Rachid Arhab était l'hôte d'une rencontre publique à l'espace France au 20e Salon international du livre d'Alger (SILA). Le journaliste franco-algérien, ancien membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel entre 2007 et 2013, a été convié par l'invité d'honneur du SILA pour raconter et se raconter à travers son expérience professionnelle dans les médias en France. Il était le seul et unique algérien présentateur d'un journal télévisé sur une chaîne française. Il a aussi gardé un fort enracinement en Algérie, même si plus de la moitié de sa vie s'est déroulée en France. Aujourd'hui, ce qui lui tient le plus à cœur est de lancer une chaîne de télévision mixte pour créer une passerelle culturelle entre deux cultures irrémédiablement indissociables. Rachid Arhab a bien voulu répondre à nos questions. Le Temps d'Algérie : l'Autorité de régulation audiovisuelle (ARAV) d'Algérie a fait appel à vous. comment êtes-vous intervenu ? Rachid Arhab : J'ai tout simplement répondu à une proposition qui m'a été faite par les autorités algériennes , il y a presque deux ans, de venir réfléchir sur les instances de régulation qui existent partout dans le monde. Moi, je connaissais particulièrement celles de France parce que j'y ai travaillé pendant six années. Nous avons essayé de partager d'éventuels savoir -faire qu'on pourrait utiliser pour mettre en place cette autorité de régulation. Je ne suis pas plus impliqué que ça. L'Autorité de régulation audiovisuelle (ARAV) est une autorité indépendante en Algérie et elle doit correspondre à ce que la nation veut en faire. Vous comptez lancer prochainement une chaîne franco-algérienne à l'image du concept franco-allemand Arte. Peut-on en savoir davantage ? Je ne veux pas dévoiler trop de choses parce que c'est un projet en train de se construire. Je ne vais pas vous donner une grille de programmes. Aujourd'hui ce que j'essaye de faire surtout , c'est de convaincre le maximum de gens de l'utilité de cette chaîne et de les convaincre de ce qu'on peut y mettre, toujours dans l'idée de rapprocher les peuples et non pas de les séparer. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Je suis habitué à rencontrer des obstacles dans ma carrière. Des obstacles il y en aura toujours parce que c'est un projet nouveau tout simplement. Il faut donc défricher. Il faut réfléchir, dessiner un contour. Il faut se mettre d'accord sur la chaîne qu'on a envie de faire et surtout ce que l'on a envie de mettre dedans. Moi par exemple, je ne veux pas faire une chaîne d'information. Tout simplement, parce que je commence à être de plus en plus méfiant sur l'information en continu. A mon avis, elle est trop facilement falsifiable. Je n'ai pas envie de ça, mais c'est surtout le fait que j'ai vécu trente ans dans le journalisme. Je sais à quel point , il y a dans le journalisme français qui dit «un clou chasse l'autre» . Dès que quelque chose arrive, on oublie tout ce qui s'est passé avant. Donc je n'ai pas envie de faire une chaîne d'information. J'ai envie de faire une chaîne qui s'enracine dans le pays et qui parle de la réalité et de l'identité des deux pays, qui ne parlera pas de ce qui se passe tous les jours. Une chaîne qui parle de la culture au sens le plus large, que ce soit littéraire, musical, artistique, théâtral, archéologique... En fait, il y a des tas de choses que l'on a envie de faire. Mon rêve, c'est que l'on réussisse à faire ce qui a été fait dans le cinéma : des coproductions. Que l'on construise des projets ensemble, des magazines , des émissions... qu'on les fasse ensemble à parité égale entre la France et l'Algérie. Il n'y a pas beaucoup de français d'origine algérienne qui sont parvenus à diriger un journal télévisé en France. Pour vous, c'était le 13H sur France 2, ça n'a pas dû être facile ? Ma réponse va être très courte ! J'ai été le premier et le dernier. Je vous laisse commenter mais j'espère bien qu'il y en aura d'autres. J'ai essayé de travailler, notamment lorsque j'étais au conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) sur le fait que l'on travaille sur les mentalités mais aussi parce que c'est également une question de mentalités. Votre livre Pourquoi on ne vous voit plus ? que vous signez au SILA est-il une autobiographie ou s'agit-il d'une partie de votre expérience professionnelle dans les médias en France ? C'est pas simplement une autobiographie. A mon âge, c'est peut-être un peu prématuré ou alors il s'agit d'une partie. C'est le récit de mon parcours professionnel mais je me suis rendu compte en écrivant que mon parcours professionnel était terriblement impliqué dedans.