Le vote avait commencé, hier, très timidement dans la commune de Chéraga, à l'ouest d'Alger. A 10h, le centre de vote Ahmed-Aaroua, à Bouchaoui, n'a pas drainé grand monde. Les bureaux de vote ont totalisé environ une vingtaine de votants. Le calme a marqué ce bureau de vote où plusieurs responsables politiques se sont succédé pour accomplir leur devoir électoral. Ce rendez-vous électoral a été marqué par un travail acharné et accablant des représentants des partis politiques ou des candidats indépendants. Ces derniers se sont mis devant les portes des bureaux de vote et ont tenté d'influencer les électeurs. Même les enfants étaient impliqués dans cette opération. «Votez pour le numéro 22», disait un garçon de moins de 10 ans. «C'est le numéro de mon père, il est candidat», poursuivait-il. Cette scène a été observée dans plusieurs centres de vote où des jeunes militants rabattaient des électeurs où les coinçaient dans la rue pour orienter leur choix. «Ne t'inquiète pas, j'ai bien pris les choses de ce côté-là. Je les baratine avant même qu'ils n'arrivent au centre», disait un jeune à son chef au téléphone, alors qu'il lui rendait compte du déroulement de l'opération de vote dans un centre de vote à Staouéli. Le contrôle de la situation a été total par ces «agents». 10h passées, un bus transportant des électeurs arrive devant la porte de l'école Ahmed-Aaroua et une vingtaine d'électrices sont venues accomplir leur acte de vote. «Le bus nous a ramené gratuitement pour voter», a dit une femme. Ce bus et plusieurs autres ont été loués par un candidat indépendant qui a mis de gros moyens pour se faire élire à l'APC de Chéraga. Le représentant de la Commission nationale de supervision des élections, composée de magistrats, est venu sillonner les lieux pour s'enquérir du déroulement de l'opération de vote. Pour lui, «tout va bien et aucun incident n'a été signalé au niveau de cette commune». Le vice-président de la Commission de surveillance des élections, composée de partis politiques, était aussi sur place toute la matinée. «Je vois des citoyens qui tentent d'influencer les électeurs et d'autres qui les transportent aussi. Je vais faire mon rapport sur tout ça», nous a-t-il dit. Au centre-ville de Chéraga, l'ambiance était tendue. Les représentants des partis politiques comme les citoyens se sont révoltés contre certaines pratiques «qui remettent en cause la transparence du scrutin». «A l'école Mohamed-Khemisti, on a découvert un paquet de bulletins de vote d'un candidat qu'on a glissé dans l'urne. On a aussi constaté des dépassements comme le transport des électeurs pour qu'ils votent pour ce même candidat et la présence massive des jeunes qui harcèlent les électeurs. Nous avons saisi le procureur de la République sur tout cela», nous dira un militant du RND, rencontré à l'école Abane-Ramdane. Les citoyens se sont révoltés contre ce fait. «Chéraga n'est pas une propriété privée. Nous refusons ces manières de faire et de vouloir accaparer cette localité à n'importe quel prix. Beaucoup d'entre nous n'ont jamais voté mais là nous sommes ici pour barrer la route à cette liste indépendante dont la tête de liste veut rendre l'APC son bien personnel en se plaçant à sa tête ou en plaçant son fils. C'est fini avec ces pratiques et la politique de la même personne, on veut le changement», diront-ils. A l'intérieur de l'établissement Abane-Ramdane comme à Larbi-Ben-Kadour, beaucoup de citoyens se sont mis à chercher leurs noms sur le fichier électoral après qu'ils se sont rendu compte de la disparition de leurs noms de la liste des électeurs. «J'ai toujours voté ici et là je ne trouve pas mon nom sur la liste. Je ne comprends pas pourquoi», nous dit un homme âgé de 62 ans. La jeune fille chargée de rechercher les noms des électeurs était dépassée et les multiples réponses qu'elle avait fournies aux demandeurs étaient négatives. «Je viens voter mais je ne trouve pas mon nom, pourtant j'ai voté en mai dernier et je n'ai jamais barré ma carte d'électeur», nous dira un autre jeune. A l'école Larbi-Keddour, au grand Chéraga, l'ambiance était tendue. Les représentants des partis politiques étaient révoltés contre l'anarchie qui a caractérisé le déroulement du vote et ont dénoncé la présence inutile de gens qui n'ont rien à voir avec le vote. «Ces gens nous ont foutu la pagaille», dira un surveillent. Ils ont sollicité l'intervention de la Gendarmerie nationale pour rétablir l'ordre.