La Banque asiatique de l'investissement dans l'infrastructure (BAII) va commencer ses opérations début 2016. Cette institution qui compte 57 pays membres et dispose d'un capital autorisé de 100 milliards de dollars tend à instaurer un nouvel ordre financier, au grand dam des Etats-Unis. C'est le ministre des Finances de la Chine, Lou Jiwei, qui a fait l'annonce hier. Il a souligné en effet que l'entrée en service de cette banque est imminente et que 17 membres fondateurs ont débloqué un peu plus de 50% du capital social. Le même responsable a ajouté que la banque tiendra sa cérémonie d'ouverture à la mi-janvier et élira officiellement un président. La nouvelle banque se focalisera d'abord sur le financement de projets dans l'électricité, le transport et les infrastructures urbaines au niveau des régions d'Asie. Cet établissement va agir, selon le ministre chinois, dans la transparence, l'intégrité avec toute l'efficacité qui s'impose. Les préoccupations exprimées par certaines parties quant au respect des normes relatives à la transparence et aux normes de financement seront prises en charge sérieusement, rassure-t-il, soulignant qu'«il n'y aura pas de complaisance avec la corruption». Considérée comme rivale potentielle à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI), la Banque asiatique compte prêter de 10 à 15 milliards de dollars par an. Le ministre chinois a affirmé que l'institution reste toujours ouverte à l'adhésion de nouveaux pays, ce qui réduirait progressivement les droits de vote et des quotas des membres actuels. «L'opposition» de Washington Malgré l'opposition exprimée par Washington à la création de cette institution, certains alliés clés des Etats-Unis, tels que la Grande-Bretagne, l'Australie, l'Allemagne, l'Italie et la Corée du Sud ont fini par rejoindre cette Banque de manière à éviter l'isolement et la perte de leur influence sur les marchés financiers. Washington, qui a vu d'un mauvais œil cette banque, la considère carrément comme une concurrente des institutions nées des accords de Bretton Woods. Une position qui est loin de démotiver les initiateurs de la BAII. Bien au contraire, Pékin et ses partenaires ont pris la décision de fonder le 24 octobre 2014 cette organisation afin de stimuler des projets souvent ignorés par la Banque mondiale et le Fonds mondial international, notamment les transports, l'énergie, les télécommunications et d'autres investissements publics ayant un lien direct avec la prospérité des peuples. D'ailleurs, la BAII va investir massivement dans des projets d'infrastructures pour aider dans un premier temps les pays de l'Asie, avant d'élargir son champ d'action à d'autres continents. Les ministres des Finances des pays fondateurs qui s'étaient réunis à la fin du mois de juin à Pékin pour signer l'accord entérinant les statuts de cette nouvelle banque se sont engagés à aller plus loin dans cette première expérience qui marque, signalons-le, la fin de l'hégémonie occidentale sur les finances mondiales. L'introduction, le 30 novembre 2015, par le FMI de la monnaie chinoise, le renminbi (RMB) ou yuan, dans les droits de tirage spéciaux (DTS) de l'institution, vient confirmer à plus d'un titre la mutation qu'a connue le monde des finances. Assurément, la Chine est en train de bousculer l'ordre établi dans le monde des finances.