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Akli Moussouni, expert et ingénieur agronome : «Il n'est pas possible de sauver la saison céréalière»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11130

L'expert Akli Moussouni dresse, dans cet entretien, un état des lieux catastrophique de la politique agricole algérienne. Il recommande une autre vision quant à la gestion de ce secteur stratégique.
Le Temps d'Algérie : Le risque de la sécheresse plane sur l'Algérie. Faut-il craindre d'ores et déjà pour le secteur agricole ?
Akli Moussouni : Il y a lieu effectivement de s'inquiéter non seulement par rapport au phénomène de la sécheresse, mais au sort réservé à l'agriculture. Dans l'ensemble, c'est l'absence de politique agricole qui pose problème. En dehors du phénomène de la sécheresse, il faut rappeler qu'aucune filière agricole ne se porte bien. Nous sommes en train d'assister à la déconfiture du secteur. Ce que j'appelle la déconfiture est l'inefficacité des mécanismes de régulation, de soutien ou de subventionnement mis en place par l'Etat en faveur des filières agricoles. Je prends l'exemple de la production laitière. Le ministère de l'Agriculture s'est retiré pour laisser les producteurs et les transformateurs négocier entre eux la marge bénéficiaire de chacun. Or, cette manière de se positionner indifféremment par rapport à un secteur qui relève du ministère et des missions de l'Etat est décevante. Cela est valable aussi pour la prise en charge du phénomène de la sécheresse qui avait commencé il y a plus de 11 mois. Malgré ses conséquences, les agriculteurs n'ont pas touché de compensations. Il n'y a pas eu de mécanismes de soutien. Ces derniers se retrouvent incapables de reprendre les surfaces qu'ils avaient l'habitude de cultiver. La sécheresse a sévi cette année, surtout à l'ouest du pays où pratiquement toutes les cultures basées sur les eaux pluviales sont sinistrées, notamment les céréalicultures. Au niveau des Hauts Plateaux, notamment à Sétif et à Bordj Bou Arréridj, nous avons remarqué qu'il y avait un taux d'humidité élevée. Malgré cela, les graines n'ont pas poussé normalement et elles sont aussi dans un état sinistré. Il nous reste quelques poches au niveau des wilayas du Centre, comme Bouira, Médéa et Boumerdès, dont les pluies ont apporté un peu d'eau, permettant d'espérer une bonne récolte, à condition que la pluie revienne dans les prochains jours et semaines. Dans tous les cas de figure, je pense que la production céréalière sera réduite cette année de 80% par rapport à l'année passée et ne devrait pas dépasser les 10 millions de quintaux. Je dois souligner que même sans la sécheresse, le rendement demeure faible. Et le comble est le fait de développer des cultures céréalières dans des zones qui sont quasiment arides où la pluie manque énormément. Alors que l'intérêt est celui de concentrer l'effort sur les régions de l'Est, notamment à Sétif et Bordj, où l'on peut sauver la céréaliculture. A mon avis, le problème de l'agriculture est complexe et ne se pose pas en termes de disponibilité d'eau qu'il faudra évidemment rationner. Nous manquons terriblement de mécanisation, d'encadrement technique et de réorganisation des filières.
Qu'est-ce qu'il y a lieu de faire maintenant, et qui doit réagir ?
L'agriculture algérienne doit être reprise de fond en comble. Il faut envisager de nouveaux mécanismes et de nouvelles organisations autour d'un objectif politique de sécurité alimentaire. C'est à partir de là qu'on peut définir l'ensemble des démarches à mettre en œuvre pour aboutir à un objectif de sécurité alimentaire. Bien entendu, il faut le concevoir en tenant compte de deux points importants : à savoir la production et l'accès à l'alimentation. L'axe de sécurité alimentaire est un cadre global de l'agriculture et de tout ce qui suit avec, entre autres, l'agro-industrie, l'agroalimentaire, le recyclage des sous-produits pour produire des engrais organiques.
Est-ce qu'il existe des moyens à la portée de l'Algérie pour sauver la saison céréalière ?
Ce n'est pas possible de sauver cette saison, d'autant plus qu'il n'y a rien à sauver maintenant. Le cycle de végétation est presque dépassé pour le blé, surtout à l'ouest du pays. Nous manquons de mécanisation, de réseau d'irrigation et d'organisation. Les réservoirs d'eau disponibles sont destinés exclusivement à l'alimentation des populations, et non pas au secteur agricole. Il faudra retenir aussi que le peu d'eau disponible n'est pas exploité de manière rationnelle. Le phénomène du gaspillage à travers l'irrigation gravitaire dans des régions de l'intérieur du pays est vraiment dramatique. Pour cette année, on ne peut rien faire. Même pour l'année prochaine, on ne peut rien envisager si l'on continue à maintenir cet immobilisme et la tromperie de l'opinion publique par des déclarations officielles qui ne tiennent pas compte de la réalité. Il s'agit particulièrement des propos du ministre de l'Agriculture qui disait que l'Algérie ne va plus importer de lait et de céréales à partir de 2019. Alors que toutes les filières sont dans la déconfiture. La situation de l'agriculture algérienne est vraiment dramatique.
Dans ce contexte, pensez-vous que la facture d'importations des produits alimentaires va augmenter alors que le pays accuse une baisse drastique de ses revenus ?
Heureusement, les importations de céréales et autres biens alimentaires peuvent diminuer cette année pour la simple et unique raison que les cours mondiaux ont connu une baisse. A titre d'exemple, la tonne de poudre lait qui se vendait à 4000 dollars, l'an dernier est cédé cette année à 1500 dollars. Les prix du maïs et autres matières premières ont baissé, grâce aux rendements favorables à l'échelle mondiale. Cependant, les quantités importées ne vont pas baisser. Bien au contraire, elles vont évoluer considérablement. Pour les céréales, on va importer certainement plus de 75 millions de quintaux. Globalement, la facture des importations évolue chaque année de 600 millions de dollars. En dehors du contexte mondial, cette augmentation risque d'atteindre en 2020 les 20 milliards de dollars. C'est là le drame, car depuis l'an 2000, elle n'a pas cessé d'évoluer. Et je ne vois pas comment elle pourra un jour baisser si l'on continue dans la politique actuelle.
Quelles sont, selon vous, les mesures urgentes à envisager pour le développement de ce secteur ?
Dans l'urgence, il faudrait absolument se fixer sur deux choses. Il faut que l'Algérie ait un objectif de sécurité alimentaire. Le deuxième objectif : l'Algérie doit rééquilibrer ses relations avec l'Union européenne dans le cadre de l'accord d'association pour développer le secteur agricole. Il faut mettre en place des politiques de développement de l'agro-industrie, de l'agroalimentaire et des territoires. Il est indispensable de revoir les relations commerciales avec nos partenaires européens de manière à soutenir l'agriculture. Maintenant, le déclenchement de plan Orsec ou de prise d'actions urgentes, je considère cela comme du bricolage. Les mesures urgentes n'ont jamais fait l'économie du pays et ne peuvent assurer l'autonomie vis-à-vis des importations.
Les autorités publiques doivent-elles tenir des réunions avec les exploitants et les fellahs pour dégager des solutions ?
L'urgence réside dans la mise en place d'une cellule de crise. Cette cellule doit dégager un cadre de politique d'action visant la sécurité alimentaire. Même si on opte pour des solutions immédiates, les autorités publiques n'ont pas les mécanismes et les compétences nécessaires pour les mettre en œuvre. Je parle en connaissance de cause. L'agriculture ne relève pas uniquement du ministère de l'Agriculture ou du Premier ministère, mais de la souveraineté du pays. Il faudrait créer un cadre plus global impliquant les ministères concernés, les exploitants et les experts nationaux. Même cette décision de faire appel à des compétences étrangères ne va pas apporter ses fruits. Les experts étrangers ne connaissent pas le contexte national et les préoccupations de l'Algérie. L'agriculture algérienne est d'essence paysanne et nous n'avons pas encore d'industrie agricole. Le caractère familial et paysan domine le secteur agricole. Donc, on ne peut pas faire de l'agriculture moderne avec des paysans. Ce n'est pas possible. Il faut développer la réflexion sur la vocation des territoires et des plateformes logistiques et la mise en place d'un bon encadrement.


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