Qui mieux que lui pour dissiper les malentendus. Homme de dialogue respecté, Jean-Pierre Chevènement, président de l'association France-Algérie, n'ignore pas qu'il a bonne presse en Algérie. Lors de sa visite, il a appelé les deux pays à aller vers l'essentiel. Paris veut tourner la page des malentendus. La visite de Jean-Pierre Chevènement, mercredi et jeudi à Alger, même si elle n'a rien d'officiel, revêt, toutefois, un caractère solennel et apaisant. Pourquoi ? D'abord, l'ex-ministre français a de tout temps eu bonne presse en Algérie et ailleurs. Connu pour ses positions franches, sages et consensuelles, l'homme sait qu'il jouit d'une bonne réputation. Ensuite, homme de dialogue, profondément attaché à la paix dans le monde et particulièrement impliqué dans un projet méditerranéen des peuples, le président de l'association France-Algérie n'ignore pas qu'il peut compter sur le bon sens d'Alger afin de dépasser les fâcheries et les maladresses commises en cascade par les dirigeants français, et non des moindres, à l'égard d'Alger. «Ma visite à Alger a permis de dissiper certains malentendus», a-t-il affirmé, à l'issue de l'audience que lui a accordée, jeudi, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. «Je suis heureux de ma visite à Alger qui m'a donné l'occasion de rencontrer longuement le Premier ministre (Abdemalek Sellal). Nous avons pu faire un large tour d'horizon, dissiper certains malentendus qui pouvaient s'être développés à partir de maladresses d'exécution», a-t-il encore indiqué. Exit donc le tweet mal convenu du Premier ministre français, Manuel Valls, après sa rencontre avec le président Bouteflika, le mois passé. Chevènement veut passer l'éponge. «Il faut aller à l'essentiel», suggère-t-il, lui qui ne veut pas se détourner de l'avenir prometteur des relations algéro-françaises. Il a appelé de ses vœux à ne pas tomber dans le piège des petites phrases et des commentaires des hommes politiques. «Vous connaissez bien le système dans lequel nous vivons. Vous êtes des journalistes, vous savez très bien qu'un commentaire attire l'autre, les hommes politiques sont souvent friands de petites phrases, donc vous-mêmes vous faites monter la sauce», a-t-il regretté, tout en poursuivant qu'«il y a un moment où il faut dire, là n'est pas l'essentiel. L'essentiel est dans les fondamentaux». «Ensemble, mieux que séparés» N'ignorant sans doute pas l'importance de bâtir une relation sereine et apaisée entre les deux pays, Chevènement appelle Alger et Paris à se concentrer sur l'intérêt mutuel que partagent les deux pays. Il a ainsi exprimé «sa confiance dans l'avenir des relations bilatérales parce que, a-t-il dit, cela répond à l'intérêt mutuel, à l'amitié et aux affinités qui se sont créés qu'on le veuille ou non au cours du temps». Et pour mieux illustrer son propos, le président de l'association France-Algérie, cité par l'APS, n'hésitera pas à paraphraser le président Bouteflika. «Les relations franco-algériennes peuvent être bonnes, elles peuvent être mauvaises, elles ne sont jamais banales», a-t-il indiqué. A Alger, Chevènement relèvera par ailleurs des «évolutions positives» entre les deux pays et dans plusieurs domaines. Pour lui, le nombre de visas accordés par la France aux Algériens en est une preuve tangible de cette relation qui va de l'avant. «Le nombre a atteint les 400 000 en 2015 alors qu'il était de 200 000 en 2012», a-t-il dit. Autre exemple, cette évolution se ressent également dans les investissements français en Algérie, a-t-il noté. Pour le président de l'association France-Algérie, «cette amitié (entre les deux pays) est plus que jamais indispensable, parce que la France a besoin de l'Algérie et l'Algérie a besoin de la France et ensemble nous pourrons faire beaucoup mieux que séparément». Chevènement a déclaré avoir évoqué avec Lamamra «beaucoup de sujets qui se posent dans l'environnement général : en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient». Sur la situation en Libye, il a indiqué que «l'approche algérienne nous apporte beaucoup», exprimant l'espoir qu'«ensemble, nous allons pouvoir peser d'une manière heureuse et positive pour permettre à la Libye de retrouver son équilibre dans la paix».