Incontestablement, l'Algérie constitue une carte maîtresse dans la nouvelle stratégie du département d'Etat US. Le président des Etats-Unis d'Amérique, George W. Bush, est attendu à Dakar, mardi, pour quelques heures, à l'aéroport international Léopold Sedar Senghor (LSS), première étape de cette visite US en Afrique, deuxième du genre après celle de l'ex-président Bill Clinton. Dans sa première tournée, Bush aura à visiter d'autres pays, anglophones notamment. Le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Botswana et l'Ouganda. Il reste que le Sénégal, en guise de première étape de la visite US, pays francophone par excellence, est tout un symbole, particulièrement dans un contexte de luttes, autour des «derniers bastions africains» de la France dite «paternaliste». Au menu, sept chefs d'Etat seront conviés, selon la presse sénégalaise, un banquet pour «mieux» faire partager la vision US de l'Afrique de demain. Il s'agit, entre autres, des présidents Mamadou Tandja (Niger), Amadou Toumani Touré (Mali), Yaya Jammeh (Gambie), Aristide Preira (Cap Vert), John Kuffuor (Ghana). De l'île de Gorée (3,5 km au large de Dakar), G. W.Bush prononcera, dans la même journée sa «déclaration à l'Afrique». Le président américain reste un ardent partisan de l'African Growth and Opportunity Act (loi américaine sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique) qui a solidement ancré, la présence économique américaine, ces dernières années, en Afrique. Déjà, la presse sénégalaise imprime le rythme. Selon le quotidien Le Matin «La France lâchée», chose qui (la visite de Bush) ne serait guère «isolée de la ligne de conduite du régime actuel (de Abdoulaye Wade). Elle symbolise un redéploiement à petits pas du Sénégal du côté américain au détriment de la France». En effet, le Premier ministre sénégalais, Idrissa Seck déplorait «la qualité» de la coopération entre son pays et la France qui semble manquer de «dynamisme et d'instruments de réaction rapide face à des difficultés particulières survenant subitement». En tout cas, ce repositionnement ne se ferait pas sans difficultés, voire sans guerre féroce. La guerre civile en Côte d'Ivoire est à ce titre illustratif. Même si, côté Sénégal, l'on commence d'une manière soft, l'avenir de ce duel, entre titans, ne se fera pas sans risques pour les populations locales. Le duel n'est point, aujourd'hui, à ce stade même si G. W.Bush semble plus intéressé par les dividendes qu'un tel voyage lui procurera, éventuellement, pour un deuxième mandat. Déjà, la Fidh a appelé, vendredi, les USA, à partir de Dakar, au respect «du droit commun applicable en matière de lutte antiterroriste» pour les prisonniers de Guantanamo. Que sera-t-il de la présence française, graduellement réduite, si ses chasses gardées étaient, à terme, entre les mains des Américains? Inévitablement marginale. Car si pour des pays comme l'Egypte ou l'Afrique du Sud, la présence US semble imperturbable, d'autres pays où le tutorat français ne faisait aucun mystère semblent, sous le poids des données actuelles, réorienter leur vision en fonction des besoins expansionnistes américains. En Algérie, où la présence de l'ex-occupant colonial, était pourtant donnée pour acquise, a largement reculé ces dernières années en termes d'investissements directs, pétroliers notamment. A ce rythme, la France ne pourra pas, certes compter sur sa force de frappe économique. Pour tenter, un tant soit peu de se maintenir en course, il ne reste plus qu'une présence linguistique et culturelle à ne pas négliger.