Exclusif ! La chaîne américaine ABC nous apprend que Hosni Moubarak souhaite partir mais qu'il craint une chose. Qu'il soit jugé pour tous les crimes commis contre ses opposants ? Contre les derniers en date seulement car, inventorier tous ceux perpétrés par sa police, durant trente ans, ferait perdre la tête à n'importe quel juge expert ? Eh bien, non. Ce que redoute le raïs c'est que son départ provoque le chaos. A se demander si les batailles rangées entre manifestants pacifiques et ses mercenaires, payés 200 livres pour cent coups de pierres lancées vers la place de la libération, n'étaient pas en fin de compte un jeu d'enfant. A propos de ces affrontements, qui ont projeté l'Egypte moderne des siècles en arrière, Hosni Moubarak éprouve une profonde tristesse. Toutefois, il nie être le fomenteur en chef de cette confrontation entre les «deux Egypte» ; l'une sage, mâture politiquement et pacifique et l'autre barbare, vengeresse, capable du pire pour sauver la couronne du roi nu. La sienne, quoi. Sinon, comment expliquer le fait qu'elle se trimbale avec des armes automatiques et des bombes lacrymogènes ? Ni le Premier ministre désigné ni le chef du renseignement égyptien ne connaissent l'origine et la provenance exacte de ces miliciens, débarquant à dos de chameau et maniant le sabre. Très bien. Sauf que le chaos que prédit Moubarak n'est pas attendu après son départ du fait que son parti unique et ses relais l'imposent avec la bénédiction de l'appareil de sûreté de l'Etat. Est-ce la seule peur de Moubarak qui, parmi les 80 millions d'Egyptiens, serait le seul en mesure de préserver la stabilité du pays des Pharaons ? Resté seul au palais avec son fils Djamel, le prince déchu, «Honni Moubarak», le nouveau sobriquet qui lui va si bien, appréhende autre malheur s'il venait à quitter le pouvoir. Que les Frères musulmans s'installent à sa place. Ce que ne nous dit pas le Président, qui n'a plus que le titre, c'est comment la confrérie va procéder pour accéder à ce pouvoir maudit ? Certainement pas par la force, ce n'est pas le genre de la maison. Plutôt par des législatives qu'Omar Souleimane devrait avoir le privilège d'organiser même si son opposition à un transfert immédiat du pouvoir a fini par agacer les Occidentaux. Mais tout laisse croire que l'après-Moubarak ne sera pas celui qui fera le bonheur des islamistes. Le meilleur score qu'ils pourraient atteindre ne dépasserait pas les 20%. Ce qui fait que continuer de jouer au père Fouettard ne convainc plus personne. Même plus le président Obama qui a fait que sa prudence excessive envers le vieil allié de l'Amérique, exige qu'il rattrape tout ce temps perdu que le raïs a voulu profitable pour son clan. Rien ne fera rentrer les millions de manifestants antipouvoir chez eux. Ni les F15 et les F16 que l'armée a fait tournicoter ridiculement dans le ciel du Caire ni ces hordes de truands affamés que même les épines de la couronne du roi ne sauraient nourrir. A présent que ses remuants épouvantails ne lui servent plus à rien, Hosni Moubarak se retirera-t-il, laissant son pouvoir à Omar Souleimane, son sauveur et le mécène, au chevet d'un système qui pleure déjà ses intérêts en perdition ? Pris d'une soudaine fatigue, le «Honni» aurait déjà fait ses adieux sur ABC. Dix jours de révolte populaire auraient-ils été beaucoup plus épuisants que trente ans de totalitarisme ? La contradiction s'avère fatale pour celui qui n'a fait que l'ignorer, l'oppresser et l'assassiner.