Un syndicaliste au complexe sidérurgique d'Arcelor Mittal d'El Hadjar, qui a préféré garder l'anonymat, se dit déçu des nouveaux dirigeants syndicaux. «Les intérêts des travailleurs sont leur dernier soucis, la fête du 1er mai a perdu de sa verve à l'ombre de la «hogra» qui règne dans le monde du travail.» Bastion de la lutte syndicale, le complexe d'El Hadjar a connu, ces dernières années, des remous, des querelles intestines et des conflits syndico-syndicals. Alors qu'un ancien syndicaliste du même complexe regrette amèrement que «le 1er mai ait perdu de sa substance, soit devenu une fête fade et sans attrait», notre interlocuteur poursuit en dressant un sévère constat : «La centrale syndicale de l'UGTA en porte l'entière responsabilité. une centrale au service de l'Etat cela va à l'encontre des intérêts des travailleurs, une mort lente de la centrale est ainsi programmée.» Il termine néanmoins sur une déclaration optimiste, «les syndicats autonomes donneront un nouveau souffle au mouvement syndical en Algérie». Smain Kouadria, un syndicaliste et député du Parti des travailleurs, fonde également de grands espoirs sur l'émergence de ces syndicats autonomes et pense que «le 1er mai devrait être une occasion pour débattre de la situation qui prévaut dans le monde du travail. Tous les secteurs sont touchés par les grèves, un profond malaise que le gouvernement doit prendre en charge». Smain Kouadria estime que «les pouvoirs publics disposent de tous les moyens pour réussir. Il suffit d'une décision courageuse ainsi que d'une volonté politique pour relancer l'économie». A Annaba, la situation dans le monde du travail est très peu reluisante. De nombreux travailleurs ainsi que leurs représentants ne se sentent pas concernés par la fête internationale du travail. Les hommes en place de l'appareil syndical représenté notamment par le secrétariat de wilaya de l'UGTA par le biais de ses unions locales sont accusés de tous les maux. Trois syndicalistes d'Algérie Poste démocratiquement élus ont été abusivement suspendus par l'union locale d'Annaba. L'affaire a été portée devant le tribunal administratif qui a donné gain de cause aux syndicalistes écartés illégalement. Le secrétaire général de l'hôpital psychiatrique Errazi a connu le même sort. Il a porté l'affaire en justice et fait actuellement l'objet de harcèlement de toutes parts. Le représentant syndical de l'Office national du bétail (ONAB) a été également suspendu de son poste. L'affaire est en justice auprès du tribunal d'El Hadjar. Dans ce climat, les travailleurs ne seront pas nombreux à fêter le 1er mai.