Amghar dh Tamnoukelt (le cheikh et la belle, ou la princesse) est la nouvelle pièce en chaoui produite par le théâtre régional de Batna. La pièce a été présentée samedi au Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine-Bachtarzi dans le cadre de sa tournée nationale. Avec Amghar dh Tamnoukelt, Ramzi Kedja, producteur et metteur en scène de la pièce, vient de signer son baptême du feu sur les planches en revisitant les traditions et croyances populaires des kabyles de l'Ahaggar. Le texte est de l'auteur Leïla Benaïcha, qui s'est inspirée du patrimoine de l'Ahaggar. La pièce mêle deux contes de l'auteur libyen Brahim El Kouni qui les a lui-même puisées du patrimoine plusieurs fois millénaire des touareg. Amghar th Tamnoukelt remet à l'ordre du jour l'histoire du cheikh d'une tribu du Sahara (campé par Kamel Zerara) qui, étant sur son lit de mort, guérit soudainement d'une longue maladie et retrouve sa jeunesse. Alors qu'il agonisait, l'ange de la mort lui est apparu et a conclu un pacte avec lui. «Tu seras guéri de ta maladie, tu retrouveras ta jeunesse et je te laisse la vie à condition que tu ne dévoiles mon secret à personne.» Le cheikh accepta et le pacte fut conclu durant le premier acte de la pièce qui s'est déroulé dans une obscurité lugubre, détendue à peine par les jeux de lumières et surtout une musique à faire frémir les quelques présents venus assister à la pièce. Etant en chaoui, la pièce n'a malheureusement pas attiré la grande foule. Remis sur pieds après une longue maladie qui l'a longtemps cloué au lit, le cheikh étonne toute sa tribu stupéfaite et sceptique par sa soudaine guérison. Pour fêter son retour à la vie, le cheikh organise une fête et souhaite se remarier. Des images du Sahara Remzi Kedja assisté à la mise en scène par Fouzi Ben Brahim a réussi à reproduire une belle scène de fête typique de l'Ahaggar. Il faut noter toutefois que la musique signée par Nadjib Ben Chadi et les danses exécutées par les danseurs Abderrahmane Brahimi et Abdellah Brahimi, les chants typiques de l'Ahaggar et des Touareg ont créé une bonne ambiance à la salle Mustapha-Kateb du TNA. Les costumes des comédiens signés par Latifa Bouchama et Messaoud Oussif ont été bien étudiés et rappellent les images du grand sud. A travers certaines scènes, la pièce montre la richesse culturelle, la profondeur et la signification des chants du Sahara. Par ailleurs, les youyous des femmes ont contribué à dissimuler le complot qui se tramait. Pour tester sa loyauté, l'ange de la mort envoie à Amghar une djenya (démon) sous l'apparence d'une belle jeune femme campée par Hassiba Ait Djebara. La pièce reprend un beau conte, une légende puisée du patrimoine populaire de l'Ahaggar, mêlant des variantes de plusieurs régions d'Algérie qui nous replonge au cœur des histoires et des croyances de nos ancêtres. Ramzi Kedja est un comédien et metteur en scène prometteur qui a longtemps travaillé aux côtés du metteur en scène Chaouki Bouzid. Il a été plusieurs fois récompensé notamment par le Prix de l'interprétation masculine au Festival du théâtre amazigh de Batna ainsi qu'au Festival du théâtre professionnel d'Alger. Amghar dh Tamnoukelt, qui a été présentée pour la première fois il y a deux semaines à Batna, est en tournée à travers plusieurs villes d'Algérie.