Le cours de l'or est retombé cette semaine, glissant à son plus bas niveau depuis deux semaines, pénalisé par la bonne santé des bourses sur fond d'indicateurs économiques encourageants aux Etats-Unis, ainsi que par une vigoureuse remontée du dollar face aux autres devises. OR Le cours de l'once d'or, qui tentait ces dernières semaines de se ressaisir après son plongeon brutal de 220 dollars en deux séances mi-avril, a de nouveau trébuché cette semaine, pâtissant à nouveau du désintérêt des investisseurs. "La demande d'or comme valeur-refuge s'affaiblit à mesure que s'envolent les places boursières", l'embellie de la conjoncture économique aux Etats-Unis incitant les investisseurs à préférer les marchés actions -- plus risqués mais jugés plus rémunérateurs -- aux métaux précieux, ont commenté les experts de Commerzbank. De fait, les bourses mondiales ont enchaîné les records cette semaine: l'indice DAX à Francfort a atteint un sommet historique, Londres a retrouvé son niveau d'octobre 2007 (avant la crise financière) tout comme Tokyo, tandis que Wall Street mène la danse, ne cessant d'afficher quasiment jour après jour de nouveaux records. Dans ce contexte, "le métal jaune a été pénalisé par les bons chiffres de l'emploi américain, les nouvelles demandes d'allocations-chômage ayant chuté la semaine dernière à leur plus bas niveau depuis 5 ans", selon des statistiques diffusées jeudi, ont noté les analystes de Saxo Banque. Pour eux, "ce chiffre peut ouvrir une nouvelle page de spéculations autour de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed)", qui pourrait être tentée de ralentir, voire d'interrompre prématurément ses rachats d'actifs destinés à soutenir l'économie. Ces injections massives de liquidités dans l'économie que la Fed réalise chaque mois ont contribué depuis 2012 à stimuler les achats de matières premières, mais aussi à diluer la valeur du dollar -- ce qui rend plus attractifs les achats d'or, libellés dans la monnaie américaine, pour les détenteurs d'autres devises. "La zone euro, où les données macroéconomiques restent très décevantes, affiche un contraste grandissant avec les Etats-Unis, où les signaux positifs sont évidents. Cela ne veut pas dire que la Fed mettra fin à ses mesures d'assouplissement monétaire du jour au lendemain, mais elle pourrait être la première (des grandes banques centrales) à resserrer sa politique si la situation continue de s'améliorer", a estimé Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital. Revigoré par cette perspective, le dollar s'est envolé jeudi et vendredi après les chiffres de l'emploi américain, se hissant face au yen à des sommets inconnus depuis octobre 2008. "Une appréciation durable du billet vert d'ici à la fin de l'année va être le principal obstacle pour le marché de l'or", a commenté M. Kryuchenkov. De plus, les pressions inflationnistes s'estompent et devraient encore reculer à moyen terme, ajoutait-on chez Deutsche Bank, ce qui "encourage les investisseurs à se retirer d'actifs destinés à se protéger contre l'inflation, tel que l'or". La banque a abaissé à 1.475 dollars l'once (contre 1.590 dollars précédemment) sa prévision pour le cours moyen de l'or au deuxième trimestre. Néanmoins, le prix de l'or pourrait rester soutenu à court terme par une demande toujours solide de lingots et de bijoux en Asie, notamment en Inde (premier pays consommateur d'or), où les achats de joaillerie s'accroissent habituellement à l'approche de la principale période de fêtes traditionnelles dans le pays. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.426,50 dollars vendredi au fixing du soir contre 1.469,25 dollars le vendredi précédent. ARGENT L'argent a baissé dans le sillage de l'or, terminant la semaine à 23,37 dollars l'once contre 24,25 dollars sept jours auparavant. PLATINUM/PALLADIUM Les métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont été ballotés cette semaine, le platine finissant par décrocher nettement vendredi après l'annonce de nouvelles mesures de restructuration par Anglo American Platinum (Amplats), numéro un du platine. Amplats, qui extrait environ 40% de l'offre mondiale, a indiqué son intention de réduire sa production sud-africaine de 250.000 onces dès cette année: c'est bien moins que la réduction de 400.000 onces par an envisagée précédemment, un signal rassurant pour le marché sur l'offre de platine disponible à moyen terme. Cependant, le groupe a également annoncé la suppression de 6.000 emplois -- au risque de susciter une violente réaction des syndicats, quelques mois après de violentes grèves dans le pays, qui avaient paralysé une partie du secteur minier. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1.490 dollars contre 1.501 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 702 dollars contre 694 dollars la semaine précédente.
