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Les petits bonheurs du jeudi
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 12 - 2015

C'est à l'école que Mouloud s'est rendu pour la première fois qu'on pouvait appeler quelqu'un «Monsieur» dans la vraie vie. Il pensait que ce terme, c'était pour les gens qui passaient à la télévision. Il aurait pu également l'entendre au cinéma mais Mouloud n'a jamais été au cinéma, la salle de son quartier ayant fermé ses portes quand il avait trois ans. Ce n'était pas la dernière de la ville mais Mouloud a rarement quitté le quartier. Quand il quittait Belcourt pour la Grande-Poste, c'est qu'il se passait vraiment quelque chose et à trente ans, il ne s'est presque rien passé. Mouloud a quitté l'école sans laisser de souvenirs impérissables à Monsieur. D'abord, parce qu'il n'y est pas resté longtemps. Il ne connaît pas l'expression mais il a toujours entendu dire son petit frère que sa scolarité a été «un nuage d'été». Il ne comprenait pas vraiment ce que venait faire un cumulus aoûtien ou juillettiste dans son passage raté à l'école mais il savait que ce n'était pas une fleur. Des fleurs, il n'en a jamais eues dans sa vie, en dehors de celles qu'il arrachait avec ses compères du quartier dans les voitures nuptiales sans d'ailleurs savoir pour quoi en faire. Mais des choses qu'il a faites sans savoir pourquoi, ce n'est pas ce qui manquait dans son parcours de mauvais garçon. Il a volé les habits d'un vieil homme dans un hammam pour les jeter quelques mètres plus loin mais il n'a pas attendu pour savoir comment il en est sorti.
Il a envoyé un copain dans l'échoppe de coiffure de son père pour lui dire que sa mère venait de mourir alors qu'elle était aussi vivante que l'ennui. Il a souvent fait fumer les chats sans que cela ne l'amuse pour autant. Il a quitté l'école sans être poussé à la porte. Il a souvent été mêlé à de menus larcins sans vraiment profiter du butin récolté. Tard, mais il a fini par savoir qu'on peut appeler un homme Monsieur en dehors de l'instit et des gens qui passent à la télévision. Mais il sait que lui, personne ne l'a jamais appelé ainsi. Dans sa tête, ou on est Mouloud ou on est Monsieur, les deux sont incompatibles. Même «musicalement», ça sonne faux à ses oreilles. Ça le fait même rire de son rire bruyant en imaginant ce que ça donne : Monsieur Mouloud ! Inutile de vous dire que Mouloud n'a jamais voyagé, puisque son plus long déplacement, il s'en souvient, c'est quand il a poussé jusqu'à la place des Martyrs. Puis, il y a eu Oum Dorman. Un voisin dont tout le monde disait que «houkouma» avait réuni tous les laissés-pour-compte du quartier pour leur dire qu'ils pouvaient aller gratos, passeports et visas délivrés en moins de temps qu'il ne faut pas pour le dire. Mouloud est dans l'avion, une belle hôtesse passe devant lui et lui fait : «Attachez votre ceinture… Monsieur» ! Mouloud s'est évanoui et quand il s'est réveillé, il a trouvé l'hôtesse en train de lui essuyer le visage avec une serviette humide. Mouloud l'a regardée comme dans un rêve et lui avait dit : «Tout à l'heure, c'était bien moi que vous avez appelé Monsieur, je peux raconter ça dans le quartier ?».
Slimane Laouari
[email protected]
C'est à l'école que Mouloud s'est rendu pour la première fois qu'on pouvait appeler quelqu'un «Monsieur» dans la vraie vie. Il pensait que ce terme, c'était pour les gens qui passaient à la télévision. Il aurait pu également l'entendre au cinéma mais Mouloud n'a jamais été au cinéma, la salle de son quartier ayant fermé ses portes quand il avait trois ans. Ce n'était pas la dernière de la ville mais Mouloud a rarement quitté le quartier. Quand il quittait Belcourt pour la Grande-Poste, c'est qu'il se passait vraiment quelque chose et à trente ans, il ne s'est presque rien passé. Mouloud a quitté l'école sans laisser de souvenirs impérissables à Monsieur. D'abord, parce qu'il n'y est pas resté longtemps. Il ne connaît pas l'expression mais il a toujours entendu dire son petit frère que sa scolarité a été «un nuage d'été». Il ne comprenait pas vraiment ce que venait faire un cumulus aoûtien ou juillettiste dans son passage raté à l'école mais il savait que ce n'était pas une fleur. Des fleurs, il n'en a jamais eues dans sa vie, en dehors de celles qu'il arrachait avec ses compères du quartier dans les voitures nuptiales sans d'ailleurs savoir pour quoi en faire. Mais des choses qu'il a faites sans savoir pourquoi, ce n'est pas ce qui manquait dans son parcours de mauvais garçon. Il a volé les habits d'un vieil homme dans un hammam pour les jeter quelques mètres plus loin mais il n'a pas attendu pour savoir comment il en est sorti.
Il a envoyé un copain dans l'échoppe de coiffure de son père pour lui dire que sa mère venait de mourir alors qu'elle était aussi vivante que l'ennui. Il a souvent fait fumer les chats sans que cela ne l'amuse pour autant. Il a quitté l'école sans être poussé à la porte. Il a souvent été mêlé à de menus larcins sans vraiment profiter du butin récolté. Tard, mais il a fini par savoir qu'on peut appeler un homme Monsieur en dehors de l'instit et des gens qui passent à la télévision. Mais il sait que lui, personne ne l'a jamais appelé ainsi. Dans sa tête, ou on est Mouloud ou on est Monsieur, les deux sont incompatibles. Même «musicalement», ça sonne faux à ses oreilles. Ça le fait même rire de son rire bruyant en imaginant ce que ça donne : Monsieur Mouloud ! Inutile de vous dire que Mouloud n'a jamais voyagé, puisque son plus long déplacement, il s'en souvient, c'est quand il a poussé jusqu'à la place des Martyrs. Puis, il y a eu Oum Dorman. Un voisin dont tout le monde disait que «houkouma» avait réuni tous les laissés-pour-compte du quartier pour leur dire qu'ils pouvaient aller gratos, passeports et visas délivrés en moins de temps qu'il ne faut pas pour le dire. Mouloud est dans l'avion, une belle hôtesse passe devant lui et lui fait : «Attachez votre ceinture… Monsieur» ! Mouloud s'est évanoui et quand il s'est réveillé, il a trouvé l'hôtesse en train de lui essuyer le visage avec une serviette humide. Mouloud l'a regardée comme dans un rêve et lui avait dit : «Tout à l'heure, c'était bien moi que vous avez appelé Monsieur, je peux raconter ça dans le quartier ?».
Slimane Laouari
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