Dans la perspective des réformes envisagées, on ne parle ni de changement et encore moins de refondation. Une commission de «consultation» a été instaurée aux fins de recueillir les avis et de trouver un accord de «faisabilité» des réformes des lois (fondamentale, électorale, sur les partis et l´information) comme de déblayer le terrain en vue d´un compromis entre les diverses sensibilités traversant le champ politique national. Quelques jours après les premiers contacts, et sans trancher sur le fond, des doutes sur la méthode employée se font jour. En effet, ces consultations apparaissent à tout le moins superfétatoires et sans réelle incidence sur le devenir des futures lois appelées à gérer les champs socio-politiques du pays, dans la mesure où l´on chercherait, bien sûr, à sortir de l´immobilisme qui caractérise depuis des années l´espace politique national. Dès lors, l´on se demande quel sens on veut donner au débat en cours et si, effectivement, débat il y a. Ce qui ne semble pas être le cas du fait même du procédé avec lequel les consultations sont menées. Aussi, à raison, d´aucuns montrent un certain scepticisme quant au succès de consultations desquelles est absente la jeune génération - capable de faire dépasser les formalismes et autres «quant-à-soi» - une nouvelle fois laissée-pour-compte. Pour dire les choses crûment, ce ne sont pas ceux-là qui ont échoué dans leur mission de guider le pays vers le succès et le développement, qui seraient les plus aptes à le sortir aujourd´hui de l´ornière où il se trouve enfoncé. Ce sont là quelques faits qu´observateurs et analystes n´ont pas manqué de relever comme de relever la faiblesse du calendrier des réformes qui laisse l´examen de la loi fondamentale à la future assemblée populaire, qui sera élue en 2012, alors même que la Loi fondamentale (la Constitution) conditionne l´ensemble du processus de réformes en cours et induit le futur du pays. D´ailleurs, les leaders du Mouvement de la société pour la paix (MSP), M.Soltani, et du Parti des Travailleurs (PT), Mme Hanoune, n´ont pas manqué d´attirer l´attention du président de la commission consultative, M.Bensalah, sur le fait que c´est par la réforme de la Constitution qu´il fallait commencer et cela du fait de la symbolique qui s´attache à une loi appelée à régir la vie de millions d´Algériens. D´où l´étonnement d´aucuns du fait d´en reporter l´examen après 2012, comme ils estiment que, par la procédure engagée, le pouvoir se suffirait de «consulter le pouvoir» (c´est-à-dire de se consulter lui-même) sans élargir le sondage d´opinion à d´autres acteurs politiques qui ne sont ni des partis politiques ni des personnalités en vue, mais qui peuvent avoir leur mot à dire dans un processus combien complexe devant assurer la stabilité, sur le long terme, du pays. Ces insuffisances dans la cohérence autour des consultations politiques peuvent de fait conduire à l´incompréhension, si ce n´est à une nouvelle impasse, dès lors que la transparence requise pour un tel débat ne soit pas de mise. Bien sûr, les consultations n´en sont qu´à leur début. Il n´en reste pas moins que la réforme de l´Etat continuera à poser problème dès lors que les forces vives de cet Etat, celles-là appelées à prendre la relève, ne sont pas associées au débat et conviées à donner leur avis sur la manière de concevoir l´avenir du pays et de son développement. C´est justement l´absence d´une véritable représentation nationale et la non-participation d´un contre-pouvoir à cette consultation, dite nationale, qui font dire que tout cela n´est, au final, qu´un beau rideau de fumée, occultant l´essentiel de la réforme que veulent et qu´exigent les Algériens. Réformer pour réformer ne mène pas loin. D´où la question sur le sens du débat en cours.