Les laboratoires étrangers entretiennent la dépendance pour leurs produits. Contrairement aux idées reçues ici, en Algérie, la mainmise ou plus exactement le diktat des laboratoires internationaux et des multinationales du médicament sur les industries pharmaceutiques des Etats, ne sévit pas uniquement dans notre pays. Bien des pays développés, et pas des moindres, sont confrontés dans leurs politiques respectives de santé publique et d'industrie pharmaceutique, aux appétits et intérêts voraces purement commerciaux des firmes et laboratoires de production de médicaments. Il va de soi que partout où cette conception du médicament a cours, elle se fait au détriment de la santé publique des populations de ces pays avec toutes les conséquences qu'on imagine pour une certaine catégorie de malades. Lors de son passage à la rédaction de L'Expression dans le cadre de sa rubrique «A coeur ouvert», le DG du groupe pharmaceutique public, Saïdal, M.Ali Aoun, a abordé cet aspect de l'action sournoise des laboratoires étrangers en Algérie. Déjà, selon lui, «dans le cursus officiel universitaire, en pharmacie et en médecine, dans les programmes, l'enseignement de la matière médicament, se fait en DCI (Dénomination commune internationale)». Or, dit-il, «il ne faut pas ignorer que dans ce pays, des laboratoires étrangers ont constitué des lobbies à tous les niveaux: universitaire, administration, production commercialisation et des prises en charge inqualifiables». «Ce qui fait qu'aujourd'hui, un enseignant à l'université pour peu qu'il soit approché par tel ou tel laboratoire, au lieu de donner son cours selon la DCI, va le faire en parlant d'autres marques. Cela est connu, tout le monde le sait, prise en charge oblige». Mais, il n'en demeure pas moins d'après M.Aoun, qu'officiellement, le cursus dans ce domaine en Algérie, c'est la DCI. «C'est de bonne guerre, vu que le secteur du médicament sous cette forme n'est pas spécifique à l'Algérie. C'est un secteur où partout les centres d'intérêt sont multiples, importants et puissants». Du coup, selon lui, «c'est à la puissance publique de réguler tout cela et d'être rigoureuse vis-à-vis de l'application des dispositions» en la matière, et notamment ce que stipule le cahier des charges. D'où la nécessité de la création de ce qu'il appelle «une autorité de régulation ou une agence nationale du médicament» comme cela se fait dans tous les pays du monde. Dotée d'«un pouvoir d'ordre ministériel de manière qu'elle puisse intervenir en amont, pendant et en aval de tout ce qui est médicament», cette structure contrôlera et codifiera ainsi tout le processus d'importation et de commercialisation du médicament dans le pays. Avec une facture médicale qui s'approche des 500 millions de dollars par an, et une dépendance à 80% des laboratoires français, l'Algérie n'est pas prête d'atteindre son autosuffisance en produits pharmaceutiques. Seules quelques timides tentatives de diversification des sources d'approvisionnement du marché algérien ont été enregistrées ces dernières années.