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«Aujourd'hui, je suis un battant»
Grâce à sa pugnacité, un crédit Ansej et l'amour de ses proches, Houari a ressuscité
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 03 - 2011

Houari se définit comme un «self made man», un homme qui a puisé sa force de ses échecs. Un homme qui a su rebondir et croire que la vie sourit à ceux qui savent déceler les lueurs d'espoir dans la grisaille du quotidien difficile du jeune hittiste, qui voit le temps s'étirer sans rien voir venir.
Aujourd'hui, il étreint comme un butin de guerre la petite entreprise de plomberie sanitaire qu'il a réussi, grâce à sa pugnacité, une formation et un crédit ANSEJ, à monter. «J'ai galéré pour avoir le crédit, mettre sur pied mon entreprise, mais j'ai réussi. J'ai aujourd'hui des marchés et mon sérieux est ma carte de visite», dira-t-il.
«Après une tentative de harga que j'ai vécue dans la douleur, je me suis juré de trouver la force de vivre dans l'amour de ma famille et dans la chaleur de mon pays. J'avais travaillé dur pour réunir les 15 millions de centimes qui devaient m'ouvrir la voie vers des lendemains enchanteurs en Espagne. J'ai travaillé comme vendeur d'oiseaux exotiques à M'dina J'dida.
Je me suis improvisé pizzaïolo moi qui ne savais même pas faire la différence entre de la farine et de la semoule. J'ai trimé pendant de longues journées d'été à vendre du poisson en arpentant tous les quartiers de la ville.
Et une fois la somme réunie, au lieu de me lancer dans une petite affaire, j'ai cédé au chant des cygnes. J'ai cru pouvoir partir en Espagne et m'y installer», dira-t-il, avant de passer de vigoureux coups de papier à verre sur le bout d'un tube en cuivre qu'il s'apprêtait à souder à un raccord.
Sa tentative d'émigration clandestine, il s'en souvient comme si c'était hier. De son échec, il garde sur l'avant-bras gauche un tatouage qu'il s'était fait «pour me souvenir des nuits tragiques que j'ai vécues en pleine mer».
D'une main tremblante, il avait écrit à l'encre indélébile un slogan qui lui donne aujourd'hui la force de faire de son quotidien une passerelle vers son avenir. «Y'en a marre», un cri qu'il avait longtemps répété loin là-bas, à l'horizon là où le ciel et la mer se confondent pour bouffer dans leurs entrailles les fragiles embarcations de la misère.
De looser, je suis devenu un battant
«En cette funeste nuit du mois d'avril 2008, j'avais pris la mer avec 12 autres personnes sur une embarcation qui prenait eau de toutes parts. On s'était retrouvés non loin de Cap Carbon, sur une petite crique où j'allais avec mon père quand j'étais petit pour d'interminables parties de pêche.
En attendant l'heure du départ, je m'y étais revu petit, insouciant, gambadant derrière mon père. Alors,à l'heure du départ, deux hommes sont venus nous faire monter dans la barque qu'ils ont poussée vers la mer en actionnant un moteur qui poussait d'inquiétants hoquets. La mer était calme et à mesure que la nuit s'étirait, sa surface commençait à être parcourue de vaguelettes.
Le vent commençait à forcir, faisant tournoyer notre fragile embarcation dont le moteur a fini par rendre l'âme. Nous avions tout tenté pour le faire redémarrer mais sans y parvenir. Les lumières de la ville d'Arzew et les torchères de la zone industrielle avaient disparu depuis longtemps et seules quelques étoiles qui résistaient aux nuages éclairaient la nuit sombre.
Nous commencions à dériver et l'inquiétude s'est installée parmi le groupe. Un jeune, encore mineur, commença à pleurer tout son soûl. Nous avions dérivé pendant trois jours au gré des courants et des vagues jusqu'à n'en plus pouvoir.
J'ai vu deux personnes, un jeune de Mostaganem et un autre de Tiaret tomber dans l'eau et être emportés par les flots sombres. Quand j'y repense encore, j'ai les larmes aux yeux», dira-t-il en allumant un chalumeau pour souder avec une baguette d'argent des tuyaux en cuivre. «C'est plus sûr parce que c'est pour le gaz de ville», fera-t-il remarquer.
«Et alors que nous mourions de soif et de faim, la silhouette d'une unité des gardes-côtes s'est dessinée au loin dans la brume. Nous avions commencé à agiter énergiquement nos bras, à crier pour demander des secours.
Environ une demi-heure plus tard, des minutes qui me parurent une éternité, nous fûmes secourus et montés à bord de la vedette. Moi qui voulais la vie, j'ai acheté un voyage vers la mort avec un argent que j'ai durement gagné», dira-t-il en éteignant le chalumeau et en rabattant les lunettes de son casque de protection.
La harga n'est pas le salut, mais un saut dans l'inconnu…
«Descendus au port, nous fûmes confiés au poste de la police des frontières, transférés au commissariat central puis présentés à la justice. Un juge nous avait condamnés à des peines de prison avec sursis parce que nous n'étions pas des récidivistes. Depuis, quand je repense à cette aventure, j'ai la chair de poule.
Je revois de temps à autre certains de mes compagnons d'infortune. Deux ou trois je crois ont retenté l'aventure. Un jour, alors que je discutais avec un ami journaliste, il m'avait proposé de m'inscrire à une formation de plombier-chauffagiste.
Au début, je n'y accordai que peu d'intérêt, mais un formateur qui avait décelé en moi certaines qualités m'avait encouragé à poursuivre jusqu'à l'obtention de mon CAP. C'était déjà un pas de franchi pour moi et une brèche qui allait me permettre d'entrevoir l'avenir autrement.
Le diplôme en poche, j'ai commencé à travailler et à gagner de quoi payer mes cigarettes et mes fringues. C'était déjà une chose de gagnée. Puis un jour, un entrepreneur m'avait sollicité pour des travaux de plomberie dans une villa qu'il construisait. Il avait remarqué la qualité de mon travail et mon sérieux. C'est lui qui m'encouragea à solliciter l'aide de l'ANSEJ pour constituer ma petite Eurl.
Au début, je n'y croyais pas tellement, mais à mesure que je constituais le dossier, la force de persévérer s'est décuplée chez moi. Aujourd'hui je gagne bien ma vie et j'ai même trois stagiaires que je suis en train de former.
J'ai de petits marchés chez des particuliers et dans quelques mois j'essaierai de soumissionner pour des marchés publics. Je suis fier de ma réussite», dira-t-il en me tendant une petite carte de visite sur laquelle étaient inscrits le nom et les cordonnées de son entreprise.
Lors d'une journée d'étude sur le phénomène de la harga organisée il y a une année à Oran, il avait pris la parole pour parler de la vie de paria qu'il avait menée, de sa lutte pour la survie dans une mer déchaînée et de sa résurrection. Il avait dit les choses dans un langage que comprennent les jeunes. Il avait utilisé leurs mots pour parler de leurs maux et les inciter à s'accrocher à la vie.
«El-hedda, Cheb Hasni en parlé, mais moi je l'ai vécue avec ses multiples dangers, ses privations et son incertitude. Ne faites pas ça, regardez autour de vous,
il y a surement une issue de secours que votre entêtement à vouloir partir vous empêche de voir», avait-il dit à l'assistance composée de jeunes, de candidats à l'émigration clandestine expulsés d'Espagne puis repêchés en pleine mer, et de parents de jeunes que la mer a emportés à tout jamais dans ses entrailles.


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