Il y a quarante ans nous quittait Dahmane Benachour. Sa voix et sa sagesse rôdent toujours autour de la ville des roses. La ville des roses, du jasmin et de la bonne musique, c'est Blida. Et Blida c'est le grand violoniste Mahmoud Oul Sidi Sâid dit Qelb Edelaâ. Blida, c'est Hadj Mahfoudh et Dahmane Benachour. Blida, c'est cette ville odorante qui continue de nous offrir des musiciens et des chanteurs tels que Farid Khodja et Nassima. On ne peut parler de Blida sans penser à ses artistes, ses chanteurs et ses peintres. Le fondateur de cette paisible ville, Sidi Ahmed El Kbir, qui venait d'Andalousie, semble avoir semé des graines d'andalou qui ne cessent à ce jour de donner naissance à des artistes très doués pour perpétuer cet art. Le plus célèbre de ces chanteurs, aux côtés de Hadj Mahfoudh, est Dahmane Benachour. Né le 11 mars 1912 dans le quartier de Ouled Yaich à Blida, Achour Abderrahmane dit Dahmane Benachour, passera d'abord par l' école coranique que tenait son grand-père avant de se rapprocher petit à petit de la vie artistique en devenant d'abord apprenti coiffeur. Ce métier lui permettra de connaître quelques artistes de Blida, notamment Ali Mili, qui l'encouragera au début des années trente à rejoindre l'association El Adabia dirigée par Cherif Bencherchali. C'est au sein de cette association qu'il fera connaissance avec les grands musiciens de Blida tels que Boualem Stamairo et Hadj Medjber. Ces deux musiciens ont été formés par cheikh Mahmoud Ould Sidi Saïd, dit Qelb Eddelaâ. Hadj Medjber, qui était déjà un maître du violon, deviendra son ami intime et son conseiller. D'ailleurs, ce grand violoniste deviendra le bras droit de Dahmane Benachour qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort, le 15 septembre 1976. Hadhri et hawzi Le respect et l'amitié qu'avait Benachour envers Hadj Medjber devraient rester comme exemple exceptionnel dans l'histoire. Dahmane Benachour qui n'a jamais oublié l'aide de ce maître à ses débuts et durant toute sa carriers lui a offert son propre fils, car Medjber ne pouvait pas en avoir. L'amitié alla plus loin encore car, après le décès de Hadj Medjber, c'est la famille de Dahmane Benachour qui prît en charge la veuve de Medjber jusqu' à sa mort. En 1934, Dahmane Benachour adhère à la doyenne des associations blidéennes, El- Widadia, pour parfaire ses connaissances. Il faut rappeler que Moussa Khedioui est pratiquement le fondateur de toutes les associations blidéennes. Dahmane Benachour profitera alors des cours donnés par Mahieddine Lakhal qui est derrière la formation de très grands chanteurs tels que Sadek Bedjaoui et Said Bestandji. Bien qu'il ait eu du succès lors de sa participation à la fête du trône au Maroc, ce n'est qu'au début des années 1940 qu'il commencera sa carrière de professionnel. C'est ainsi que dès l'ouverture de la chaîne arabe de la radio en 1946, il est appelé à faire partie de l'orchestre dirigé par Mohamed Fekhardji. Maîtrisant l'andalou, le chanteur deviendra par la suite un grand spécialiste du hadhri et du hawzi. Un maître et des disciples D'ailleurs, l'enregistrement de la chanson El Khezna El Kbira, écrite par Sidi Lakdhar Benkhlouf, prouvera que Dahmane n'a pas d'égal même dans les autres styles de chanson. Il ne cessera de monter, et ses pairs de la chanson andalouse, non seulement de Blida mais de tout le pays, le reconnaîtront en tant que grand maître de la chanson andalouse. Le chanteur réussira également en tant que professeur, car ses élèves Nassima et Farid Khodja deviendront par la suite parmi les chefs de file de ce style. Décédé suite à une intervention chirurgicale à l'hôpital de Blida, Dahmane Benachour restera parmi les plus grands maîtres de la chanson andalouse algérienne. Sa voix de velours et son charme sont irremplaçables.