La filière de la tomate industrielle risque de disparaître. La sonnette d'alarme est tirée une nouvelle fois par les transformateurs dont le nombre s'amenuise d'année en année. Il y a quelques années, ils étaient une vingtaine, alors qu'à présent, on en compte moins d'une dizaine. Ils sont cinq ou six qui continuent à fonctionner. Quelque 150 000 postes d'emploi ont été supprimés, relèvent des transformateurs contactés hier. Une relance de la filière est devenue plus qu'urgente, pensent certains opérateurs de cette branche, qualifiée de «stratégique» par les pouvoirs publics. Ils attendent «un geste» du gouvernement qui prône une politique visant à réduire les importations, alors qu'en réalité, aucune mesure n'est prise pour sauver cette filière qui permettra de couvrir les besoins nationaux en tomate industrielle, voire dégager des excédents destinés à l'exportation. «La filière est déficitaire depuis de longues années surtout suite à la perte de change et l'augmentation des frais bancaires à 24%». Les aides doivent s'élargir aux transformateurs Les aides accordées aux agriculteurs qui ont bénéficié aussi de l'effacement de leurs dettes ne peuvent suffire pour relancer la filière. Les agriculteurs ne peuvent s'aventurer à produire la tomate industrielle si les usines de transformation ne sont pas opérationnelles. Cette crainte de trouver preneur a poussé beaucoup d'agriculteurs à réduire les superficies consacrées à cette culture ou changer carrément en optant pour d'autres produits, notamment le blé qui peut automatiquement trouver preneur. Ceci a engendré un important recul de la récolte. Les responsables de la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya d'Annaba tablent cette année sur une production de 500 000 quintaux contre un million de quintaux en 2008. La chute est de l'ordre de 50%, a-t-on relevé, expliquant que l'autre raison de ce faible rendement est les crues, engendrées au mois de mai dernier, qui ont sévèrement affecté quelque 3000 hectares sur les 5000 ha habituellement utilisés. Habituellement, la région est du pays, principal pourvoyeur de tomate industrielle, consacre une superficie de 25 000 hectares à cette culture. Or, cette année, moins de 7 000 hectares ont été cultivés en tomate industrielle. Dans la wilaya d'El Taref, une superficie de 7 000 hectares est destinée à cette culture alors que cette année, seuls 1 000 hectares ont été cultivés en tomate industrielle, a relevé un transformateur de cette région qui dit comprendre les craintes des agriculteurs quant à la possibilité d'écouler leur production. Le prix de la tomate industrielle en hausse Suite à une prévision de baisse des rendements de tomate industrielle, les transformateurs s'attendent à une révision à la hausse des prix de ce produit pour augmenter d'au moins d'un dinar et passer de 8-9 DA /kg en 2008 à 10 DA voire 12 DA en 2009. Suite à la baisse de la production, les transformateurs seront obligés d'importer du triple concentré pour produire du double concentré, garantissant un fonctionnement à leurs unités. Le marché algérien sera submergé par la tomate industrielle importée depuis les pays arabes, dans le cadre de la zone arabe de libre- échange. Les transformateurs nationaux craignent l'introduction de ces produits à faible prix puisqu'ils seront exonérés de taxes douanières. Le gouvernement est interpellé pour des mesures salvatrices. Les opérateurs de la filière s'attendent à ce que le gouvernement se penche sur leur cas. Mais dans les meilleurs délais, souhaitent ces transformateurs qui qualifient «d'obsolètes» les mesures d'aides destinées aux agriculteurs puisque rien n'a été prévu à l'adresse des transformateurs. En dépit des aides, les agriculteurs ne peuvent investir une filière où ils risquent de jeter leur production, faute de trouver preneur.