Le Tribunal suprême d'Espagne a confirmé la sentence de six ans de prison prononcée, il y a deux ans, par le tribunal de Almeria à l'encontre du ressortissant algérien, A. Chakib, âgé de 22 ans. Ce dernier a été reconnu coupable d'avoir organisé la traversée d'une patera (embarcation de fortune) qui avait été interceptée, le 13 novembre 2006 à l'aube, par les gardes-côtes de cette région avec à bord dix candidats à l'immigration clandestine en provenance d'Oran. Un passager «comme les autres» La loi espagnole sur le trafic des personnes avait été réformée, à cette date, à la suite des avalanches d'immigrés clandestins aux Canaries et le long de la côte méditerranéenne, en vue d'accélérer les procédures d'expulsion immédiate des «sans papiers» et, surtout, criminaliser les maffias de l'immigration. Au cours de son procès, A Chakib, a nié être le patron de l'embarcation ou avoir participé à cette traversée comme organisateur. Selon ses dires il aurait versé, au même titre que les autres harragas, la somme de 1000 euros au dénommé Sofiane T. pour prendre part au voyage vers l'Espagne au cours duquel il a donné un «coup de main» au patron de la patera. Selon ses dires, son rôle dans la préparation de la traversée se limitait à procurer les provisions nécessaires au propriétaire avec lequel il était en contact : de la nourriture, de l'eau, du tabac et du hashish. Sofiane T fait, toujours, l'objet d'un mandat d'arrêt lancé contre lui par la justice espagnole. «J'ai participé au même titre que les autres à évacuer les eaux qui inondaient la barque à chaque vague», a-t-il dit au juge.. Aux manœuvres de la patera L'un des agents de l'équipe qui avait pris part à l'interception de la patera, a déclaré au magistrat avoir remarqué sur les écrans du SIVE (Système de Surveillance par radars), un homme aux manœuvres donnant des instructions aux autres - dont il a donné la description détaillée - et qui avait tenté de se mêler au reste des passagers à l'approche de la vedette des garde-côtes. Il n'a pas été en mesure de confirmer si cette personne était A Chakib. Les arguments des avocats lesquels ont insisté sur la qualité de simple immigré clandestin de leur client n'ont pas convaincu les magistrats du Tribunal Suprême qui se sont basés, surtout, sur le témoignage des compagnons de voyage du prévenu qu'ils ont identifié comme l'un des organisateurs de la traversée. La police espagnole qui axe ses opérations sur l'identification des «maffias» a souvent recours aux « indicateurs » parmi les harragas auxquels elle promet un meilleur traitement du dossier administratif en récompense de leur collaboration. De «violentes vagues»
Enfin, il est souligné, en outre, dans l'acte de sentence du juge que par cette dangereuse opération en mer, le prévenu avait «mis en péril la vie de ses compagnons durant une traversée qui s'est déroulée de nuit, sans instruments de navigation ni équipements de sauvetage alors que la mer était houleuse, les exposant à un naufrage». Pour avoir «atteint à la vie des étrangers» dans les eaux territoriales de l'espace Schengen, en vertu du Code Pénal réformé, le prévenu a écopé d'une lourde peine de 5 ans qui vaut avertissement pour les «maffias» de l'immigration clandestine.