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«L'Algérie devra s'imposer en tant qu'acteur incontournable»
Dr Mourad Preure, expert pétrolier et directeur du Cabinet MP Strategy Consulting :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 31 - 03 - 2010

L'Algérie va proposer la réduction de la production de gaz lors de réunion du forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) le 19 avril à Oran. Dans cet entretien, l'expert pétrolier international et directeur du cabinet MP Strategy Consulting, le Dr Mourad Preure, explique la situation du marché et la stratégie que devrait suivre l'Algérie pour éviter le pire.
Le marché gazier semble aujourd'hui déséquilibré et en crise avec pour conséquence une dépréciation des prix qui ont atteint 4 dollars sur le marché spot. Quelle lecture faites-vous de ce phénomène et quels développements possibles voyez-vous à l'avenir ?
L'industrie gazière connaît un excédent de capacité avec 100 Gm3 (milliards m3) de gaz naturel liquéfié (GNL) en trop. Cet excédent s'accroîtrait pour atteindre 130 Gm3 d'ici 2013. Les deux tiers de cet accroissement viendront du Moyen-Orient. Les usines de liquéfaction dans le monde n'ont tourné qu'à 74% de leur capacité qui était de 337 Gm3 en 2009 et qui sera portée à 380 Gm3 en 2010.
L'industrie du gaz se rapproche dans ses mécanismes de marché de l'industrie pétrolière avec 30% des capacités inutilisées attendues en 2010 contre quelque 10% pour l'industrie pétrolière (plus de 20% pour l'Opep). 2010 est une année charnière.
Le marché subit une bulle gazière qui est le résultat de l'effet de ciseaux entre l'augmentation de l'offre avec l'arrivée d'importants projets de GNL (Qatargas II, Sakhalin II, Nigeria mais aussi Yémen et Australie) et le tassement de la demande dû d'abord à la crise économique ensuite à l'arrivée sur le marché des gaz de schistes américains qui ont tari ce débouché.
Cette bulle devrait perdurer jusqu'en 2013/2014. Mécaniquement, les prix spot ont été divisés par quatre en 2009 pour atteindre 4 dollars, alors que les prix sur les contrats à long terme indexés sur le pétrole s'orientaient à la hausse à la suite des prix pétroliers, représentant aujourd'hui à peu près le double des prix spot.
En fait, nous pouvons parler d'un nouveau paradigme gazier avec une nouvelle relation entre marché spot et marché de long terme. L'indexation sur les prix du pétrole sera de plus en plus difficile car le marché tendra à être plus spéculatif avec une dominance du court terme et aussi une volatilité des prix.
L'allongement des routes des méthaniers et l'augmentation de leur taille, conjugués avec les importants volumes qui arrivent sur le marché et au retournement de l'équilibre gazier américain vont renforcer le rôle d'arbitrage du bassin atlantique.
Nous assistons à des modifications structurelles dans l'industrie gazière avec une rupture des cloisonnements entre maillons de la chaîne, entre énergies et entre zones de consommation. Le commerce du gaz est à la recherche d'un nouveau modèle économique. Je pense que nous devons plus que jamais avoir une attitude pro-active en veillant à agir sur ces changements plutôt qu'à les subir.
La réunion du FPEG d'Oran va, sur proposition de l'Algérie, envisager la réduction de la production. Pensez-vous que les conditions existent pour établir les prémisses d'une cartellisation du marché gazier ? Quels consensus voyez-vous possibles ? Peut-on parler d'un prix d'équilibre pour le gaz ?
En effet, l'Algérie propose une réduction de l'offre. Les producteurs sont-ils mûrs pour une telle démarche, j'en doute. Ils ne le sont pas d'abord pour une raison : considérant ce qu'il en est advenu du marché américain avec l'arrivée des gaz non conventionnels, les producteurs membres du FPEG convoitent un leadership sur le marché européen, la Russie voulant conserver et renforcer ses positions, le Qatar voulant consolider ses parts de marché et en gagner d'autres.
Et le Qatar le fait en bouleversant les règles du jeu, soit en accentuant la part des transactions spot, ce qui a pour effet de mettre en difficulté les fournisseurs traditionnels de ce marché, dont notre pays.
Mais il ne faut pas oublier la Norvège ainsi que les nouveaux entrants qui postulent à une part de ce marché en recomposition du fait de la déréglementation et sa conséquence : la coexistence de transaction de court et de long terme sur le même marché.
En baissant ses exportations de 19 Gm3 la Russie a équilibré le marché européen qui a subi une baisse de la demande. Le problème est que le Qatar ainsi que la Norvège ont profité de cette baisse.
C'est ainsi que la Russie opère actuellement un revirement stratégique en consentant à facturer sur une base de prix spot une proportion de 10 à 15% de son gaz vendu dans le cadre de contrats de long terme, en consentant aussi à vendre au minimum du take or pay, voire même en deçà. Vous imaginez bien que les clients vont demander aux autres fournisseurs, dont notre pays, les mêmes faveurs !
Sachant que les Russes s'apprêtent en 2011 à augmenter leurs fournitures à l'Europe à travers le gazoduc North Stream pour 27,5 Gm3, je les imagine mal s'engager dans des logiques concourant d'une manière ou une autre à la cartellisation du marché.
Ajoutons aussi que le gazoduc South Stream qui transportera en 2014 l'équivalent des exportations algériennes est en pleine maturation avec comme question clé son montage financier et partenarial. En fait, à bien des égards, cette situation connue par l'industrie gazière se rapproche de celle connue par l'industrie pétrolière lors du choc baissier de 1986.
La Russie qui a perdu des parts de marché veut à tout pris les reconquérir, fusse au prix (en est-elle consciente ?) d'une guerre des prix qu'elle peut déclencher sans s'en rendre compte. Et de fait, les fournisseurs risquent fort de se retrouver dans une situation intenable avec des prix spot entraînés à la baisse par l'excédent de volume et la disposition de fournisseurs à vendre pour absorber leurs coûts fixes, fusse au coût marginal.
Tout ceci ne présage rien de bon pour le futur car le report des investissements (le projet russe Shtockman en mer de Barents, mais aussi des projets au Moyen-Orient) risquent de conduire à un déséquilibre à moyen terme sachant que l'Europe accroît sa dépendance gazière qui atteindrait 80% en 2030.
Quelle stratégie recommandez-vous pour l'Algérie ?
J'ai parlé plus haut de pro-activité. Des mutations lourdes sont aujourd'hui à l'œuvre dans l'industrie gazière. L'Europe, qui est notre marché naturel, est au cœur de ces changements et vit un changement fondamental de son industrie gazière avec une accentuation de la dominance du court terme dans le commerce du gaz et l'arrivée de nouveaux entrants qui vont bouleverser les règles du jeu.
Nous devons nous adapter en tirant avantage de notre position, de l'importance de notre potentiel tant en amont que dans le transport, de notre expertise unique dans le GNL, et aussi des relations de confiance que nous avons réussi à construire dans nos relations avec nos clients. Nos réserves sont limitées.
Si l'on s'en tient aux estimations de deux publications de référence le BP Statistical Review et l'Annual Statistical Bulletin de l'Opep, tous deux se fondant sur des chiffres fournis par Sonatrach, nos réserves s'élèveraient au plus à quelque 4,5 Tcm contre
55 Tcm au Moyen-Orient. Donc nous devons plus nous imposer en tant qu'acteur qu'en tant que source de gaz. Et dans ce sens, je pense qu'il faut aller vers des partenariats innovants tendant à nous procurer une position déterminante sur le marché européen.
Il faut aller vers des partenariats d'intégration croisée qui nous ouvriraient l'aval gazier et la génération électrique et qui en même temps amèneraient dans notre amont des acteurs européens qui auront intérêt à sécuriser nos débouchés.
Ce sont de véritables alliances stratégiques qu'il faut monter au plus vite car les périls arrivent comme je vous l'ai dit et le risque est réel que notre part dans le marché européen ne soit érodée. Sur cette base, je pense utile de travailler avec les pays producteurs dans le cadre du FPEG notamment pour faire en sorte que les volumes mis sur le marché dans le cadre des transactions spot n'affectent pas le développement à long terme de cette industrie.
J'entends la sécurisation des investissements nécessaires à la création des capacités pour répondre à la demande future.
S'agissant de chaînes hautement capitalistiques, cette industrie ne peut pas fonctionner sur une stricte logique de court terme, cela me semble totalement hors de propos, quand bien même fussent mis en place les plus sophistiqués mécanismes d'arbitrage et de couverture contre le risque prix. La situation d'un marché autosuffisant et fortement interconnecté comme le marché américain n'existe pas en Europe.
Quelle lecture faites-vous de l'affaire Sonatrach ?
Pour conclure, je voudrais dire qu'il est positif que l'Algérie soit le cadre où des débats importants aient lieu à un moment où l'industrie du gaz naturel est à un tournant décisif.
Il faut aussi, après les turbulences traversées par notre compagnie nationale qui doivent être traités avec sérénité et sang-froid, que d'autres compagnies autrement plus importantes ont connues avant elles dans le monde, que notre presse prenne toute la mesure de notre rôle dans la scène énergétique et n'hésite pas à mettre en avant la contribution
de l'Algérie aux grandes avancées de l'industrie gazière, son rôle de pionnier, depuis la première usine de GNL construite en Algérie, le premier gazoduc transcontinental construit dans des conditions technologiques inédites alors, l'expertise et la maîtrise par les femmes et les hommes qui animent Sonatrach de toute la chaîne gazière (tous les procédés sont opérés dans notre pays.)
et son ambition à participer aux futurs challenges de cette industrie. Encore une fois cet évènement doit renforcer Sonatrach et lui ouvrir de nouvelles perspectives stratégiques pour le plus grand bien de notre pays.


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