Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, avait bien déclaré que l'Etat hébreu n'avait aucune intention d'attaquer le Liban cet été. Tiendra-t-il toutes ses promesses ? L'acte de provocation à la frontière Nord laisse croire qu'Israël est prêt à tout. Cependant, faudrait-il s'attarder sur la question de savoir qui a ouvert le feu en premier ? Il est plus censé de s'intéresser à la violation par l'armée israélienne de la souveraineté territoriale libanaise. L'explication pourrait être celle de Cheikh Nasrallah, le chef charismatique du Hezbollah libanais qui a accusé Israël d'avoir assassiné Rafik El Hariri : la présence de l'armée israélienne en territoire libanais se résume à la tentative d'installer une caméra de surveillance au nez et à la barbe de la Finul. Trop simpliste ? Probablement. Réuni en urgence, le cabinet israélien a exigé des Etats-Unis et de la France de cesser d'approvisionner l'armée libanaise en armes du fait que celle-ci tisseraient des «liens étroits» avec le parti armé chiite. Le sévère avertissement de Tel-Aviv est ainsi adressé directement à l'état-major de l'armée libanaise et au gouvernement de Beyrouth aux côtés duquel se tiennent l'Iran, la Syrie et la Jordanie. Toutefois, le gouvernement Netanyahou a indiqué que le calme devrait revenir assez rapidement tout au long de la frontière Nord comme s'il lui fallait à présent attendre la réaction de l'armée libanaise à propos d'une présumée infiltration permanente d'éléments proches ou affiliés au Hezbollah dans ses rangs. Au-delà de ce fait, il est clair que l'Etat hébreu et ses alliés occidentaux visent à atteindre un seul et unique objectif : désarmer la formation chiite qui est sous le coup d'une résolution de l'Onu qu'elle refuse d'appliquer par la faute de la poursuite de la colonisation israélienne en territoires arabes. Mais quel est le pourquoi de cet obsessionnel vœu de détruire l'arsenal du Hezbollah, en plus du fait connu de vouloir garantir la sécurité d'Israël ? Démocratiser le pays du Cèdre ou défraîchir le terrain pour une éventuelle attaque des installations nucléaires iraniennes ? Tout laisse penser que l'alliance israélo-occidentale cherche à écarter les soutiens politiques et militaires dont la République islamique d'Iran pourrait bénéficier en cas de guerre alors qu'il est avéré que les récentes sanctions touchent de plein fouet l'économie iranienne. Ce n'est certainement pas un hasard si l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Agence internationale de l'énergie nucléaire a déclaré que des membres de l'AIEA envisagent une inspection spéciale en Syrie pour clarifier les questions liées à ses activités nucléaires. Car, en plus de vouloir briser les liens forts entre l'Iran et la Syrie, Israéliens et Occidentaux tenteraient le diable pour que Damas s'éloigne du Hamas palestinien, le succès du dialogue direct palestino-israélien en dépendra fortement. Le président Obama, qui a transmis ses condoléances à la famille du lieutenant-colonel israélien tué lors de l'incursion de la soldatesque de Barak en territoire libanais et qui a refusé un face-à-face public avec le président Ahmadinejad, cautionnera-t-il toutes les pressions même celles qui commencent à s'exercer sur les pays arabes, reconnus pour leur modération ? Programmé, le «déséquilibre démocratique» pourrait se révéler au grand jour au moment des rendez-vous électoraux propres à chacun. D'ici là, un quelconque groupe armé se décidera-t-il à revendiquer l'attaque à la roquette qui a été opérée à partir du Sinaï et qui a visé la ville jordanienne d'Al Akaba ? Au nom du dialogue direct, le coupable demeurerait sans origine.