Timide, modeste, Andres Iniesta a érigé la discrétion en règle de vie hors des terrains. Sur le pré, le joueur du FC Barcelone a en revanche pris l'habitude d'apparaître en pleine lumière. Ce milieu offensif doté de qualités techniques hors normes et d'une rare clairvoyance n'est pas un buteur mais quelques réalisations l'ont fait entrer au panthéon du football espagnol. Il y a deux ans, il a inscrit à la 26e minute de la prolongation le seul but de la finale de la Coupe du monde contre les Pays-Bas, libérant tout un pays. En 2009, il avait assommé Chelsea en égalisant à 94e minute d'une demi-finale retour de Ligue des champions, propulsant son FC Barcelone vers un nouveau sacre. En avril, c'est encore Iniesta qui a assuré la qualification du Barça pour les demi-finales de la Ligue des champions lors d'un match retour compliqué face au Milan AC. De son propre aveu, il devrait pourtant marquer davantage. "J'ai des occasions et peut-être aurais-je dû inscrire plus de buts que je ne l'ai fait", a récemment dit Iniesta, 11 réalisations en 64 sélections, à la chaîne de son club. "Parfois quand vous êtes hors du terrain, vous voyez une occasion franche, mais quand vous êtes en situation vous optez plutôt pour la passe. Cela ne doit pas affecter mon jeu mais cela ferait de moi un meilleur joueur." Son insatisfaction trouve peu d'échos chez ses partenaires, unanimes à son sujet. Gerard Piqué voit ainsi en lui un "magicien", tandis que son entraîneur au Barça ces quatre dernières saisons, Pep Guardiola, parle d'un joueur "fantastique". "Je pense qu'Andre est capable de marquer plus de buts que ne le montrent les statistiques, mais il fait tellement plus que simplement marquer des buts", souligne Guardiola. Poids plume de 27 ans, Iniesta évolue au coeur du jeu à Barcelone comme en équipe d'Espagne, où il côtoie Xavi et Sergio Busquets. Au contraire de ces deux métronomes chargés de huiler les transmissions et de donner le tempo, Iniesta est un accélérateur qui brille par sa facilité à éliminer l'adversaire. Capable de jouer à tous les postes offensifs, il est si précieux qu'il a repoussé des concurrents aussi forts que Cesc Fabregas ou David Silva sur la touche. A l'Euro 2008, il avait été le seul joueur espagnol titulaire pour tous les matches et avait été élu meilleur homme de la demi-finale. Il a aussi reçu cette distinction trois fois durant la Coupe du monde où son but vainqueur a encore gonflé sa popularité. Reconnu pour son talent et apprécié, Iniesta a en outre acquis le respect des supporters de l'autre club de Barcelone, l'Espanyol, en rendant hommage, après son but vainqueur en Afrique du Sud, à leur ancien capitaine Dani Jarque, décédé à 26 ans lors d'un stage de pré-saison. Son physique quelconque, sa réserve et son humilité font d'Iniesta l'antithèse des vedettes modernes du football, mais sur le terrain, peu d'entre eux peuvent rivaliser avec ce joueur dont le talent illustre au mieux le règne de l'Espagne.