«Faites que votre tableau soit toujours une ouverture au monde.» Léonard de Vinci, peintre et savant italien Au moment où l´Algérie lâche la Copeam aux Egyptiens, le débat est relancé sur la question de l´ouverture audiovisuelle dans le Maghreb. Un débat que les Algériens défendent bien, puisque leur réponse est toujours: «L´ouverture audiovisuelle dans le Maghreb, qui existe est seulement commerciale et pas politique.» «Nous quand on ouvre, on ouvre réellement sur tous les fronts», a rétorqué fièrement un responsable algérien à l´adresse d´un confrère tunisien. A ce sujet, les Marocains et les Tunisiens sont mal à l´aise pour parler de politique, car il n´est pas questions de créer des chaînes à l´image d´Al Jazeera dans le Maghreb où on «tire sur tout ce qui bouge.» En Tunisie, par exemple où les deux chaînes de télévision Hannibal TV et Nessma TV se targuent d´être des télévisions modernes et ouvertes sur la société maghrébine, sont en réalité des télévisions limitées en ouverture. Car aucune de ces télévisions tunisiennes ne possède un journal télévisé ou un magazine d´information où le débat politique est ouvert. Il est même stipulé dans leur plan de charge que ces télévisions ne feront pas de politique et n´interviendront pas dans la vie politique des Tunisiens. Même chose au Maroc, mais à un degré moindre, puisque Medi1 Sat est autorisée à faire de la politique, mais n´est pas autorisée à critiquer le pouvoir en place, le roi ou encore traiter différemment la question du Sahara occidental que la position officielle marocaine déjà fixée et tracée. Autrement dit, la seule télévision marocaine privée est aux ordres du gouvernement marocain et, par conséquent pas libre sur le plan éditorial. Il est clair que la conception de la liberté d´expression est différente dans les pays arabes et magrébins, de la position européenne ou occidentale. Certains dirigeants prônent une ouverture audiovisuelle au compte-gouttes, avec une ouverture d´abord dans le champ du divertissement. C´est ainsi que Khalifa TV a été autorisée à créer sa chaîne avec comme consigne de faire seulement du divertissement et ne diffuser que des clips à longueur de journée comme le fait si bien aujourd´hui le bouquet Rotana, les chaînes égyptiennes ou encore Nessma TV en Tunisie. Et très vite, Moumen Khalifa s´est rendu compte que cela ne donne aucun pouvoir à sa chaîne dans le paysage médiatique. Même les Français avaient cette conception de restriction des libertés créatrices audiovisuelles dans le viseur, quand le gouvernement français de François Mitterand avait accordé des accréditations pour M6 et Canal+. Dans leur dossier de candidature, ces deux chaînes n´avaient pas d´ambition de créer des émissions d´information ou d´avoir un Journal télévisé à grande écoute. M6 (métropole 6) a été conçue comme chaîne musicale de divertissement alors que Canal+ a été conçue comme chaîne cryptée dédiée au cinéma et à l´humour. L´objectif du gouvernement était surtout de ne pas rajouter d´autres espaces de débat politique aux trois télévisions existantes (TF1, France 2 et Antenne 3) qui donnaient déjà assez de tournis à la classe politique et au gouvernement. Aujourd´hui, certains producteurs algériens qui n´arrivent pas à pénétrer cette sphère de la Télévision nationale, demandent justement au Président d´intervenir pour créer seulement des chaînes de télé de divertissement, car dans ce secteur, il y a de l´argent à prendre et à donner, surtout à l´approche du Ramadhan. [email protected]