La crise diplomatique entre le Qatar et ses voisins du Golfe n'a pas tardé à avoir des conséquences sur le plan économique. Les liaisons aériennes et maritimes ont été sacrifiées. Doha se retrouve isolée et presque étouffée. Qatar Airways a annoncé, hier, avoir suspendu ses vols vers l'Arabie saoudite, après que le transporteur national Saudia a pris une mesure similaire pour ses vols vers le Qatar. Aux Emirats arabes unis, qui ont également rompu avec le Qatar en même temps que Bahreïn, les compagnies aériennes Etihad, Emirates et flydubai ont pour leur part annoncé la suspension de leurs vols en provenance et à destination du Qatar. Dans des communiqués séparés, Etihad Airways, Emirates, flydubai et Air Arabia précisent que la suspension des vols avec le Qatar entrera en vigueur ce matin «jusqu'à nouvel ordre». Les quatre compagnies affirment assurer leurs vols prévus hier et proposer à leurs clients «d'autres options», y compris des remboursements complets de billets d'avion. Elles présentent leurs excuses pour «la gêne» causée par la suspension de leurs vols en direction du Qatar. Les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et Bahreïn ont décidé de fermer hier avec le Qatar leur espace aérien et leurs frontières terrestres et maritimes. La fermeture par les trois pays membres du Conseil de coopération des pays du Golfe de leur espace aérien avec le Qatar devrait affecter de nombreux passagers qui transitent quotidiennement entre ces pays. L'Egypte a également pris la décision de rompre avec Doha et annoncé la fermeture des frontières «aériennes et maritimes». «L'arrêt de tous les vols aériens entre l'Egypte et le Qatar» sera appliqué «dès mardi 6 juin à 04H00 GMT (06H00 au Caire) et ce jusqu'à nouvel ordre», a indiqué le ministère de l'Aviation civile dans un communiqué. Les avions du Qatar n'auront pas donc le droit d'emprunter l'espace aérien de l'Egypte, ni d'atterrir dans le pays, précise ce texte. La compagnie aérienne EgyptAir a annoncé «la suspension de ses vols reliant Le Caire à Doha, à partir de mardi, jusqu'à nouvel ordre», alors qu'une importante communauté égyptienne vit au Qatar. Ces mesures de représailles prises par les pays arabes pourraient avoir de graves répercussions sur le Qatar. L'organisation du Mondial 2022, confiée au Qatar et au même titre que d'autres évènements sportifs internationaux aura d'énormes difficultés pour le transport de la logistique. La Fifa a dû réagir hier suite à cette crise diplomatique. A travers un communiqué, elle a précisé qu'elle est «en contact régulier avec le comité local d'organisation» de la Coupe du monde 2022. Le marché boursier a été également impacté par cette tension diplomatique qui a fait plonger la Bourse de Doha de 7,5% dans les premiers échanges. Le pétrole a ouvert en baisse à New York, après avoir connu une remontée en Asie et à Londres. Les craintes d'une éventuelle rupture d'approvisionnement sont appréhendées. Sur ce plan, certains experts n'écartent pas dans le cas de la persistance de cette crise un éventuel rapprochement entre le Qatar et l'Iran, deux puissances gazières. Ce qui pourrait avoir un effet sur les décisions de l'Opep. Il faut savoir que le Qatar n'a jamais affiché une politique foncièrement hostile à l'égard de l'Iran, pays avec lequel Doha partage un immense champ gazier dans les eaux du Golfe persique. Certains commentateurs ont même relevé que le positionnement de Doha sur l'Iran serait à l'origine de la rupture des relations diplomatiques avec les pays du Golfe. Décidément, l'unité du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui était jusque-là exemplaire, vole en éclats.