Après «l'Opium et le bâton» et «Mostefa Benboulaïd», le réalisateur Ahmed Rachedi revient avec un nouveau film qui met en scène un des jeunes colonels historiques de la guerre de Libération nationale, le colonel Lotfi. Benali Boudghène, plus connu sous son nom de guerre Si-Brahim, puis Colonel Lotfi, le plus jeune colonel de la Révolution algérienne a joué un rôle de premier rang dans la guerre d'indépendance et pour son pays, avant de tomber au champ d'honneur le 27 mars 1960. «Ce film est différent de mes autres films», déclare Ahmed Rachedi lors du point de presse qui a suivi la projection du film. En effet, «je mets en avant-première un jeune révolutionnaire qui a rejoint les maquis à un âge très jeune. Son image est un peu différente des grand leaders historiques», souligne le réalisateur avant de poursuivre «le colonel Lotfi était très instruit et d'une grande maturité, il faut montrer cette image du héros. Longtemps, on s'est focalisé sur le peuple, disant «Un seul héros le peuple, aujourd'hui il faut glorifier chaque héros et montrer le fabuleux parcours et les sacrifices de ces hommes et ces femmes qui ont rendu à l'Algérie sa liberté». Toutefois, dit le réalisateur, «il faut être très prudent quand on fait un film historique». Campé par Youcef Sehairi, dont il faut souligner l'incroyable ressemblance avec le colonel Lotfi, le film d'une durée 2h 50mn retrace le parcours historique de ce jeune révolutionnaire. Depuis sa ville natale de Tlemcen où il a effectué ses études primaires et obtenu son certificat d'études, il rejoint le Maroc pour poursuivre ses études secondaires. Le film est tourné à Tlemcen et au sud-ouest algérien, à Béchar. A travers ses lectures, mais aussi ses discussions politiques avec son entourage, rapidement, l'esprit révolutionnaire commence à se forger chez Lotfi. Tout pour lui a été d'une très grande rapidité. Repéré pour son intelligence et son sens de l'organisation, en octobre 1955, il rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) dans la zone V en qualité de secrétaire particulier de Si Jaber. Il est désigné à la tête de la section de Tlemcen et Sebdou et constitue les cellules secrètes du FLN. Il entame la structuration de l'activité commando dans la wilaya V sous le surnom de Si Brahim. Il marque le début de l'année 1956 par ce type d'opérations visant les objectifs français. Les scènes de batailles sont multiples dans le film. Ahmed Rachedi arrive à sublimer ses terrains d'horreur et leur donner un cachet artistique sublime. Les visages expressifs des acteurs (femmes, vieux et enfants…) donnent une grande maturité au film. En janvier 1957, Si Brahim est nommé chef de la zone 8 de la wilaya V sous le nom de Lotfi, en tant que capitaine puis commandant de la zone d'Aflou et membre du conseil de direction de la wilaya V. Il est promu colonel pour diriger la wilaya V, en mai 1958, et accentue l'effort de la résistance contre l'armée française sur le plan organisationnel et militaire. Le réalisateur reconstitue la réunion du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) à Tripoli en 1960, Lotfi y assiste et décide de retourner à la wilaya V avec un groupe limité. Le réalisateur montre à ce moment un homme très mûr et extrêmement motivé pour rejoindre le terrain de la bataille, «là où est sa place», dira le colonel dans le film. Il tombe au champ d'honneur le 27 mars 1960 à Djebel Béchar après avoir livré une bataille féroce contre l'armée française. L'image est hyper touchante, Ahmed Rachedi montre le chahid tombé après une longue bataille, embrassant la terre et mourant en véritable héros. Le film, qui a été projeté hier à la salle Ibn Khaldoun, est produit par le ministère des Moudjahidine et le Centre national des études et recherche sur le mouvement national et la Révolution du 1er Novembre.
