La ministre la Culture, Khalida Toumi, et M. Benamadi, directeur des grands projets, doivent être sceptiques concernant le traitement réservé par la Télévision nationale à l´ouverture du Panaf. En dépit des grands moyens qui ont été déployés pour monter cet événement qui a coûté plus de 80 millions d´euros au contribuable algérien, plusieurs couacs ont émaillé la retransmission de la parade du 2e Festival panafricain d´Alger. En effet, des problèmes techniques se sont succédé sur le plateau de l´Entv, réservé à l´occasion aux invités africains de cette manifestation continentale. L´animatrice qui a l´habitude de présenter l´émission de l´après-midi sur A3, a eu tout le mal du monde à interviewer les invités africains qui, pour la plupart, ne s´expriment pas en arabe, hormis le représentant des îles Comores. Ainsi, en accueillant l´invité de l´Ouganda, l´interprète, visiblement une novice dans le domaine de la traduction simultanée, a eu du mal à traduire les propos de l´invité anglophone qui parlait pourtant un anglais basic. Des personnes lui chuchotaient même les réponses à l´antenne. Cette défaillance technique démontre l´amateurisme des responsables de cette émission, qui n´ont pas pris au sérieux le volet linguistique de l´émission. A cela s´ajoute la traduction en arabe des intervenants africains venant des pays africains francophones. Doit-on réellement traduire en arabe tout ce qui se dit à l´Entv dans une manifestation internationale ouverte sur les cultures du monde? L´Algérie, qui est le plus grand pays francophone après la France, offre ainsi une image rétrograde d´un pays fermé aux cultures et aux langues multiculturelles des autres pays africains et surtout dominée par une arabité qui ne lui correspond vraiment pas. Ce complexe de colonisé qui lui colle, 47 ans après l´Indépendance, est en train de lui jouer de mauvais tours dans le développement intellectuel du pays. Même la ministre de la Culture n´a pas échappé à cet amalgame linguistique. Dans le Journal télévisé, elle est doublée en arabe quand elle s´exprime en français, et en français lorsqu´elle s´exprime en arabe. Cette ministre de la République sera néanmoins sauvée au montage du JT de 20 heures pour rectifier le lapsus qu´elle a prononcé en arabe dans le discours d´ouverture, en disant Itihad ethatkafi au lieu d´Ifriki. La Télévision algérienne a contribué malgré elle à former des journalistes unilingues qui ne maîtrisent ni le français ni l´anglais. Alors qu´à l´heure de la mondialisation audiovisuelle, il faudrait maîtriser au moins trois langues pour espérer entrer dans une petite télévision comme France 24 ou TV5. C´est d´ailleurs sur cette petite chaîne francophone au budget annuel de 62,7 millions d´euros, soit inférieur au budget de 15 jours du Panaf, que la ministre de la Culture a choisi de s´exprimer...en français à l´émission «Et si vous me disiez toute la vérité» de la journaliste camerounaise Denise Epoté, directrice du département Afrique de la chaîne française TV5 Monde. Cette télévision est la seule télévision étrangère à mener une couverture quotidienne sur le Panaf, en diffusant une émission de 26 mn en direct du Palais de la culture. C´est mieux que Euronews, France 24 ou Al Jazeera, mais l´Algérie avait-elle besoin de TV5 Monde si sa télévision était regardée à travers toute la planète? [email protected]