Hamid Grine, ministre de la Communication :«La presse algérienne a une histoire qui n'a pas commencé avec le pluralisme médiatique, mais qui remonte plutôt aux premières années de la résistance à l'entreprise coloniale. C'est cette symbolique que le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a voulu faire porter à cette journée en la décrétant le 22 octobre, journée qui symbolise la résistance. Bien plus tard, d'ailleurs, et forte de cette histoire, la presse algérienne libre et plurielle a consenti de grands sacrifices en opposant sa plume républicaine au langage de la violence.» Omar Belhouchet, éditeur du quotidien El Watan : «La Journée nationale de la presse intervient dans un contexte de graves atteintes aux libertés d'expression et de la presse. Les poursuites judiciaires contre les journalistes sont légion alors que le chantage par les autorités sur les quotidiens indépendants à travers la publicité publique et privée est exercé de manière récurrente.» Naama Abbas, directrice d'El Moudjahid : «La Journée nationale de la presse instituée par le président de la République est un autre acquis, et pas des moindres, pour toute la corporation des journalistes de la presse publique et privée. Corporation, ajoute Naïma Abbas, qui a payé le prix fort en exerçant son noble métier dans les pires conditions, notamment lors de la décennie noire. L'institution de cette journée, dit encore l'éditrice d'El Moudjahid, est une autre preuve de toute la considération et le respect du président de la République qu'il porte à la presse écrite et audiovisuelle.» Belkacem Ahcène Djaballah, consultant en communication : «Sur le plan quantitatif, les journaux ont connu un développement fort et rapide, dans la presse écrite notamment. Tout cela est prometteur. Le constat n'est pas le même pour ce qui est du secteur audiovisuel. La majorité des chaînes de télévision privées dont les sièges sociaux sont en Algérie, et à défaut d'application de la loi et manque de libération du secteur, l'Algérie est souvent classée au bas du tableau. Au plan qualitatif, et je veux dire par là, les contenus, l'accès aux sources et la déontologie, la situation est moyennement bien. Car il existe des lacunes chez les éditeurs, les journalistes et les institutions de l'Etat. Comparé aux années 1990, et étant donné que l'histoire ne bégaye pas toujours, il est malheureusement difficile de retrouver ce que l'on perd ! Malgré des dérapages, la presse indépendante, qui était naissante, a exercé en tout liberté et nous avions eu droit à des moments intéressants de la vie des médias nationaux.» Belkacem Mostefaoui, sociologue des médias et professeur à l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger «La liberté de la presse rime à travers tous les pays du monde développé avec responsabilité, codification législative et réglementaire en phase avec les besoins de la société et régulation intelligente, audacieuse et ferme sur les droits humains. Or, la société algérienne subit une double imposition si je puisse dire : d'une concurrence effrénée et débridée des médias/ monde qui l'inonde (télés transnationales en toutes langues, sites et blogs d'internet, etc. Et de médias dits nationaux (et étrangers pour le ministère de la Communication), y compris la quarantaine de télés commerciales ciblant le pays qu'elle n'a pas forcément choisi, et surtout pas de production endogène réelle. Les 130 quotidiens édités dans le pays proposent d'autres ingrédients, dont la diversité va en se rétrécissant. Les modalités réglementaires de leur production (économie, assurances sociales des journalistes) ne sont pas régies par des règles transparentes. C'est quand même un comble : une flopée de journaux, dont la mission de raison sociale essentielle est de développer la transparence dans la gestion des affaires publiques, «carburent» dans une opacité douteuse, voire maffieuse… De fait, la pléthore de l'offre n'est pas indicative du tout de la qualité des programmes de médias offerts. Dans ces conditions de l'offre médiatique, il est malsain de parler de droit à l'information reconnu aux citoyens. C'est quand même un scandale qu'un si grossier nombre de «quotidiens nationaux» engrangent des rentes de publicité d'Etat, et … d'ardoises non payées aux imprimeries d'Etat.