«On cache le soleil avec un tamis.» Proverbe algérien Il y a quelques jours, la ministre de la Culture a envoyé un message de remerciements aux réalisateurs Lyès Salem, Khaled Benaïssa, Samir Gasmi, Amor Hakkar pour les prix obtenus lors du dernier Fespaco. L´un des festivals africains créés par la «France» pour encourager la culture africaine à sortir de l´isolement. Sur les cinq films algériens en compétition, quatre films vont s´illustrer. L´Etalon de bronze de Yennenga, dans la section des longs métrages pour le film Mascarades de Lyès Salem, Poulain d´or de Yennenga dans la section des courts métrages pour le film Sektou (Ils se sont tus) de Khaled Benaïssa, Poulain d´argent de Yennenga, dans la même section pour le film C´est dimanche de Samir Gasmi et le prix Signis décerné au film La maison jaune de Amor Hakkar. Le plus curieux dans cette situation culturelle cocasse est que trois des quatre cinéastes algériens récompensés sont produits en majorité par la France et possèdent la nationalité française. Rien d´inquiétant dans tout cela. Mais de quel retour du cinéma algérien parle-t-on alors? Celui des films fabriqués et améliorés en France ou ceux fabriqués à petit budget et ratés en Algérie. Même si Mascarades et La Maison Jaune ont été tournés et produits avec l´Algérie, ce n´est pas le cas du film de Samir Gasmi, qui est une production à 100% française et qui a été tourné en France. La première fois que son film a été présenté en Algérie, c´était lors du défunt Festival d´Oran en 2008, à l´occasion de la signature de la convention de coopération entre l´Entv et Euronews. Aujourd´hui, sa médaille d´argent au Fespaco a été saluée par la ministre de la Culture. Les trois cinéastes franco-algériens ont eu tous les éloges de la part de la ministre de la Culture. Ce n´est pas le cas en France où leur consécration a été passée sous silence. Ces cinéastes de «là-bas chez nous» ont véritablement sauvé le cinéma algérien. Là où les cinéastes locaux, à l´image de Brahim Tsaki, Ali Mouzaoui, Djamel Bendedouche, qui avaient fait des productions en même temps que Hakkar, Salem ou Gasmi, n´ont pas réussi à se faire sélectionner même dans des petits festivals internationaux, pour illustrer ce retour tant attendu du cinéma algérien. Ils se sont contentés de passer en «vision» «hors concours» dans des manifestations organisées par la communauté algérienne vivant en France et dans des salles de la banlieue parisienne à Bobigny ou Saint-Denis, où le public est composé de beurs et de blacks. Les films algériens «fabriqués» en Algérie se contentent seulement de faire de la figuration, alors que les films de Salem et de Hakkar glanent des prix méritoires un peu dans le monde. Un seul espoir en revanche, Khaled Benaïssa, qui représente la génération montante du cinéma algérien, qui s´est frotté aux cinéastes algériens vivant en France et qui a été formé à la Femis (école du cinéma français). C´est le seul qui a compris que le système a évolué et que pour faire un bon film, il faut avoir beaucoup d´argent, même pour un court métrage. Ce que les anciens cinéastes n´ont pas encore compris. Mais la réalité sera tout autre quand il fera son premier long métrage. [email protected]