Dans une session plénière à Strasbourg, après des mois de débats sur le sujet, le Parlement européen a approuvé, jeudi à la majorité, un accord dans le cadre de la lutte antiterroriste qui autorise le transfert des données des passagers embarquant depuis l'Europe sur des vols à destination des USA. «Ces données, dites PNR (passenger name record : nom et coordonnées du passager, dates, itinéraires du voyage, moyens de paiement utilisé, numéro de carte de crédit, informations sur les bagages, menu réservé à bord) ne seront utilisés que pour lutter contre le terrorisme ou les crimes graves passibles d'au moins 3 ans de prison aux USA», selon un responsable. Et d'ajouter : «Elles ne seront conservées que pendant 10 ans pour les crimes graves et 15 ans pour des crimes liés au terrorisme.» Ces renseignements sont issus des informations fournies par les voyageurs et recueillis par les transporteurs aériens lors de la procédure de réservation et d'enregistrement. Ce nouvel accord remplace un texte en vigueur que les députés avaient rejeté en première mouture en 2007. Ces données étaient déjà transmises mais, cet accord était jusque-là contesté par le Parlement européen qui jugeait que «les garde-fous pour protéger la vie privée des citoyens étaient insuffisants». Selon les partisans de cet accord, «ce nouveau texte apportera davantage de garanties en matière de liberté individuelle». Aussi, dans un communiqué, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, William Kennard, s'est félicité de cet accord qui «va permettre de garantir la sécurité des voyageurs et témoigne de l'engagement commun de l'Europe et des USA à protéger leurs citoyens». L'Union européenne a fini par céder sur un sujet aussi sensible que la protection des informations liées à la vie privée. Il faut noter que 409 députés ont voté oui, 226 contre et 33 se sont abstenus. Les citoyens de l'Union européenne étaient-il au courant que cet accord était déjà en vigueur ? Ne doit-on pas informer le citoyen que lors de sa réservation à destination des Etats-Unis, ces informations sont collectées à son insu, en dehors de toute protection. N'y a-t-il pas eu de grave dérive dans le cadre de la lutte antiterroriste, qui justifie la protection du citoyen européen ? De quelles garanties parlent les partisans de cet accord ? Comment comptent-ils sécuriser ces données ? Beaucoup de questions s'imposent après la mise en place de cet accord. Au citoyen, européen d'être vigilent pour que ces informations ne soient pas détournées.