L'excès de vitesse, l'inobservation des règles élémentaires de la conduite automobile, le portable à l'oreille, les dépassements sur des lignes continues et la conduite en état d'ivresse font que nos routes connaissent quotidiennement leur lot de drames, de larmes, de sang, de douleurs, d'exclamations à la barre et surtout beaucoup de tracasseries pour les magistrats qui traitent ces histoires d'accidents de la circulation automobile. Cette fois, c'est une mère de famille qui était au volant lors de l'accident avec un poids lourd dont le chauffeur avait pris la précaution de s'abriter derrière le fallacieux prétexte de l'absence de plaque de limitation de vitesse. Or, l'avis du tribunal est tout autre, il y a eu outre l'excès de vitesse, le dépassement dangereux qui a vu l'accident se produire avec des blessées qui se dirigeaient vers l'aéroport Houari Boumediene, où devait les attendre un proche dont l'avion atterrissait au moment du sinistre. Le tribunal n'a pas pris de gants pour rendre un verdict «correcteur» pour les tordus ! L'excès de vitesse sur une voie rapide, celle de Dar El Beïda - Zéralda, a été à l'origine d'un grave accident entre une voiture légère conduite par une mère de famille et un poids lourd dont le conducteur s'était accroché au fait qu'aucune plaque interdisant le dépassement n'était en place, comprenez par là que tant qu'il n'est pas interdit de rouler vite et de doubler à volonté, on y va à la pelle ! Et on y va pédale au plancher ! Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach, (cour d'Alger) n'a rien voulu savoir. Elle le dit franchement, à haute voix, sans se mettre en colère, juste de quoi préparer le terrain à de sérieux «clignotants rouges» pour les amateurs d'excès de vitesse : «Cessez donc de lancer des balivernes, on vous connaît, vous les conducteurs des poids lourds. Non seulement nous vous connaissons mais encore nous vous voyons sur nos routes, vous ne semblez jamais être préoccupés par votre façon d'agir. Et cette façon d'agir ne mène qu'aux drames, qu'aux larmes, au sang, au handicap lorsque la mort n'est pas au rendez-vous», avait ajouté la jeune magistrate, l'œil rivé sur le procès-verbal de constat. L'inculpé n'était pas encore sorti du tunnel qui lui faisait croire qu'il n'était pas dans le tort. Un an de prison ferme et une amende de dix mille dinars pour inobservation du code la route et blessures volontaires ayant entraîné une cessation de travail de douze jours. Telles auront été les demandes de Faïza Mousrati, la procureure de l'audience du mardi, qui n'a pas, ce jour-là, pris la précaution de flétrir ce genre de comportement, en l'occurrence l'excès de vitesse et le dépassement dangereux ! L'avocate de l'inculpé a misé sur les déclarations contradictoires des trois occupants du véhicule touché par le poids lourd. Maître Malia Bouzid avait pour principal but d'assurer au tribunal que Djamila était au volant accompagnée de Hassina et Hasna, deux copines qui se dirigeaient vers l'aéroport y attendre une proche revenant des Lieux-Saints après avoir effectué une omra. «On n'a pas idée quand on croise sur son chemin un mastodonte dont le souci était d'arriver sur chantier, y décharger les matériaux de construction, de vite terminer la journée, et les nombreux va-et-vient sur cette voie rapide qui n'en finissent jamais», avait martelé maître Bouzid, qui devra attendre le verdict sous huitaine.