Le gouvernement français a accusé jeudi la société française Spanghero, fournisseur de viande des surgelés Findus, d'être coupable de "tromperie économique" et lui a supprimé son agrément sanitaire, première sanction d'importance dans ce scandale qui s'étend en Europe. Dans le cadre de l'affaire de la viande de cheval faussement estampillée bœuf dans des plats préparés, des vétérinaires vont être envoyés dans les locaux de l'entreprise Spanghero située dans le sud-ouest de la France. Au vu des résultats, le gouvernement décidera alors d'un retrait d'agrément définitif ou pas, a précisé à la presse le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Spanghero s'est rendu coupable d'une "tromperie économique" et sera poursuivi, a aussi déclaré Benoît Hamon, ministre de la Consommation. Selon ce ministre, "ce trafic durait depuis plusieurs mois" et a porté sur plus de 750 tonnes, dont 550 tonnes livrées à Comigel via la société Tavola, un sous-traitant qui fabrique les plats préparés et est situé au Luxembourg. Jeudi, le scandale s'est étendu à l'Allemagne avec un premier cas avéré dans des lasagnes surgelées. Parallèlement, les autorités britanniques ont annoncé que plusieurs carcasses de chevaux abattus au Royaume-Uni et contenant des traces de phenylbutazone, un anti-douleur proscrit dans l'alimentation, avaient été envoyées en France et étaient "peut-être entrées dans la chaîne alimentaire". Les résultats des tests menés sur 206 carcasses indiquent que le médicament a été détecté sur huit d'entre elles, dont six auraient été expédiées en France. Le ministre français de l'Agriculture a parlé de trois carcasses de cheval envoyées en France et assuré qu'elles ont été identifiées et "seront détruites" sans être entrées dans la chaîne alimentaire humaine. Selon le ministre français, il s'agirait d'une "seconde affaire", "qui n'a rien à voir" avec le scandale européen de la viande de cheval faussement estampillée bœuf dans des plats préparés. Les animaux traités à la phenylbutazone sont bannis de la chaîne alimentaire. Mais selon le ministère britannique de la Santé, ce médicament est prescrit aussi "à certains patients atteints d'une forme sévère d'arthrite" et la viande en contenant présente un "très faible risque pour la santé humaine". "Aux niveaux auxquels il a été trouvé, une personne devrait manger 500 à 600 hamburgers par jour, composés à 100% de viande de cheval, pour se rapprocher de la dose quotidienne limite pour l'homme", a-t-il assuré. Tache d'huile en Europe Le scandale a continué à faire tache d'huile jeudi. En Allemagne, les supermarchés Real ont reconnu que des tests effectués à leur demande, sur des lots de lasagnes surgelées de leur marque à bas prix "Tip", avaient révélé la présence de viande de cheval non signalée sur l'étiquette. La viande chevaline est moins chère que le bœuf. Les barquettes incriminées ont été retirées vendredi dernier "à titre de précaution, car à aucun moment un risque pour la santé des consommateurs n'a été détecté", a insisté le groupe Real. La chaîne de supermarchés Edeka, plus gros distributeur allemand de produits alimentaires, a elle aussi lancé une série de tests sur ses produits, de même que le vendeur de produits surgelés à domicile Eismann ou la chaîne de magasins Kaiser's-Tengelmann. L'Union européenne a décidé de lancer une campagne de tests ADN dans tous les Etats membres et de confier à Europol la coordination des enquêtes judiciaires, à l'issue d'une réunion de crise mercredi soir à Bruxelles. Outre 2.500 tests ADN à travers toute l'Europe sur les plats au bœuf, l'UE demande aux Etats de procéder à quelque 4.000 contrôles pour détecter la présence éventuelle de phenylbutazone. L'affaire, cantonnée dans un premier temps au Royaume Uni, a pris une dimension européenne la semaine dernière avec la découverte de lasagnes Findus contenant de la viande de cheval estampillée bœuf. Elles avaient été fabriquées par un sous-traitant français, Comigel. Outre le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, des traces de viande chevaline ont également été retrouvées en Norvège et en Suisse. Les autorités chypriotes ont aussi annoncé jeudi qu'un supermarché local avait détruit par mesure de précaution 16 tonnes de steak haché. Mais elles ont affirmé qu'il n'y avait "aucune présence de viande de cheval dans la chaîne alimentaire à Chypre".