Quiconque volontairement fait des blessures et porte des coups à ses père et/ou mère légitimes ou autres ascendants légitimes est puni ainsi qu'il suit : emprisonnement de cinq à dix ans, si les blessures ou les coups n'ont occasionné aucune maladie ou incapacité totale del'espèce mentionée à l'article 264. Cela est l'article 287 (ordonnance n°75-47 du 17 juin1975) et l'alinéa un. Amr a battu sa maman et pas seulement. Radja Bouziani, la jeune juge d'El Harrach (cour d'Alger), avait dû probablement avaler deux tubes de calmants avant de fixer durant dix longues secondes qui paraissaient ne pas finir l'auteur de coups et blessures, suivis de menaces de mort à l'encontre de sa maman : «Vous êtes sûr de bien vous porter en ces grosses chaleurs ? Plaidez-vous coupable ou non ?» Amr baisse la tête d'abord et semble même chercher quelque chose de précieux sur sa poitrine. La présidente reprend la question mais avec moins de mots : «Alors, vous avez oui ou non battu votre mère ?» Amr lève cette fois-ci la tête, les épaules et tous ses cent quatre-vingts centimètres : d'abord, il marmonne, il dit des bribes de mots que seule la présidente peut entendre. Messaoud Kennas, le représentant du ministère public, tape des doigts sur le pupitre, Bouziani comprend le geste du procureur. «Haussez le ton, inculpé, il y a des personnes qui n'ont pas bien entendu», lâche la magistrate qui semble avoir plus de tonus dans le timbre de la voix. Il est vrai que l'émotion peut étouffer toutes velléité à s'exprimer, mais ici la juge a voulu démontrer au détenu toute l'ampleur du désastre qu'il a commis en levant la main sur la maman, absente ce mercredi. «Oui, j'ai agressé ma mère et ne me demandez pas pourquoi», articule enfin Amr qui a dû réaliser le tsunami qui va le soulever haut dans les airs avant de se retrouver dans les profondeurs de ce terrifiant «Quatre Ha». - «Dites-nous un peu ce brandissement d'une hache, les insultes, les coups, les menaces et les mots orduriers jetés à la face de votre pauvre maman, c'est quoi ?», a dit le parquetier qui a dû faire exprès de répéter les mots durs à entendre, tels la hache, les menaces, les coups, les mots grossiers. Il a fait mouche. Il va demander une peine de trois ans de prison ferme.Bouziani va alors cesser de fixer le détenu des yeux avant de pondre une phrase qui voulait amorcer la lourdeur de la force de frappe du tribunal. Prenant en considération probablement l'absence de la maman laquelle a dû se désister (ah, ces sentiments parentaux !). La juge inflige douze mois de prison ferme et c'était très bien payé. Reste les «cadeaux» des détenus qui n'aiment pas ceux qui agressent leurs parents.