par des progrès technologiques pharmaceutiques actuels. Ainsi, de nombreux laboratoires pharmaceutiques créateurs de princeps ont élaboré leur propre générique qui coûte environ 30 à 40% moins cher. La dernière décision du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière interdisant l'importation des médicaments déjà fabriqués en Algérie va, selon les professionnels de la santé, dans l'intérêt de la promotion du générique dans notre pays et donc de la réduction de la facture d'importation du médicament.