Plusieurs régions de la wilaya de Tizi Ouzou, en particulier, en haute Kabylie, ont célébrée avec faste la fête de l'Achoura ou Taâchourt qui reste l'une des rares fêtes religieuses à marquer encore profondément les us et coutumes. Cette fête qui est surtout marquée par de véritables rites et cérémonies de réjouissance comme timechrat et zerda est aussi une occasion de retrouvailles. Les différents et nombreux mausolées disséminés à travers les localités et villages de la haute Kabylie, notamment à Larbaâ Nath Irathen, à Béni Douala, à Aïn El Hammam, à Mekla, à Souamaâ, à Bouzguène etc., ont constitué, l'espace d'une journée, un lieu de convergence pour des milliers de personnes qui viennent en quête de baraka des saints patrons des lieux. Sur place, on fait des offrandes, des dons en argent ou autre avant de s'adonner aux prières et aux vœux de prospérité et de paix. Cette célébration constitue aussi une occasion aux caisses communes des villages de se remplir. L'argent collecté sert généralement au financement des projets des villages, comme l'entretien des ruelles, des cimetières. L'Achoura ce n'est pas seulement les prières et les collectes de dons. C'est aussi et surtout une occasion inouïe pour les jeunes filles de se faire belles, de faire des implorations afin qu'elles se marient. Nombreux sont ceux qui demandent en mariage les jeunes au niveau même des mausolées. D'ailleurs, il existe un adage qui déconseille aux jeunes de s'engager pour le mariage le jour de Taâchourt car, en pareille occasion, toutes les filles se font belles et s'habillent de leurs plus beaux atours. Les Ath Bouhini au rendez-vous La fête de l'Achoura s'est distinguée encore cette année au niveau du saint Abbad Cherif à Aït Bouhini dans la commune de Yakourène, par une waâda à laquelle ont été conviés tous les citoyens de la région et même au-delà, chose constatée au niveau des matricules de véhicules qui s'y sont rendus ce dimanche, et qui sont venus de plusieurs wilayas du centre du pays. La waâda du saint Abbad chérif est connue ces dernières années par un engouement important des citoyens à l'occasion de cette fête religieuse dont le rite reste toujours d'actualité et revient chaque année chez les populations musulmanes. C'est à un couscous au bœuf ou au mouton que sont conviés les invités par les Aït Bouhini qui ont sacrifié à l'occasion 3 bovins et 27 ovins, grâce aux dons des âmes charitables de la région. Dans leur mission, les Aït Bouhini ont commencé la préparation de la fête dès le samedi, afin de permettre son bon déroulement. C'était aussi un moment de recueillement sur le tombeau du saint Abbad Cherif en donnant une «sadaka», selon le portefeuille de chacun, sous les psaumes des cheikhs du village, avant qu'ils ne soient conviés au festin préparé en la circonstance, où hommes, femmes et enfants ont eu le plaisir de goûter au fastueux couscous. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le déroulement de cette waâda s'est fait dans des conditions organisationnelles des plus vigilantes, où la sécurité des biens et des personnes était de mise, grâce à la volonté des villageois. Une volonté qui a été aussi marquée par la mobilisation des chauffeurs de fourgons du village afin de transporter les personnes gratuitement vers Aït Bouhini à partir d'Azazga, en y assurant aussi les retours.